La réparation pénale, « un véritable outil de prévention de la récidive »
Le service de réparation pénale mené dans le Val-d’Oise avec l’association En droits d’enfance fête ses 25 ans. La réparation pénale est une mesure éducative prononcée à l’égard d’un mineur, auteur d’une infraction pénale.
Éducateurs, associations, élus, forces de l’ordre, responsables d’établissements scolaires, protection judiciaire de la jeunesse (Pjj) : tous étaient réunis au centre Cyrano, vendredi 8 décembre, pour célébrer les 25 ans du Service d’investigation éducative et de réparation pénale (Sirp).
La réparation pénale est une mesure éducative prononcée par un juge des enfants à l’égard d’un mineur, auteur d’une infraction pénale. « La durée est de quatre mois en moyenne », explique Samir Lamouri, le directeur du Sirp. pénale », a lancé l’édile, évoquant sa longue expérience d’instituteur et de directeur d’école.
Face au constat de bagarres incessantes dans la cour de récréation, le directeur avait décidé de lancer « un service de réparation. De toutes petites punitions, humaines, à faire chaque jour. [Une lettre à rédiger] que je ramassais chaque matin... Les gamins adoraient car ils étaient pardonnés immédiatement. Leur angoisse était que la punition soit signée par les parents. Je leur disais : ‘’Écoute, tu as fait une toute petite bêtise, donc je ne te demande pas qu’elle soit signée par tes parents, c’est entre toi et moi. Le jour où tu feras une grosse bêtise, du racket par exemple, là, j’appellerai tes parents’’. La réparation pénale doit s’habiller d’intelligence, de compréhension et d’humanité. Pour qu’elle fonctionne il faut qu’elle se fasse rapidement. Quand un gamin de 14-15 ans fait une bêtise, si on le juge et on le punit deux ans après, ça ne sert à rien ».
Pour la députée et vice-présidente de l’Assemblée nationale Naïma Moutchou (Horizons), « c’est une mesure dont nous avons infiniment besoin car nous sommes le département le plus jeune de France, devant la Seine-Saint-Denis. C’est un enjeu, car au sein du tribunal de Pontoise, un des plus gros d’Île-de-France, on sanctionne beaucoup plus, avec des mesures de répression, de coercition, qu’on ne met en place des mesures éducatives ».
« Remettre l’autorité au coeur »
La parlementaire a loué le travail des personnels et en particulier celui des éducateurs car « ce n’est pas tous les jours facile ». Elle explique avoir saisi la Chancellerie pour essayer d’en avoir davantage dans le Val-d’Oise. Elle a aussi participé à un atelier de réparation pénale à Sannois à la caserne de sapeurs-pompiers. « J’ai parlé de ce que signifie la loi, le respect de l’autorité dans une période où ce n’est pas simple. Il faut remettre l’autorité au coeur ».
« On a pu voir, au gré de nos expériences, depuis 25 ans, à quel point cette mesure a des vrais effets, un vrai impact, a insisté la directrice générale d’En droits d’enfance, Cathy Campos. Elle joue un rôle crucial dans notre système de justice pénale. C’est une opportunité pour rétablir un équilibre et permettre à ces jeunes de se réhabiliter. Ça leur permet de prendre conscience de leurs actes et de leur impact. Elle offre aussi aux victimes, quand c’est possible, d’être reconnues en tant que telles et de dépasser parfois des traumatismes. Cette mesure est un véritable outil de prévention de la récidive, un outil puissant pour la mise en oeuvre d’une justice équilibrée, inclusive et réparatrice ».
Pour Guillaume Poisson, président de l’association, « les faits nous le démontrent, le travail réalisé est pertinent. Il y a un champ qui peut être travaillé pour éviter d’aller vers une pénalisation des réponses. Dans une période où les événements, les drames, sont médiatisés, surmédiatisés, où on s’interroge comment intervenir auprès de la jeunesse délinquante, avec des prisons qui débordent, se pencher sur chaque petite réussite du quotidien, chaque mesure avec un jeune qui permet d’aboutir à un retour dans du lien social, familial, c’est ça qui donne la véritable énergie de garder confiance en ce qu’on fait ».