La Gazette Val d'Oise

Centre départemen­tal de supervisio­n : « Qu’il soit le Csu de ceux qui n’en ont pas »

Le Départemen­t a lancé l’un des premiers Centres départemen­taux de supervisio­n de France. Objectif : renforcer la sécurité des Valdoisien­s, mais également offrir aux petites communes la possibilit­é de profiter de ce dispositif.

- • Thomas HOFFMANN

Sur le mur d’écrans, deux individus sont repérés en train de s’affairer sur une voiture stationnée devant un collège d’Argenteuil. La caméra zoome sur le duo qui tente d’ouvrir la portière à l’aide d’une tige métallique. Une tentative de vol filmée en direct ? « C’est ce qu’on a craint dans un premier temps, alors on a fait appel à la police. Mais après vérificati­on, il s’est avéré qu’il s’agissait du propriétai­re du véhicule qui avait laissé ses clefs à l’intérieur et tentait de l’ouvrir », explique Johan, qui fait partie des sept agents du tout nouveau Centre départemen­tal de supervisio­n urbain (Cdsu) du Val-d’Oise, l’un des premiers en France.

Opérationn­el depuis juillet 2023 et inauguré fin novembre, ses 105 caméras ont été déployées pour surveiller les abords et les entrées des 35 collèges prioritair­es et 23 sites départemen­taux (services sociaux, Pmi, bâtiments administra­tifs…). « En 2024, plus de 300 caméras seront présentes aux abords des 112 collèges du Val-d’Oise et des 79 sites départemen­taux », précise le Départemen­t.

« Mutualiser les informatio­ns »

Sept jours sur sept et 24 heures sur 24, les agents scrutent les 27 écrans du dispositif. « Il faut être très vigilant, très attentif et avoir l’oeil », souligne Johan. « Si nous sommes témoins d’un mouvement suspect, nous procédons à une levée de doute. En cas de bagarre, de tentative de vol d’un véhicule ou d’intrusion dans un édifice, nous avertisson­s immédiatem­ent les forces de l’ordre », poursuit l’agent de 31 ans.

L’objectif du Centre est d’optimiser la lutte contre la délinquanc­e en tout genre (cambriolag­es, vols, agressions, mais aussi dépôts sauvages) en assurant le raccordeme­nt et le visionnage de manière centralisé­e en un même lieu sécurisé de l’ensemble des caméras du Départemen­t. « L’idée est de mutualiser les informatio­ns », indique Rachid Adda, directeur général du syndicat mixte Vald’Oise numérique, mais aussi que ce « Cdsu soit celui de ceux qui n’en ont pas ». « Ce projet permet aux villes et villages ruraux d’avoir accès à un dispositif de vidéoprote­ction performant, réactif et en continu qu’ils ne pourraient pas développer seuls », ajoute Marie-Christine Cavecchi, présidente (Lr) du Conseil départemen­tal du Val-d’Oise.

Depuis le 1er janvier, les caméras de vidéosurve­illance de vingt communes et intercommu­nalités partenaire­s sont ainsi raccordées au Cdsu. Parmi celles-ci, la Communauté de communes Sausseron Impression­nistes, la communauté d’agglomérat­ion Roissy Pays de France, la Communauté de communes Vallée de l’Oise et des Trois Forêts ou encore des bailleurs sociaux francilien­s.

Pour y adhérer, les intercommu­nalités devront payer 500 euros par an et par caméra exploitée : « C’est cinq fois moins cher que de créer son propre centre de surveillan­ce », assure Rachid Adda. « Les intercommu­nalités et les communes pourront s’abonner à des services à la carte. Toutes les modalités seront à préciser dans une convention avec chacune des collectivi­tés souhaitant l’utiliser », détaille Marie-Christine

Cavecchi. « C’est un superbe outil d’équité territoria­le car il offre à des villages et territoire­s ruraux une surveillan­ce efficace à un coût marginal », se félicite le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court. « C’est aussi un dispositif nécessaire pour le continuum de la sécurité. La vidéosurve­illance permet d’être au bon endroit au bon moment, mais aussi l’établissem­ent de preuves nécessaire­s par l’image pour le travail d’investigat­ion, une chose importante dans le cadre des enquêtes. » Les images, stockées dans le data center public régional de Lognes (Seine-et-Marne), pourront ensuite en effet être visionnées a posteriori sur réquisitio­n du procureur lors d’une enquête judiciaire.

Dimensionn­é pour réceptionn­er 2 000 caméras, le Cdsu disposera « de technologi­es innovantes qui sont testées actuelleme­nt pour optimiser la surveillan­ce », précise MarieChris­tine Cavecchi. Pour aider les agents dans leurs missions de surveillan­ce, des logiciels d’intelligen­ce artificiel­le (IA) viendront les assister dans leurs tâches. Ils permettron­t ainsi de repérer plus rapidement un véhicule, un individu grâce à une descriptio­n donnée ou bien encore d’alerter d’un rassemblem­ent inhabituel de personnes. « Nous allons bientôt présenter des scénarii à la Commission nationale informatiq­ue et liberté », indique Rachid Adda avant d’assurer qu’il « ne s’agit en aucun cas de cibler un type de personne en particulie­r. Pour rechercher précisémen­t une personne, il faut que nous ayons une réquisitio­n d’un juge ». Mais ce n’est pas tout, l’idée étant de remonter toutes les données anormales à l’aide de capteurs installés dans les bâtiments. Une alarme se déclencher­a ainsi en cas de bruits suspects, d’un taux de Co2 préoccupan­t... « Doté de solutions innovantes qui facilitent le travail des opérateurs, le Centre départemen­tal de supervisio­n du Val-d’Oise permet également d’optimiser la relecture d’images grâce à un outil intelligen­t novateur, de lutter contre les dépôts sauvages, ou de renforcer la sécurité des collèges grâce à la mise en place de boutons d’urgence », souligne le Départemen­t. De quoi assurer la sécurité des élèves, mais aussi des enseignant­s et du personnel administra­tif. « C’est notre priorité », conclut Marie-Christine Cavecchi.

Vingt communes et intercommu­nalités partenaire­s

Intelligen­ce artificiel­le

Newspapers in French

Newspapers from France