La Gazette Val d'Oise

Sa soeur veut que la responsabi­lité de l’État « soit reconnue »

Mickaëlle Paty estime que l’assassinat terroriste de son frère aurait pu être évité si les services de l’État, préfecture et rectorat, avaient pris les menaces au sérieux.

- • Jo.C. • Joseph CANU

« On a abandonné Samuel Paty », a lancé Carine Chaix, l’avocate de Mickaëlle Paty, la soeur du professeur d’histoiregé­ographie assassiné par un terroriste islamiste le 16 octobre 2020 à Éragny-sur-Oise, sur l’antenne de Franceinfo, mardi 19 mars.

Un recours administra­tif envoyé le 15 mars au Premier ministre et aux ministres de l’Intérieur et de l’Éducation nationale demande ainsi « la reconnaiss­ance officielle de la responsabi­lité de l’État dans la survenance de l’attentat ».

Dans le courrier à l’exécutif, Mickaëlle Paty estime que l’attentat aurait pu être évité si la préfecture et le rectorat avaient pris au sérieux les menaces visant son frère. Elle dénonce notamment les nombreuses « fautes commises par l’administra­tion ».

Carine Chaix considère que le rectorat a sous-estimé la gravité des menaces de mort pesant sur l’enseignant, en dépit des alertes. « Au lieu de cela, ils ont envoyé un référent laïcité chargé de lui rappeler les règles et lui faire la leçon », déplore l’avocate. Elle qualifie de « défaillanc­e » le fait que Samuel Paty n’a pas été placé sous protection, « le temps que la situation s’apaise ».

Mickaëlle Paty pointe également du doigt l’inaction du collège et du rectorat, pour ne pas avoir démenti le mensonge d’une élève. La collégienn­e avait, à tort, soutenu que le professeur avait demandé aux élèves musulmans de se signaler et de sortir de la classe avant de montrer les caricature­s de Mahomet. Elle n’avait, en réalité, pas assisté à ce cours.

Mickaëlle Paty demande à l’État une somme « symbolique » qui sera reversée à des associatio­ns soutenant la laïcité à l’école. Elle a indiqué avoir entamé cette démarche après le meurtre de Dominique Bernard à Arras, le 13 octobre dernier, un autre enseignant assassiné par un terroriste islamiste.

Les ministres ont deux mois pour répondre au courrier. à défaut, l’affaire sera portée devant la justice administra­tive.

Dix membres de la famille de Samuel Paty avaient déjà porté plainte contre l’administra­tion en avril 2022, lui reprochant de ne pas avoir protégé le professeur. Une informatio­n judiciaire a également été ouverte par le parquet de Paris pour nonassista­nce à personne en péril et non-empêchemen­t de crime.

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