Crise politique à Saint-Leu : le budget est rejeté
Mardi 6 février, neuf élus de la majorité ont voté contre le budget primitif. Fait exceptionnel, le Bp a été rejeté d’une voix : 17 pour, 16 contre. Sept élus, dont trois adjoints, ont vu leurs délégations retirées par arrêtés du maire dès le lendemain.
Une majorité qui se divise et un budget rejeté par 17 voix contre et 16 pour (aucune abstention). Mardi 6 février, le conseil municipal de Saint-Leula-Forêt a mis en lumière les fractures au sein de l’équipe municipale.
Le budget primitif 2024, acte politique majeur de la collectivité, a été rejeté, par l’opposition mais aussi par neuf élus de la majorité : trois adjoints, quatre conseillers municipaux délégués et deux conseillers municipaux. Dans la foulée, le premier adjoint chargé des sports, Jean-Michel Castelli, le 3e adjoint Jean-Michel Detavernier, le 5e adjoint chargé des finances, Pascal Rochoux, quatre conseillers municipaux délégués - Laurent Lucas, Stéphane Frédéric, Stéphane Roussakovsky et Léo Vacher - se sont vus retirer leurs délégations de fonctions et de signature par des arrêtés du maire, qui leur ont été remis dès le lendemain à leur domicile par la police municipale.
Le conseil municipal devrait prochainement procéder au retrait de leurs titres d’adjoints aux trois élus... si une majorité le décide. Juste après le vote, la maire (Dvd) de Saint-Leu, Sandra Billet, a interrompu la séance du conseil municipal, retransmise en direct sur la page Facebook de la Ville.
La vidéo du conseil municipal, qui reste visible traditionnellement, a ensuite été retirée et n’a pas été remise depuis (« sans raison particulière », explique, sans rire, Sandra Billet). La séance reste visible sur YouTube. Sur le site Internet de la commune, la page « Équipe municipale » a été enlevée. Comme le veut la loi lorsque le budget d’une commune n’est pas adopté, le préfet va transmettre le budget à la chambre régionale des comptes, qui va l’analyser et le valider ou pas.
Loïc Vidal, pour le groupe d’opposition Décidons autrement Saint-Leu, estime que « la situation laisse pressentir de graves difficultés pour conduire les affaires municipales ». Franck Bernard, président du groupe d’opposition Je vote Saint-Leu, parle « d’une
chose très grave ». Dans une Lettre du maire, Sandra Billet affirme au contraire que « le rejet du vote du budget n’a aucune incidence sur la vie communale. Les investissements continuent. »
Le retard dans la création de trois courts de tennis couverts à la Châtaigneraie et le fonctionnement interne de la majorité seraient au coeur du conflit.
Du côté des dissidents, on
dénonce « la méthode de la maire, faite de dissimulation et de mise à l’écart des élus des décisions stratégiques ».
Sandra Billet s’inscrit en faux. « Si vous saviez le nombre de réunions de majorité qu’on a pu faire, où chacun peut prendre la parole, où j’ai tenu compte des remarques des uns et des autres ».
La polémique autour du projet des courts de tennis couverts sur le site de la Châtaigneraie,
rue du Château, en lisière de forêt, est liée au fait que ce projet, attendu depuis de nombreuses années par le Tennis club de la Châtaigneraie, ne figure pas au budget 2024. Ce projet vise aussi à transformer les deux courts couverts actuels, aux Diablots, en une halle sportive très attendue par le tissu associatif sportif et les écoliers.
Sandra Billet a expliqué être dans l’attente du résultat d’une étude sur l’état du sous-sol,
compte tenu des sources. « Tout le monde est au courant de cette étude », dit-elle. L’élue
assure avoir eu « la veille du conseil un premier rapport
d’expertise plutôt positif » qui l’amène à être optimiste quant à la possibilité d’inscrire le projet des tennis couverts au budget supplémentaire. Elle souligne que c’est la possibilité d’une « incertitude technique » qui l’a amené à ne pas inscrire le projet au Bp. Selon Jean-Michel Detavernier, tout serait fait « pour ne pas avancer. C’est un projet à 2 millions d’euros, ça ne peut pas être inscrit au
budget supplémentaire ». En conseil, la maire de Saint-Leu a annoncé que le projet pourrait
démarrer « à la fin de l’année
2024 ou début 2025 ». Ils ne l’ont pas dit lors du conseil mais les frondeurs dénoncent l’annonce « inopportune » d’une refonte de la place de la mairie pour 1,2 million d’euros, qui n’était pas au programme de 2020. Ils évoquent aussi l’absence de réfection du réservoir de l’Eauriette et des problèmes de voirie non réglés.
Pour Sandra Billet, tout ça n’est qu’ « un faux prétexte » et l’élue, qui explique qu’elle ne s’attendait pas à cette fronde, voit dans ce vote « une tentative de déstabilisation guidée par des intérêts personnels, mais à quelles fins ? ». « On ne veut que le bien de la commune », assure de son côté Jean-Michel Detavernier, qui dénonce les « béni-ouioui » autour de Sandra Billet. Sandra Billet parle d’une « prise en otage des Saint-Loupiens par des egos mal placés ».
Comment peut se poursuivre l’activité municipale dans un tel contexte ? « Je ne sais pas. On verra bien dans quelle disposition ils sont », glisse Sandra Billet. Pour les frondeurs, « la suite du second mandat de Sandra Billet, désormais privée de majorité absolue, s’annonce tumultueuse ».
La date du prochain n’a pas encore été fixée. « Je prends le temps de me poser », glisse la maire de Saint-Leu-la-Forêt.
La vidéo du conseil retirée de Facebook
« Une tentative de déstabilisation »