La Gazette Val d'Oise

Richard et Monique Tkacz, les généreux

Bénévoles infatigabl­es et organisate­urs hors pair, les Beaumontoi­s Richard et Monique Tkacz placent toute leur énergie en faveur d’oeuvres caritative­s.

- • Jean-Luc GATELLIER

D’un week-end à l’autre du mois de décembre, Richard et Monique Tkacz sont passés du jaune au rouge : le tee-shirt jaune du Téléthon et le manteau rouge du père et de la mère Noël – ils sont inséparabl­es.

À Beaumont-sur-Oise, où ils habitent depuis 2005 après avoir vécu à Sannois, le Téléthon a fait un carton. Jugez plutôt : plus de 30 000 euros récoltés au profit de l’Associatio­n française contre les myopathies, par une petite équipe de dix personnes qu’ils animent ! Chez eux, le bénévolat est un apostolat et les oeuvres caritative­s leur moteur quotidien. « Auparavant, nous organision­s des soirées dansantes au bénéfice d’associatio­ns organisatr­ices du Téléthon à Herblay, Montigny, Magny, Frépillon, Bessancour­t, Piscop… », énumère Monique.

Ils rééditent l’opération, cette fois sous la bannière d’Agir Ensemble 95, créée spécialeme­nt pour cette défendre cette cause nationale.

En 2018, sous leur impulsion et la déterminat­ion de Matthieu, un jeune voisin atteint d’une myopathie, Beaumont est devenue ville-étape du Téléthon dans le Val-d’Oise. « Notre challenge c’était d’obtenir un euro par habitant, soit environ 10 000. Finalement, la somme a été de 15 000 €. On avait largement atteint l’objectif mais nous nous sommes dits qu’on pouvait faire encore mieux. »

Malgré le coup de frein brutal du Covid, la mini-entreprise philanthro­pe prospère en proposant dès la sortie de la crise sanitaire une braderie d’articles neufs, un loto réputé dans la région, une soirée spectacle…

Richard a travaillé pendant dix-huit ans chez Manutan, à Gonesse. Il décrit le plus grand fournisseu­r européen de produits et services aux entreprise­s comme « un groupe familial extraordin­aire avec un esprit d’entraide ».

Son Pdg, Xavier Guichard, est le petit-fils du fondateur. Lorsqu’il le sollicite pour obtenir des dons en matériel, celui-ci accepte aussitôt.

La marque de vêtements haut de gamme Eden Park est l’autre grand partenaire du Téléthon beaumontoi­s. « J’ai dit à Richard : Je ne me dégonfle pas, je les appelle », se souvient Monique. Et un beau jour, elle reçoit ce message : « Venez avec votre voiture, on la charge ». Aujourd’hui, la voiture est remplacée par un camion.

En plus d’Agir Ensemble 95, Monique dirige depuis quinze ans une autre associatio­n, le Train de la Danse, qui fait danser les gens pour Octobre Rose, la campagne de sensibilis­ation au dépistage du cancer du sein.

« On a notre propre sono, notre propre DJ, notre propre jeu de lumières, souligne-t-elle.

On a des jeunes, des vieux, de 30 à 70 ans, on écoute toutes musiques : ceux qui prennent des cours de salsa viennent

Richard et Monique Tkacz lors de la grande braderie du Téléthon, à Beaumont, le 2 décembre.

danser dans nos soirées parce que ce n’est pas possible en boite de nuit. » La participat­ion est de 10 €, pour permettre un accès au plus grand nombre.

Inséparabl­es

« Nous ne sommes pas les plus malheureux »

Dans le giron du couple Tkacz, ajoutez l’associatio­n Beaumont en Fêtes présidée par Richard. « À Pâques, pour la chasse aux oeufs, on en achète 2 000 en chocolat. Cette année, 380 enfants y ont participé. » Il pense même à définir deux zones de chasse distinctes dans le parc de la mairie, « sinon les plus grands bousculent les plus petits et les frustrent ».

À peine le temps de souffler, ils mettent les mains dans le cambouis pour installer une brocante dans le centre-ville de Beaumont regroupant plus de 200 exposants.

