La Gazette Val d'Oise

« Franc-parler », de Florence Portelli, un premier livre pour secouer la droite

- • D.C. • Daniel CHOLLET

Un arrêt rendu le 16 janvier par la cour d’appel de Versailles confirme la condamnati­on pour « injure publique », prononcée en première instance contre Véronique Carré devant le tribunal correction­nel, le 10 janvier 2023.

« Vous êtes la honte du genre humain »

L’adjointe au maire de Taverny est condamnée à payer la somme de 500 euros chacun à Catherine Thoreau, Bilinda Meziani, Sébastien Davignon et Cédric Leroux, élus du groupe d’opposition Changeons d’ère à Taverny. Cette condamnati­on ne sera pas inscrite à son casier judiciaire. Elle fait suite à un conseil municipal du 23 juin 2022, au cours duquel Véronique Carré, pendant un débat agité autour de la gestion de la crise Covid, avait lancé aux élus du groupe d’opposition (Dvg) : « Vous êtes la honte du genre humain messieurs dames ». L’élue avait reconnu ce soir-là qu’il s’agissait d’une « insulte », justifiée, selon elle, parce que les élus de l’opposition avaient « insulté les médecins » le jour de l’inaugurati­on du pôle médical de Taverny. « Faux, on n’a insulté personne », avait rectifié Catherine Thoreau.

« Propos outrageant­s aucunement justifiés »

L’avocat de Véronique Carré avait soutenu que le propos s’inscrivait dans un contexte de « polémique politique »

répondant à la « provocatio­n d’un élu de l’opposition »,

mais la cour d’appel a estimé que « la liberté d’expression ne saurait autoriser de tels propos », qui sont, selon elle, « outrageant­s » et « portant manifestem­ent atteinte à la réputation et à la dignité des personnes ». Des propos, ajoutent les magistrats, qui n’étaient « aucunement justifiés, excessifs et sans commune mesure avec ceux des interlocut­eurs ».

Le tribunal correction­nel de Pontoise avait déjà condamné Véronique Carré à une amende de 1 000 euros avec sursis. Quatre des cinq élus d’opposition du groupe d’opposition avaient été reconnus victimes et devant recevoir chacun un euro symbolique.

La maire (Lr) de Taverny et vice-présidente de la Région Île-de-France fustige les erreurs de la droite et lance ses idées pour réformer le pays. Avec son « franc-parler » habituel.

« La politique peut-elle se passer d’idées ? » Dans son livre « Franc-parler », paru le 18 janvier aux éditions du Cerf, Florence Portelli, maire (Les Républicai­ns) de Taverny et vice-présidente de la Région Îlede-France chargée de la Culture, du Patrimoine et de la Création, s’interroge sur le « vide sidéral où se trouve plongée la pensée politique en France », qui « rend toute une génération, en quête d’idéal et de sens, en colère ». Comprenez la sienne. Elle commence par balayer devant la porte de son parti, en détaillant « les sept péchés capitaux de la droite », elle qui a rejoint le RPR lorsqu’elle avait 18 ans, venue à la politique par passion pour Philippe Séguin, apôtre d’une droite gaulliste et sociale.

« La culture sauvera le monde »

Parmi ses critiques, le ralliement du camp de « l’homme qui a dit non », le général de Gaulle, à « l’Europe de Maastricht, un vaste marché ouvert à tous les vents [qui a] cessé d’être une protection politique et sécuritair­e », « l’abandon à la gauche des thématique­s fondamenta­les comme la culture, l’éducation ou l’écologie », « cynisme » référendum sur la constituti­on européenne de 2005.

Elle consacre un chapitre à l’école et sur « l’effondreme­nt de notre système éducatif ».

Florence Portelli ne croit pas à l’égalitaris­me forcé par le collège unique ou au nivellemen­t par le bas avec un bac « quasiment offert aux lycéens » mais à « l’exigence ». Elle souhaite aussi « encourager les passerelle­s entre le monde du travail et l’école » en développan­t l’apprentiss­age notamment. Il faut aussi à ses yeux favoriser la mixité sociale, remettre le maire au coeur du système scolaire, augmenter le nombre d’Aesh (accompagna­nts d’élèves en situation de handicap) pour une école « plus inclusive ».

Fruit de son expérience menée à Taverny, Florence Portelli prône la généralisa­tion de l’enseigneme­nt musical à l’école. Mais l’État doit « prendre sa part » en finançant écoles de musique ou conservato­ires dans chaque canton. « La culture sauvera le monde. En 2027, de l’avenir de l’école dépendra l’avenir de notre République, une et indivisibl­e ».

Un chapitre est consacré à la

« beauté », un thème récurrent dans sa politique municipale. L’élue suggère que des spécialist­es du patrimoine, mais aussi des philosophe­s, des historiens, des paysagiste­s, soient associés aux concours d’architecte. Paraphrasa­nt André Malraux, elle estime que « le XXIe siècle sera esthétique ou ne sera pas ».

Tout un chapitre est consacré à l’écologie, « quelque chose de trop sérieux pour être laissé aux seuls écologiste­s ». L’élue juge ainsi la loi Zéro artificial­isation nette (Zan),

« pur produit d’une idéologie technocrat­ique ». Si elle vise

« à diminuer le grignotage des espaces naturels par la ville afin de protéger la biodiversi­té », elle est « dans les faits un frein à la dynamique économique et au logement dont la pénurie est dénoncée en France. En réduisant les surfaces disponible­s pour construire, on augmente la spéculatio­n foncière » et cela contribue à « densifier encore plus des zones urbaines déjà denses ».

« Révolte de maire et de mère »

Florence Portelli conclut par le voeu d’une nation « plus fraternell­e ». La société, selon elle, est marquée par la crise Covid. La maire de Taverny dénonce le traitement qui a été imposé aux enfants : de la fermeture des écoles aux tests nasopharyn­gés traumatisa­nts. « Nous avons, dans ma commune, refusé de céder à l’absurde tout en respectant la prévention sanitaire et mis en place des tests salivaires au son d’une musique apaisante. Les obsèques bâclées et la gestion même des cadavres nous a ramenés aux temps les plus sombres de notre humanité. Notre société du zapping a passé cette période de régression sans même se retourner et sans polémiquer ».

De ce temps où « l’entraide » a dominé, l’élue tire la nécessité de créer un revenu universel « d’utilité sociale ». Presque un discours-programmat­ique pour un futur candidat à l’Élysée, ou une future candidate, pour celle qui a aspiré il y a quelques années à diriger son parti.

■ Franc-parler, prix public 20€, éditions Cerf. Livre disponible à l’espace Pierre-Lecut, à Ermont (2, rue de Stalingrad), où Florence Portelli sera en dédicace samedi 27 janvier de 10h à 12h45 et de 14h15 à 18h.

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