La graphothérapie, réapprendre à écrire de la bonne façon
Perrine Lukic est graphothérapeute. Cette profession méconnue permet aux plus jeunes d’apprendre le bon geste de l’écriture, avec une part de psychologie.
« Voilà, là c’est le bon geste ». La graphothérapie est une discipline du graphisme et de l’écriture. Il s’agit d’une rééducation du geste de l’écriture, pour qu’elle soit lisible, soignée et plaisante à regarder, tout en étant dans le bon rythme. Chaque année, Perrine Lukic accueille des dizaines d’enfants et d’ados dont le geste avec un stylo n’est pas bon.
Rééduquer le geste
« C’est tout simplement une rééducation de l’écriture », indique Perrine Lukic, graphothérapeute à Deuil-laBarre. Jeudi 21 décembre, elle accueillait Enzo, 13 ans, dans son cabinet. À la veille des vacances scolaires, elle s’attelle à continuer le travail mené avec le collégien depuis plus de deux mois.
« Toutes les séances commencent de la même façon. On va au tableau, et Enzo doit aller d’un bout à l’autre avec le marqueur en faisant des boucles. C’est un exercice simple, mais qui permet de bien travailler », indique Perrine Lukic.
La graphothérapie d’adresse aux enfants, scolarisés à l’école primaire et au collège, en plein apprentissage ou perfectionnement de l’écriture et de sa technique. Le but : écrire dans le tempo dicté par les professeurs, être lisible et prendre la bonne technique. « On leur apprend à écrire en attaché, à faire les barres du T à la fin du mot, à bien respecter les lignes... », souligne la graphothérapeute.
Avant 2020, les cabinets de graphothérapie étaient surtout fréquentés par les enfants à haut potentiel intellectuel (Hpi).
Depuis le Covid, une explosion
« Je dirais que huit patients sur dix étaient dans ce cas-là, précise Perrine Lukic. Pour la plupart d’entre eux, le cerveau allait plus vite que la main, il faut leur apprendre à écrire dans le bon rythme. »
À partir de la période Covid, les enfants qui ont commencé l’apprentissage de l’écriture (majoritairement des élèves de Cp ou de Ce1, Ndlr) ont commencé à se rendre chez des graphothérapeutes. « Ils n’ont pas assez écrit avec les différents confinements. Certains parents n’avaient pas la capacité de leur faire les cours à la maison, et ils ont accumulé du retard »,
déplore Perrine Lukic.
Avec plusieurs types d’exercices et de jeux ludiques, les spécialistes font travailler les enfants, pour améliorer leur approche de l’écriture. Un domaine intimement lié aux émotions des enfants, entre stress et envie de trop bien faire.