La Gazette Val d'Oise

Le personnel de l’Ehpad Arc-en-Ciel en grève : « On est à bout »

- • Daniel CHOLLET

Les aides-soignantes de la résidence Arc-en-Ciel ont cessé le travail lundi 4 mars pour dénoncer les conditions de travail. Elles déplorent ne pas être en nombre suffisant et de « travailler à la chaîne » sans pouvoir s’occuper comme elles le voudraient de ces personnes âgées dépendante­s.

« Nous voulons du respect, de la reconnaiss­ance et travailler dans de bonnes conditions »,

clament les personnels soignants de la résidence Arc-enCiel, un établissem­ent d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s (Ehpad) appartenan­t au groupe Mapad Holding, qui possède sept établissem­ents en France dont trois dans le Vald’Oise.

Les personnels, soutenus par l’union locale Cgt de Bezons, l’union locale Cgt d’Argenteuil et la Cgt santé et action sociale du 95, se sont rassemblés lundi 4 mars devant l’établissem­ent.

Ils évoquent « une grève reconducti­ble » en attendant d’être reçus pour des négociatio­ns avec leur employeur.

« La situation se dégrade depuis 2020 et le rachat de l’établissem­ent à Korian par le groupe Mapad », affirme Sonia Ainouz, secrétaire adjointe de l’union départemen­tale Santé 95 et ancienne déléguée syndicale centrale du groupe. « Concrèteme­nt, ils ont divisé par deux le nombre de personnel, qui est passé de 10 à 6 ou 7 selon le nombre de résidents, qui évolue. Aujourd’hui ils sont 55 ».

« On a l’impression de travailler à la chaîne, déplore une aide-soignante, en poste depuis 25 ans. Dès qu’on finit avec l’un, on passe à l’autre, sans pouvoir s’occuper d’eux correcteme­nt. On fait le maximum, mais c’est la course ! On nous dit qu’on peut prendre le temps de s’occuper d’eux comme on le voudrait, mais ce n’est pas possible, tout s’enchaîne. »

Après un premier débrayage organisé il y a deux ans, c’est la première fois, depuis le rachat par le groupe Mapad, que le personnel cesse totalement le travail. « Parce qu’on est à bout », confie une autre aidesoigna­nte. « On veut nous faire croire qu’on peut s’occuper d’eux comme des gens âgés normaux alors que ce sont des personnes dépendante­s qui demandent beaucoup plus d’attention et de temps. »

Le fils d’une résidente est venu soutenir le mouvement. « On pourrait être plus nombreux mais les gens travaillen­t. C’est lamentable, les conditions de travail de ces filles. Comme elles ne sont pas assez nombreuses, elles ne peuvent pas faire leur travail comme d’habitude : la toilette, le change, le service à table. Elles ne peuvent plus assurer une présence auprès d’eux, c’est triste. Il faut voir aussi ce qu’on sert à manger aux résidents... Ils font des économies vraiment sur tout mais l’argent qu’on leur verse, lui, il tombe ! »

Outre ces conditions de travail, les aides-soignantes ont aussi des revendicat­ions financière­s, réclamant des revalorisa­tions salariales, le versement « de l’argent revenant aux oeuvres sociales du comité social économique », un àvaloir salarial anti-inflation de 300€ net immédiat, une prime correspond­ant au surplus de travail occasionné par les postes non remplacés, le paiement des heures d’astreinte des soignants de nuit et enfin la mise à dispositio­n de chèques cadeaux en fin d’année de la part du groupe.

Des aides-soignantes évoquent en outre des erreurs ou des bizarrerie­s. « On m’avait enlevé 4 CP (journée de congé payé) sans raison », dit l’une. Une autre dénonce le fait qu’on lui ait retiré de son salaire une journée travaillée alors qu’elle était partie à 17h pour cause de grippe. « Lorsque nous réclamons une expertise sur nos conditions de travail, nous sommes assignés au tribunal », dénoncent des aide-soignants.

La direction de l’établissem­ent, que nous avons tenté de contacter à plusieurs reprises, est restée injoignabl­e.

« Des personnes qui demandent plus d’attention »

« C’est lamentable leurs conditions de travail »

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