Centre départemental de supervision : « Qu’il soit le Csu de ceux qui n’en ont pas »
Le Département a lancé l’un des premiers Centres départementaux de supervision de France. Objectif : renforcer la sécurité des Valdoisiens, mais également offrir aux petites communes la possibilité de profiter de ce dispositif.
Sur le mur d’écrans, deux individus sont repérés en train de s’affairer sur une voiture stationnée devant un collège d’Argenteuil. La caméra zoome sur le duo qui tente d’ouvrir la portière à l’aide d’une tige métallique. Une tentative de vol filmée en direct ? « C’est ce qu’on a craint dans un premier temps, alors on a fait appel à la police. Mais après vérification, il s’est avéré qu’il s’agissait du propriétaire du véhicule qui avait laissé ses clefs à l’intérieur et tentait de l’ouvrir », explique Johan, qui fait partie des sept agents du tout nouveau Centre départemental de supervision urbain (Cdsu) du Val-d’Oise, l’un des premiers en France.
Opérationnel depuis juillet 2023 et inauguré fin novembre, ses 105 caméras ont été déployées pour surveiller les abords et les entrées des 35 collèges prioritaires et 23 sites départementaux (services sociaux, Pmi, bâtiments administratifs…). « En 2024, plus de 300 caméras seront présentes aux abords des 112 collèges du Val-d’Oise et des 79 sites départementaux », précise le Département.
« Mutualiser les informations »
Sept jours sur sept et 24 heures sur 24, les agents scrutent les 27 écrans du dispositif. « Il faut être très vigilant, très attentif et avoir l’oeil », souligne Johan. « Si nous sommes témoins d’un mouvement suspect, nous procédons à une levée de doute. En cas de bagarre, de tentative de vol d’un véhicule ou d’intrusion dans un édifice, nous avertissons immédiatement les forces de l’ordre », poursuit l’agent de 31 ans.
L’objectif du Centre est d’optimiser la lutte contre la délinquance en tout genre (cambriolages, vols, agressions, mais aussi dépôts sauvages) en assurant le raccordement et le visionnage de manière centralisée en un même lieu sécurisé de l’ensemble des caméras du Département. « L’idée est de mutualiser les informations », indique Rachid Adda, directeur général du syndicat mixte Vald’Oise numérique, mais aussi que ce « Cdsu soit celui de ceux qui n’en ont pas ». « Ce projet permet aux villes et villages ruraux d’avoir accès à un dispositif de vidéoprotection performant, réactif et en continu qu’ils ne pourraient pas développer seuls », ajoute Marie-Christine Cavecchi, présidente (Lr) du Conseil départemental du Val-d’Oise.
Depuis le 1er janvier, les caméras de vidéosurveillance de vingt communes et intercommunalités partenaires sont ainsi raccordées au Cdsu. Parmi celles-ci, la Communauté de communes Sausseron Impressionnistes, la communauté d’agglomération Roissy Pays de France, la Communauté de communes Vallée de l’Oise et des Trois Forêts ou encore des bailleurs sociaux franciliens.
Pour y adhérer, les intercommunalités devront payer 500 euros par an et par caméra exploitée : « C’est cinq fois moins cher que de créer son propre centre de surveillance », assure Rachid Adda. « Les intercommunalités et les communes pourront s’abonner à des services à la carte. Toutes les modalités seront à préciser dans une convention avec chacune des collectivités souhaitant l’utiliser », détaille Marie-Christine
Cavecchi. « C’est un superbe outil d’équité territoriale car il offre à des villages et territoires ruraux une surveillance efficace à un coût marginal », se félicite le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court. « C’est aussi un dispositif nécessaire pour le continuum de la sécurité. La vidéosurveillance permet d’être au bon endroit au bon moment, mais aussi l’établissement de preuves nécessaires par l’image pour le travail d’investigation, une chose importante dans le cadre des enquêtes. » Les images, stockées dans le data center public régional de Lognes (Seine-et-Marne), pourront ensuite en effet être visionnées a posteriori sur réquisition du procureur lors d’une enquête judiciaire.
Dimensionné pour réceptionner 2 000 caméras, le Cdsu disposera « de technologies innovantes qui sont testées actuellement pour optimiser la surveillance », précise MarieChristine Cavecchi. Pour aider les agents dans leurs missions de surveillance, des logiciels d’intelligence artificielle (IA) viendront les assister dans leurs tâches. Ils permettront ainsi de repérer plus rapidement un véhicule, un individu grâce à une description donnée ou bien encore d’alerter d’un rassemblement inhabituel de personnes. « Nous allons bientôt présenter des scénarii à la Commission nationale informatique et liberté », indique Rachid Adda avant d’assurer qu’il « ne s’agit en aucun cas de cibler un type de personne en particulier. Pour rechercher précisément une personne, il faut que nous ayons une réquisition d’un juge ». Mais ce n’est pas tout, l’idée étant de remonter toutes les données anormales à l’aide de capteurs installés dans les bâtiments. Une alarme se déclenchera ainsi en cas de bruits suspects, d’un taux de Co2 préoccupant... « Doté de solutions innovantes qui facilitent le travail des opérateurs, le Centre départemental de supervision du Val-d’Oise permet également d’optimiser la relecture d’images grâce à un outil intelligent novateur, de lutter contre les dépôts sauvages, ou de renforcer la sécurité des collèges grâce à la mise en place de boutons d’urgence », souligne le Département. De quoi assurer la sécurité des élèves, mais aussi des enseignants et du personnel administratif. « C’est notre priorité », conclut Marie-Christine Cavecchi.
Vingt communes et intercommunalités partenaires
Intelligence artificielle