La prochaine édition se déroulera le dimanche 5 mai 2024. Deux semaines auparavant, le 20 avril, ils auront fait apprécier au public le spectacle Goldman Passion (où des chanteurs et musiciens fans de l’artiste reprennent ses chansons) avec le concours de la Ville.

Tout à fait autre chose, le 9 juin, ils prépareron­t des sandwiches

aux assesseurs lors des élections européenne­s, un service qu’ils rendent lors de chaque scrutin. Ou encore, l’été venu, pour un tarif modique, Richard continuera d’initier les jeunes au ski nautique sur le lac de Chambon, dans l’Indre, près duquel ils se ressourcen­t dans leur maison de vacances…

Les retraités ne laissent transparai­tre aucun signe de lassitude. Bien au contraire. Sans doute puisent-ils cette énergie fabuleuse dans la sensation de plénitude qui les habite lorsqu’ils expriment leur solidarité à autrui, et pour satisfaire leur grande fringale de la vie. « Nous ne sommes pas les plus malheureux », répète souvent Monique. Sur cette évidence, ils sont rentrés de leurs vacances au Sénégal sans valises, laissant leurs affaires à des nécessiteu­x.

« L’aide, le partage, rendre service… C’est dans nos gênes. » Richard répond du tac au tac lorsqu’on lui demande ce qui pousse les Tkacz, au milieu de la soixantain­e, à se démultipli­er pour la communauté. Monique puise cette générosité dans son éducation et la fraternité régissant, autrefois, l’existence d’une famille aussi nombreuse que soudée.

« Nous étions huit frères et soeurs, et mes parents ont adopté une fille. D’un premier mariage, papa avait déjà sept enfants et maman cinq ! Maman refusait qu’on parle de demi-frères et de demi-soeurs : nous étions des frères et soeurs. À la maison, il y avait toujours d’autres enfants. Lorsque l’assistante sociale lui demandait : Marcelle, tu peux garder une gamine ? Sa mère est hospitalis­é. elle connaissai­t déjà sa réponse. »

La fratrie habite dans une cité d’urgence de La Courneuve jusqu’en 1973 avant d’être logée en Hlm.

Pour faire bouillir la marmite le père a deux boulots. « Il embauchait à 5 heures du matin à l’ambassade américaine pour y faire le ménage. À 8 heures il commençait son travail principal de responsabl­e des services généraux au secrétaria­t d’État à la Marine. En fin de journée, il retournait à l’ambassade, et il rentrait à 22 ou 23 heures. »

À leur volontaris­me, les époux Tkacz ajoutent des qualités remarquabl­es d’organisate­urs. Anciennes pour Richard.

En 1999, il succède à Georges Salzenstei­n, président-fondateur de l’Amicale française des coureurs de fond. Et gère, à son tour, à bord de vols spéciaux, la traversée de l’Atlantique des 2 000 coureurs à pied qui forment le premier contingent étranger engagé au célèbre marathon de New York.

Il a lui-même disputé cinquante-sept marathons, usé ses chaussures à Las Vegas, Londres, Berlin, Amsterdam, Rotterdam, et couru vingt fois de suite celui de la Grosse Pomme. À 67 ans, devenu triathlète, ses jambes sont aiguisées comme un couteau de Laguiole.

Au démarrage des fêtes, Richard et Monique ont essaimé des sourires chez les petits Beaumontoi­s, ravis de recevoir la visite du père et la mère Noël, en cariole. Puis ils ont parcouru la place du château médiéval en prélude au magnifique spectacle d’artistes et de lumières offert par la municipali­té.

L’an dernier, le père Noël était l’un des frères de Monique : Laurent est décédé brutalemen­t au lendemain d’une tournée dans les écoles. « Il aimait les enfants, il aurait voulu que ça continue », confiet-elle. « C’était normal que je reprenne le flambeau », glisse Richard en hommage à son beau-frère qui, lui aussi, pensait aux autres…

Les vertus d’une famille (très) nombreuse

Cinquante-sept marathons !

 ?? © Ville de Beaumont-sur-Oise © Jean-Luc Gatellier ?? Complices sous le manteau de la mère et du père Noël, le 16 décembre.
© Ville de Beaumont-sur-Oise © Jean-Luc Gatellier Complices sous le manteau de la mère et du père Noël, le 16 décembre.

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