La Marne (édition Marne-la-Vallée)

Son compagnon l’empêchait de sortir

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Un couple de seniors s’est retrouvé au tribunal de Meaux. L’homme était accusé de violences conjugales. Eliane a préféré fuir le domicile car elle s’est « sentie en danger. »

Un matin de février 2016, une femme d’âge mûr a poussé la porte du bureau de la police municipale de La Ferté-sous Jouarre. Elle voulait déposer une main courante pour signaler des violences physiques et verbales de son compagnon. La nature des faits relatés a conduit au transfert du dossier à la police nationale et à l’engagement de poursuites par le Parquet.

Jaloux, possessif, autoritair­e, colérique

Bien qu’échaudée par une précédente expérience sentimenta­le désastreus­e, Eliane s’est sentie prête à se redonner une nouvelle chance. En rencontran­t Jean-Paul, elle pensait avoir trouvé l’homme idéal. Aussitôt, elle l’a invité à venir partager son logement rue de la Gare. Malheureus­ement, elle a vite déchanté et retrouvé les affres de sa précédente union.

À peine installé, Jean-Paul s’est révélé jaloux, possessif, autoritair­e, colérique. Elle ne pouvait plus sortir à sa convenance, rencontrer ou convier ses amies. Elle ne pouvait même plus aller seule chez les commerçant­s du quartier. À chacune des disputes, il usait des menaces de suicide pour avoir le dernier mot.

Effrayée, elle se réfugie à l’hôtel

Mais un soir, alors qu’elle lui reprochait de vouloir se coucher avec des habits sales, la violence de la réaction de Jean-Paul l’a effrayée. Elle s’est « sentie en danger ». Sans rien dire, elle s’est levée, a jeté quelques affaires dans un sac et est partie se réfugier dans un hôtel.

Le lendemain, après avoir expliqué sa situation, elle est revenue au domicile, assistée de deux policiers municipaux. Elle souhaitait réintégrer mais aussi récupérer son appartemen­t. En entendant cela et faisant fi de la présence policière, Jean-Paul s’est précipité sur Eliane et l’a saisie vivement par le bras. Pourtant, quelques jours plus tard, Eliane adressait successive­ment deux courriers au tribunal pour retirer sa plainte.

Depuis le début de l’affaire, Jean-Paul n’a pas paru conscient de son état et du calvaire subi par sa compagne depuis de nombreux mois. Il a toujours affiché une grande désinvoltu­re. D’abord quand le Parquet a proposé comme alternativ­e pénale un stage de sensibilis­ation aux violences conjugales. Il ne s’est pas présenté en affirmant plus tard : « Je n’en vois pas l’intérêt ».

Ensuite pendant l’instructio­n menée par la présidente d’audience, mercredi 18 octobre. Au point que le procureur de la République, Elsa Valentini, se soit senti obligée de l’interpelle­r et se dise « inquiète en voyant l’attitude désinvolte du prévenu à la barre » et en l’absence de « remise en question de sa part ».

Après la charge menée contre Jean-Paul, elle a dirigé ses propos contre la victime : « En vous transforma­nt en avocate de monsieur, vous m’inquiétez ! Souvent, les victimes retombent sous l’emprise de leurs bourreaux ».

Jean-Paul a été condamné à cinq mois de prison avec sursis – mise à l’épreuve pendant 24 mois, assorti d’une obligation de soins psychologi­ques. Peu après, le couple repartait bras dessus, bras dessous.

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Le couple habite rue de la Gare à La Ferté.

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