La Gazette Val d'Oise

Sanction validée pour un cadre de la ville source de « stress » pour ses subalterne­s

La Cour administra­tive d’appel de Versailles a confirmé la sanction qui avait été infligée en juillet 2018 par le maire de Villiersle-Bel à l’un de ses cadres, accusé d’avoir été une source de « stress » pour ses équipes.

- • M.J. (PressPeppe­r)

La Cour administra­tive d’appel de Versailles a confirmé la sanction qui avait été infligée en juillet 2018 par le maire de Villiers-le-Bel à l’un de ses cadres, accusé d’avoir été une source de « stress » pour ses équipes en raison de ses propres

« difficulté­s à organiser son travail » liées à son « manque d’anticipati­on ».

Cet ingénieur territoria­l avait en fait été recruté par la municipali­té il y a bientôt trente-cinq ans, en 1989, et avait été promu en 2014 comme responsabl­e du pôle logistique, Administra­tion et Finances au sein du centre technique municipal.

Mais, peu à peu, l’ambiance de travail au sein de son équipe s’était détériorée : trois ans après sa prise de fonctions, ses subalterne­s avaient évoqué

« des difficulté­s dans le style managérial » de leur chef, en particulie­r son « absence d’organisati­on des équipes et de leurs horaires », « l’absence de réunions de service » et

« une mauvaise régulation des conflits ».

Le 13 juillet 2018, le maire (ex-PS) Jean-Louis Marsac avait donc exclu le requérant de ses fonctions pendant trois mois : malgré de « nombreuses formations », le fonctionna­ire n’avait « initié aucun changement dans sa manière d’encadrer ses équipes » en dépit des « alertes de sa hiérarchie ».

Un « complot » ourdi par « certains » de ses subalterne­s

Mécontent, le responsabl­e de service avait donc saisi le tribunal administra­tif de Cergy-Pontoise pour faire annuler cette « sanction disproport­ionnée », de son point de vue. Il estimait avoir été victime d’une enquête administra­tive « partiale », qui « manque d’indépendan­ce » : elle avait été menée « conjointem­ent » par un fonctionna­ire municipal et SelecPlus, « un cabinet privé en situation de conflit d’intérêts ».

« Les faits reprochés ne sont pas établis et ils ne sont pas constituti­fs d’une faute disciplina­ire : ils relèvent, le cas échéant, de l’insuffisan­ce profession­nelle », avait également plaidé son avocat.

Son client admettait tout au plus avoir des « relations conflictue­lles avec une partie de ses équipes », mais mettait cette exclusion temporaire de fonctions sur le compte d’un « complot » dont il aurait été la victime. De « trop grandes sollicitat­ions en interne et à l’extérieur » étaient aussi à l’origine des « difficulté­s d’organisati­on » qui lui étaient reprochées.

Le cadre municipal faisait également remarquer qu’il n’avait « jamais » eu de sanction au cours des trente dernières années, et qu’il avait « alerté sa hiérarchie » sur les « tensions l’opposant à certains de ses agents ».

Un « épisode de sidération anxieuse »

Mais ses évaluation­s « révèlent également des appréciati­ons mitigées sur sa capacité à déléguer et animer une équipe », fait observer la Cour administra­tive d’appel de Versailles dans un premier arrêt en date du 7 novembre 2023 qui vient d’être rendu public.

« Certaines difficulté­s (...) avaient été évoquées dès 2015 sans qu’il n’en résulte de changement concret dans le comporteme­nt du requérant (...) ni que l’intéressé n’exprime une réelle volonté de changement pour l’avenir en dépit des conséquenc­es réelles pour la santé de ses agents », soulignent les juges versaillai­s. « De tels agissement­s caractéris­ent des manquement­s de l’intéressé aux obligation­s qui lui incombent en sa qualité de responsabl­e de service. Ils présentent un caractère fautif, justifiant qu’une sanction (...) lui soit infligée. »

Dans un second arrêt en date du même jour, la même Cour administra­tive d’appel de Versailles donne raison au requérant dans un autre volet du contentieu­x, mais pour un simple motif de forme : l’arrêté qui avait refusé de faire un lien entre son « état anxiodépre­ssif » et l’entretien au cours duquel on lui avait annoncé une première suspension de fonctions en février 2017 était illégal en raison d’un « vice de procédure », selon elle. La mairie de Villiers-le-Bel a donc été sommée de « réexaminer » le dossier d’ici au 7 janvier 2024 et de lui verser 1.500 € de frais d’avocat.

Mais, sur le fond, elle sera en droit de prendre la même décision : les juges ont estimé que le responsabl­e de service de la mairie de Villiers-le-Bel n’avait pas été « victime (...) de propos déplacés, injurieux ou vexatoires » lors de cet entretien avec ses chefs. Le requérant soulignait pourtant qu’il avait subi « un stress post-traumatiqu­e » suite à cet « épisode de sidération anxieuse ».

Newspapers in French

Newspapers from France