Ultimes longueurs avant le sabordage pour la piscine de la Ravinière
On la savait condamnée sans se douter que sa mise à mort serait prononcée aussi précocement. Contre toute attente, l’agglomération de Cergy-Pontoise, qui gère les sept bassins de l’ex-Ville nouvelle, a décidé de saborder la piscine de la Ravinière à Osny « à la fin de la
saison sportive », autrement dit à la fin du mois de juin prochain.
Une fermeture en forme de bis repetita puisqu’elle tombe un an après celle de la piscine tournesol des Béthunes à SaintOuen-l’Aumône. Un équipement sacrifié lui aussi sur l’autel des économies budgétaires et sans même attendre l’ouverture du centre aquatique de CergyPontoise, chiffré à 28 millions d’euros, qui se jettera à l’eau début 2028 dans le quartier de Liesse II, à Saint-Ouen-l’Aumône.
A Cergy-Pontoise, les « petites » piscines, jugées obsolètes et trop énergivores, sont depuis longtemps déjà promises à boire la tasse à plus ou moins brève échéance. Pour les bassins de Saint-Ouen-l’Aumône et d’Osny, la messe est dite. Pour celui d’Eragny-sur-Oise aussi : sa fermeture doit intervenir concomitamment à l’ouverture du centre nautique. Enfin, pour la piscine de Jouy-le-Moutier, rien n’est encore acté mais la messe est dite. « Pour avoir des équipements dignes de recevoir les élèves qui viennent apprendre à nager, il faut penser à l’avenir en supprimant à terme quatre des petites piscines avec l’accord des maires », indiquait à ce sujet Eric Proffit-Brulfert (dvg), vice-président aux équipements au sein de l’agglomération, lors du conseil communautaire de juillet dernier.
La fermeture du bassin osnyssois, mis à l’eau en 1977, participe de la politique de modernisation des piscines entérinée en 2018 par l’agglo afin « de mettre en adéquation l’offre d’équipement intercommunale avec l’évolution des attentes des différents publics et des perspectives de développement du territoire et de croissance de la population cergypontaine ».
A Osny, la fin programmée de la piscine de la Ravinière, dont les créneaux ouverts au grand public étaient depuis un bon moment déjà réduits à la portion congrue, plonge de nombreux usagers dans un profond désarroi mâtiné de colère. Le signal d’un service public de proximité en déliquescence. Intitulée Elu(e)s de Cergy-Pontoise, ne fermez pas nos piscines de proximité, une pétition en ligne lancée le 6 mars par un habitué du bassin osnyssois a déjà recueilli près de 1000 signatures. « Quels que soient les arguments des technocrates, priver la population d’infrastructures sportives de proximité existantes est inepte, avance son auteur, Thierry, car elles sont irremplaçables dans les quartiers, pour les écoles, pour les clubs de natation, pour les sportifs et utilisateurs individuels de tous âges. Un grand centre nautique, même suréquipé, parce qu’éloigné, ne remplira jamais les mêmes fonctions. Les projets d’installations grandioses sont peut-être justifiées (cela reste à voir) mais ces installations sportives de proximité sont simplement irremplaçables. »
L’agglo assume
A l’hôtel d’agglomération, on assume le sabordage de la piscine de la Ravinière. « Je suis bien consciente que la question de la proximité se pose mais c’est un choix qui répond à des enjeux budgétaires ainsi qu’à un enjeu de transition énergétique auxquels vient s’ajouter un déficit de maîtres-nageurs qu’on n’arrive pas à recruter », justifie Malika Yebdri (Ps), conseillère déléguée aux sports. La fermeture de la Ravinière autorisera une économie de 450 000 euros par an en frais de fonctionnement.
L’agglo promet que les heures dédiées aux clubs et associations seront transférées à « isopérimètre » dans les bassins des Louvrais à Pontoise et de l’Axe-Majeur à Cergy SaintChristophe. Itou pour les créneaux réservés aux scolaires qui seront « rapatriés » à Pontoise et à Saint-Christophe. « L’agglo prendra en charge le transport scolaire », précise Malika Yebdri, qui souligne l’attachement de l’agglo à l’apprentissage de la natation.