Alain Dupeyrat, l’amour de la locale
Son nom de famille fleure bon le Sud-ouest, mais ses racines sont à Montmartre. De cette enfance passée entre la communale de la rue Damrémont et les venelles de la butte, Alain Dupeyrat, 77 ans aux prunes, a conservé sa gouaille de poulbot et une curiosité qui est tout sauf son vilain défaut.
Alain est le plus ancien correspondant de la Gazette du Val-d’Oise. Pensez donc ! Voilà maintenant vingt-trois piges qu’il parcourt sans relâche le 95, à l’affût de la moindre information. Ici un carnaval, là une exposition, ailleurs une course de vélo... Des événements, il en a couvert des milliers, lui, cet indispensable rouage de la presse locale. « Pour certains, leur passe-temps, c’est la peinture. Moi, c’est la locale et écrire, répète-t-il à l’envi. Je voulais faire du dessin d’art, mais ça ne plaisait pas à mes parents, alors j’ai fait du dessin industriel. »
Rouage indispensable
Alain a exercé la profession de technico-commercial pour de grands groupes comme Vim ou la Générale de fonderie. Trois jours par semaine, il voyageait dans toute la France pour son travail. Une bougeotte qui ne l’a pas quitté depuis. « Je me baladais partout et ça payait bien, mais je suis resté attaché à l’Île-de-France, confie Alain. À la fin, je me suis mis en indépendant. »
En 1978, il quitte la butte Montmartre pour celles du Parisis. Avec son épouse et ses deux enfants, il s’installe à Taverny. Un jour de décembre 2000, il remarque une annonce dans la Gazette. L’hebdomadaire recherche des correspondants locaux de presse (Clp). Des collaborateurs de la presse hebdomadaire régionale qui n’ont pas le statut de journaliste et exercent déjà une activité professionnelle. « J’ai répondu à l’annonce et j’ai été reçu par Stéphane Le Tyrant, le rédacteur en chef de l’époque, se souvient-il. Je crois que mon premier reportage, c’était le carnaval de Taverny. »
❝ Boscavert m’a demandé si j’étais un espion de la droite ALAIN DUPEYRAT, CORRESPONDANT DE LA GAZETTE
Puis les articles s’enchaînent. D’abord dans le secteur du Parisis puis celui de la vallée de l’Oise où il a déménagé en 2018. Ses domaines de prédilection : les associations, les fêtes et les cérémonies. Pour lui, bénévole à la Prévention routière, les petits sujets ou les petites gens, ça n’existe pas.
Tout le monde mérite son « 3 cols » ou sa « photo-lég » dans le canard. Même s’il se dit « peu intéressé par la politique », le septuagénaire a rencontré un paquet d’élus valdoisiens. « Quand je suis devenu correspondant, Maurice Boscavert (ancien maire divers gauche de Taverny, décédé en 2014, Ndlr) m’a demandé si j’étais un espion de la droite, rigole encore Alain. Après ça, on s’est bien entendu. »
Carnets noircis
Au fil des années et de ses rencontres, le « corres » a noirci des carnets entiers. « J’ai vu tellement de monde, je ne me souviens pas de tous mes reportages », souffle-t-il modestement. Pourtant, des événements marquants, Alain en a couvert quelques-uns : le Fort de Cormeilles, « un monument du patrimoine valdoisien », le
Jumping de Franconville, une simulation d’exercice stratégique à la base aérienne de Taverny, sa rencontre avec Simone Veil à l’hôpital d’Eaubonne et tant de salons, d’expositions, d’événements festifs...
Aujourd’hui, l’idée de poser son stylo et son appareil photo ne lui effleure pas l’esprit : « Tant que je peux le faire, je continue. » Toujours par amour pour la locale.