Christian Mauduit sort du tunnel
Frustré lors des compétitions La TransPyrénéa et la Big Dog Backyard, l’Argenteuillais a réussi cette fois un exploit : être le premier à finir deux fois l’Ultra Tunnel.
C’est l’une des courses à pied les plus dures au monde. L’Ultra Tunnel, créée en 2019 par Mark Cockbain, est un défi d’endurance extrême qui invite à repousser ses limites physiques et mentales.
Parcourir 320 kilomètres de bitume en moins de 55 heures dans le Combe Down Tunnel de Bath (un tube abritant une ancienne voie ferrée, dans la campagne anglaise) n’est pas à la portée de tout le monde. En cinq éditions, 95% d’abandons ! Il faut dire que l’épreuve cumule les difficultés : le froid et l’humidité, l’obscurité totale de 23h à 5h (obligeant à courir avec une frontale), l’interdiction d’avoir une assistance et des écouteurs, l’absence d’un espace dédié pour dormir, les toilettes placées à l’extérieur du tunnel et les risques d’hallucinations. Dans cet environnement hostile, un Valdoisien, Christian Mauduit, est devenu le premier coureur à finir deux fois cette course hors norme. Vainqueur en 51h40 en 2021, l’Argenteuillais a cette fois fini 2e, mais en 46h49 !
320 km dans un tunnel
« L’année dernière, je m’étais mangé deux ‘‘pelles’’ : un abandon à la TransPyrénéa et une contre-performance à la Big Dog Backyard.
Avec l’Ultra Tunnel, j’avais les crocs et l’envie de me refaire la cerise. Même avec un entraînement plus restreint qu’à l’accoutumée et dix kilos de plus que mon poids de forme », raconte ce spécialiste de l’ultrafond, trois fois lauréat des Six Jours de France. « J’avais découvert cette course en 2021. C’était l’une des rares épreuves maintenues pendant le confinement. À trop vouloir éviter de dormir, j’avais eu des hallucinations pendant la 2e nuit », se souvient-il. Il a cette fois opté pour des microsiestes de 5 à 10 minutes en cas de nécessité. « J’ai dormi seulement 40 minutes au total, mais ça a suffi pour rester lucide jusqu’au bout », précise Christian.
12h d’obscurité totale
Durant ses 100 allers-retours dans le tunnel, il a gardé même tenue chaude et même cadence (40 à 50 minutes de course par heure) ; mangé un wrap jambon toutes les 3 heures ; déballé régulièrement sucreries, sodas et boissons énergétiques ; fixé les dix mètres de bitume devant lui pour éviter d’être perturbé par les lumières Led et les zones d’ombre du tunnel et ressenti un sentiment de liberté comparable à la traversée d’un lac à la nage. Il prépara là les Six Jours de France, auxquels il participera du 20 au 26 avril à Vallon Pont d’Arc.