La Gazette Val d'Oise

Louis Bossut, un trompe-la-mort tombé au Chemin des Dames

- • F.C.

L’inscriptio­n a disparu du portail de l’ancien « Quartier Bossut » dont le nom est désormais porté par le nouvel ensemble immobilier qui a remplacé la caserne. Louis Bossut n’a jamais mis les pieds à Pontoise et pourtant il est inscrit à jamais dans l’histoire de cette commune. Cet officier a marqué son passage dans l’armée. Le chef d’escadrons Bossut est l’un des premiers commandant­s de l’Arme blindée cavalerie. Il est mort avant que le plateau Saint-Martin n’ait encore accueilli de soldats.

Cavalier à pied

Sa vue lui faisait défaut, mais n’occultait en rien son regard visionnair­e. Il n’avait pu entrer à l’école navale en raison du monocle qu’il portait. C’est donc dans la cavalerie qu’il trouva son arme, à une époque où les chevaux allaient laisser place aux chars. Il avait d’abord été un sous-officier, puis s’est rengagé en passant par l’école de Saumur, devenant officier. Il a servi au 19e régiment de Chasseurs, puis les 22e, 14e, 3e Dragons, avant de finir au 1er Dragons.

« Allure distinguée, hardi et vigoureux cavalier, esprit original, doué d’une vive intelligen­ce, d’une nature sensible, ardente, généreuse et enjouée. Bossut s’affirme comme le type prédestiné de l’officier de cavalerie accompli », relève-t-on dans son état de service.

Sa vaillance, c’est à pied qu’il la démontrera. En 1914, la guerre de mouvement a laissé place à celle de position. Les cavaliers descendron­t dans les tranchées. Le 15 novembre, alors capitaine, il est cité à l’ordre de l’armée. « ...ayant un maréchal des logis blessé au cours d’une reconnaiss­ance, est allé lui-même, avec un cavalier, chercher, jusque dans les rangs ennemis, le corps de son sous-officier... ».

Sa bravoure est saluée par ses supérieurs. Ils lui confieront le commandeme­nt du premier groupe d’artillerie d’assaut (l’origine des unités blindées) constitué de 80 chars et de cinq cents soldats, employés pour la première fois lors de l’offensive du Chemin des Dames, le 16 avril 1917, à Berry-au-Bac (Aisne).

Berry-au-Bac

L’affaire sera un échec. « Malgré tout ce que j’ai pu faire, nous attaquons dans de très mauvaises conditions, peu d’entre nous reviendron­t demain, mais nos sacrifices ne seront pas inutiles », confiera-t-il avant la bataille. Il est en tête, dans son blindé appelé Trompe-la-Mort. Mais il préfère la progressio­n à pied. « Il va de char en char, attentif à tous les incidents, avec un cran, une simplicité qui soulèvent l’admiration de ses équipages », raconte Frédéric Levéziel, dans la Revue historique des armées.

Au moment de l’engagement, un obus de barrage explose à l’intérieur du char. Bossut, qui se trouvait à l’arrière contre les portes « parce qu’il les entrouvrai­t pour surveiller la progressio­n de ses groupes », est projeté à l’extérieur par le souffle de l’explosion. Il est mort au bois des Vestales, à Juvincourt, la veille de ses 44 ans. C’est son frère, Pierre, adjudant, qui a ramené son corps. Enterré le 18 avril au cimetière de Maizy, il sera plus tard inhumé dans le caveau de famille, à Roubaix (Nord), sa ville natale. Le 12 avril 1992, ses restes ont été placés au monument de chars de Berry-au-Bac.

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Le deuxième bâtiment à l’entrée de l’ancienne caserne militaire a été rétrocédé à la commune de Pontoise.
Le chef d’escadrons Bossut, en tenue du 1er Dragons.
D.R Marcouvill­e. Le deuxième bâtiment à l’entrée de l’ancienne caserne militaire a été rétrocédé à la commune de Pontoise. Le chef d’escadrons Bossut, en tenue du 1er Dragons.

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