Le Gnsa sur le dos de la mairie : Philippe Rouleau excédé
Les critiques du Groupe national de surveillance des arbres à l’endroit de la politique environnementale de la Ville d’Herblay agacent de plus en plus le maire.
« Nous nous alarmons de la gestion environnementale de la Ville d’Herblay-sur-Seine, mais malgré nos alertes aux services et à monsieur Philippe Rouleau, rien ne change. Nous ne comprenons pas cette politique destructrice du vivant entreprise par notre Ville alors que nous parlons de l’effondrement de la biodiversité. »
Au fil des années, Ludovic Coste, un Herblaysien, représentant de l’antenne locale du Groupe national de surveillance des arbres (Gnsa) a progressivement lâché ses coups. Une attitude qui désormais insupporte le maire (Lr) d’Herblay-sur-Seine, Philippe Rouleau. « Je suis excédé par ce harcèlement contre les projets de la Ville ! Il y en a marre de se faire donner des leçons sur des sujets que mes services connaissent sur le bout des doigts. J’envisage de demander la protection fonctionnelle pour mes agents et moi et de porter plainte ».
Ludovic Coste s’était fait connaître il y a quelques années avec le Collectif du tilleul, qu’il avait monté pour protéger les tilleuls de la place de la Libération, menacés par le projet de réaménagement du centre-ville. Puis il a créé une antenne du Gnsa, fondé par Thomas Brail, le grimpeur-arboriste. Depuis l’épisode du centre-ville, on ne compte plus les prises de position très critiques adoptées par le Gnsa vis-à-vis de la politique écologique de la Ville.
Le dernier en date, c’est la voie verte, aménagée entre l’avenue des Pierges et les quais de Seine. Vidéo à l’appui, il dénonce cette opération « d’artificialisation, qui impacte un petit bois, sans respect du lieu ». Des racines coupées ou abimées, selon lui, lors de la réalisation du chantier, une « bâche en plastique » enfouie sous le chemin, pour empêcher les racines de dégrader la réalisation.
« Du plastique dans un bois, une honte »
Ludovic Coste se dit choqué de voir « un géotextile en fibre polypropylène, donc en plastique » sur ce site. « Qu’un enfouissement de ce genre soit réalisé dans un bois en 2024, c’est une honte ».
Cette vision des choses est caricaturale selon le maire. « Ce n’est pas une bâche en plastique mais un géotextile drainant qui contient peut-être un tout petit peu de plastique mais qui est couramment utilisé dans les espaces verts ». Pour Ludovic Coste, ce matériau pose problème. « Le polypropylène représente une source de pollution des écosystèmes ». L’entreprise Stpe (Société travaux publics et entretien) qui a mené le chantier se défend d’avoir coupé des racines et détérioré la sente. Pour le maire, présenter les choses comme le fait Ludovic Coste relève « de la désinformation. On n’artificialise pas le sol ».
« Désinformation »
Philippe Rouleau tient «à rappeler le but du projet : faire une liaison favorisant l’utilisation des modes doux, éviter de passer par la rue du Val, dangereuse, compliquée. Les Herblaysiens croisés apprécient. Elle est dédiée aux cyclistes, aux piétons, aux trottinettes et poussettes. Les vélos n’y sont pas prioritaires. On mettra des panneaux ». Des caniveaux seront aménagés pour amener l’eau vers le bois et éviter « lors des fortes pluie, les coulées de boue vers les immeubles en bas ».
Autre sujet de discorde, le bois des Naquettes, que la Ville entend « requalifier ». « On va nettoyer ce bois. C’est aujourd’hui une décharge, avec des déchets qui polluent le sol. On va faire une allée pour que les gens en profitent, assainir, replanter »,
explique Philippe Rouleau. Mais pour Ludovic Coste, la Ville veut y « faire un parc, déboiser, détruire de la biodiversité et des refuges pour la faune ».
« Pure invention »,
selon Philippe Rouleau.
Ludovic Coste est enfin opposé à l’idée d’un golf, car ce projet, aux Bayonnes, « va détruire 25 hectares de terre nourricière » et qu’il sera, selon lui, très consommateur en eau, en cette période de raréfaction. Il ne croit pas que seuls les greens seront arrosés, et seulement avec de l’eau de pluie. Ludovic Coste suggère plutôt « un parc, avec une ferme pédagogique, un minigolf, un immense lac et un parcours santé ».
Une idée hors-sol selon Philippe Rouleau. « Un parc sur 26 hectares, ce serait un gouffre financier. Admettons qu’on ait les moyens de le réaliser... Il faudrait ensuite des moyens considérables pour l’entretenir, le sécuriser. Et un parc, ça demande énormément d’eau. C’est pire qu’un golf sur le plan écologique. On marche sur la tête ! ».
Deux visions apparemment irréconciliables. Pour Philippe Rouleau, Ludovic Coste adopte « des positions dogmatiques ».
Ludovic Coste, lui, estime que la Ville fait parfois preuve « d’amateurisme » en matière de transition écologique. « Ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble », aurait pu dire un certain Thierry Rolland.
Le golf « va détruire 25 hectares de terre nourricière »