Promenade insolite : oh, les pains !
Il multiplie les petits pains... très spéciaux. A Cérences, chez Manuel au four et au moulin dans sa boulangerie riquiqui.
Au comptoir, Angélique est aux anges. Depuis que Manuel Leplumey son patron s’est mis en tête de fournir chaque jour un pain pas comme les autres, les clients en redemandent. Bienvenue à la boulangerie de La Mie Manuel, sur la place du marché de Cérences, au pied de l’église.
Bonne pâte
Il n’y a pas que la baguette tradition, la belle ambrée à la couleur crème ou le pain bucheron, céréales ou complet, dans la vie de la petite boulangerie de campagne, il y aussi désormais les inventions maison, des petits pains gros comme de jolis petons et dont la farine est mélangée à toutes sortes d’ingrédients. La boulangerie rit : à chaque jour son pain spécial, c’est selon au chorizo, au fromage de chèvre, au citron, à la pomme cannelle, au raisin, au camembert, aux noix ou aux trois chocolats. A la caisse, Angélique confirme : “Les clients en ont pris l’habitude. Certains viennent tout spécialement chez nous pour récupérer leur pain du jour. Visiblement ça plait beaucoup”. Le petit pain spécial est vendu 1,60 € pour 300 grammes de pâte, contre 0,85 € la baguette classique.
A l’arrière de la boutique, Manuel s’accorde une pause entre deux fournées, tire sur sa cigarette électronique. La quarantaine, un brin taiseux, il a toujours voulu tâter de la pâte à pain, c’est son ADN, allez savoir pourquoi, lui-même ne sait pas trop. Son papa était garagiste mécanicien, il aurait bien aimé qu’il reprenne l’affaire familiale de Montmartin-sur-mer, mais lui préférait mettre le nez et les doigts dans la farine. “Depuis tout petit”. Qu’est-ce qui lui plait là-dedans ? “L’idée de savoir qu’avec mon pain j’accompagne les gens jusqu’à leur table”. Son CAP en poche, il fait ses classes une quinzaine d’années en Région parisienne, avant de revenir s’installer au pays. En 2014, il ouvre sa boulangerie à Cérences, sa maman Chantal lui donne le coup de main et il vient d’ouvrir une deuxième boutique, une ancienne boulangerie qu’il a reprise à Trelly et que tient l’une de ses deux soeurs, Ludivine.
Le pain quotidien
La vie de boulanger n’est pas un long fleuve tranquille et le rythme est soutenu : lever chaque matin à 4 heures pour démarrer la première fournée. “C’est ce que je dis aux jeunes qui veulent découvrir le métier. Dans la profession, pas de week-end et si c’est pour travailler 35 heures la semaine, mieux vaut faire autre chose”. Lui précisément, ne se voit pas faire autre chose, “Je ne sais rien faire d’autre”. Dans ses nuits trop courtes il fait parfois un cauchemar : “tomber allergique à la farine ! Ça serait la fin de tout !”. Manuel est fier de ses petits pains rigolos, sans pour autant prendre la grosse tête. “Il fallait que je trouve quelque chose d’original pour changer un peu du pain classique. C’est aussi une manière de se remettre soi-même en question”. Quand il n’est pas au fournil, Manuel s’occupe de sa petite maison de garde-barrière au bord de la voie de chemin de fer, et de sa “ménagerie”, des poules, un canard, une chèvre, une brebis, des oies, des chiens, un chat... L’autre vie du boulanger, au four et au moulin : son pain quotidien.
Pratique. Boulangerie la Mie Manuel - 19 place du Marché à Cérences. Tél. 02 33 51 90 08.
L’équipe de ‘’La Mie Manuel’’ : de gauche à droite, Angélique, vendeuse ; Tristan, boulanger ; Manuel, le patron ; Pascale, pâtissière et Elodie vendeuse. Les petits pains spéciaux de la boulangerie font un tabac ! Chaque jour, Manuel prépare un pain rigolo, tantôt au chorizo, au camembert, au fromage de chèvre, au citron, etc., voire même aux trois chocolats !
C’est l’une des trois boulangeries de Cérences.