Rino Della Negra : une entrée symbolique au Panthéon avec le groupe Manouchian
Un Argenteuillais au Panthéon. Ce mercredi 21 février, jour de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, Rino Della Negra va aussi faire son entrée au Panthéon, symboliquement.
Son corps repose au cimetière de la rue de Calais, à Argenteuil, mais son nom et tous ceux du groupe Manouchian seront gravés sur le caveau du couple au Panthéon. Une immense satisfaction pour l’association Rino au Panthéon, qui s’est battue pour faire entrer au mausolée des Grands Hommes Rino Della Negra et ses camarades avec Missak et Mélinée Manouchian.
Résistants étrangers communistes
Missak Manouchian et sa femme Mélinée, rescapés du génocide arménien de 1915, refugiés étrangers en France, étaient des militants communistes. Ils y étaient entrés pour lutter contre l’extrême-droite. Pendant la Seconde guerre mondiale, Missak fut responsable opérationnel des résistants étrangers communistes en France. Il fut exécuté en 1944. Mélinée, devenue française à la Libération, vécut en France jusqu’en 1989.
« Il était évident que l’ensemble du groupe Manouchian devait être panthéonisé, insiste l’association Rino au Panthéon. Ils ont combattu tous ensemble et c’est à eux que la Nation doit rendre hommage. Nous avons été entendus. C’est une belle reconnaissance du sacrifice du jeune argenteuillais, pourtant promis à une brillante carrière de footballeur au Red Star, qui a préféré donner sa vie sa vie pour combattre le fascisme et le nazisme. À l’heure où l’extrême droite est aux portes du pouvoir, rappelonsnous du combat des résistants du groupe Manouchian, tous immigrés ou fils d’immigrés, qui ont donné leur vie pour notre liberté. Ils sont un modèle de courage, un modèle pour la France, un modèle pour Argenteuil. »
Né le 18 août 1923 à Vimy (Nord) d’une famille italienne ayant fui le fascisme, venue s’installer à Argenteuil en 1926, dans le quartier Mazagran - rebaptisé alors Mazzagrande en raison de la forte colonie italienne -, Rino
Della Negra entre comme apprenti ajusteur chez Chausson, à Asnières-sur-Seine.
Sa passion, c’est le foot. La garçon court très vite. Moins de onze secondes au 100 mètres. Il démarre au Football club Argenteuillais puis il intègre l’équipe de Chausson, qui remporte la Coupe de la Seine en 1938.
Recruté au Red Star
En 1942, il est réquisitionné pour le Service du travail obligatoire (Sto) mais refuse de partir en Allemagne et rejoint en les Ftp d’Argenteuil (Francs-tireurs et partisans) puis le 3e détachement italien des Ftp-Maind’oeuvre immigrée (Ftp-Moi) de la région parisienne, des unités de la Résistance communiste, étrangers et juifs pour beaucoup. Il participe à des attentats contre des officiers allemands, des collaborateurs français et le siège central du parti fasciste italien, à Paris.
C’est à ce moment-là qu’il est recruté par le Red Star. Il aurait sans doute pu faire une belle carrière de footballeur mais elle fut de courte durée, car Rino continue, au péril de sa vie, la lutte armée. Le 12 novembre 1943, une opération tourne mal. Ses camarades et lui sont arrêtés.
Le 21 février 1944, le réseau Manouchian est exécuté au Mont Valérien (Suresnes). Un groupe rendu célèbre par L’Affiche rouge, xénophobe et antisémite, créée par la propagande nazie, présentant dix d’entre eux comme des criminels. Elle en fera des héros. En 1961, une chanson de Léo Ferré immortalisera ces combattants de l’ombre.
La tribune des supporters les plus fervents du Red Star au stade Bauer à Saint-Ouen porte le nom de Rino Della Negra. Une rue et une salle également à Argenteuil, ainsi qu’une plaque. Une stèle, installée en 2009, reproduit sa lettre d’adieu à ses parents, au croisement de la rue de Plante et de la rue Volembert.
« Nous tenons à remercier sincèrement la famille Della Negra et le comité Châteaubriant qui ont entretenu la flamme du souvenir » souligne l’association Rino au Panthéon qui invite à célébrer l’hommage à Rino Della Negra dimanche 25 février à 11h devant la stèle.