La Marne (édition Marne-la-Vallée)

« Je ne lâche pas l’affaire, j’ai faim » : la hargne d’Hassen Beltoufa

À peine vainqueur du championna­t départemen­tal de boxe, Hassen Beltoufa se prépare durement afin de remporter les championna­ts d’Île-de-France de kickboxing et de muay thaï.

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Pile à l’heure devant sa salle d’entraîneme­nt, le Tek Gym à Meaux, avenue de l’Épinette. À l’approche des championna­ts d’Île-de-France de kickboxing et de muay thaï, le jeune champion Hassen Beltoufla, 13 ans, est accompagné de sa mère et de son frère Yanis, boxeur de 22 ans et l’un de ses entraîneur­s.

En entrant dans la salle de sport, le collégien commente les innombrabl­es ceintures et récompense­s de son oncle, Mohammed Galaoui, son modèle et également son entraîneur. Les sports de combat sont une affaire de famille.

À l’intérieur, tous les adhérents le connaissen­t et le salut. Le tout jeune champion de Seine- et- Marne installe des chaises et des tables dans une arrière pièce, baisse le son de la salle de sport.

Son entourage est unanime, rencontre avec un jeune acharné qui « deviendra quelqu’un de grand ».

➜ Comment se prépare-ton pour une compétitio­n régionale ?

Hassen Beltoufla : Eh bien, ça se prépare tous les jours. Quand je suis en période scolaire, l’entraîneme­nt a lieu une fois par jour. Durant les vacances, je suis à deux séances par jour. L’intensité ne me fait pas peur, au contraire, j’aime ça !

Yanis Beltoufla : C’est devenu une routine pour lui. Il est assidu et sérieux. Pour ma part, étant blessé, il me donne de la motivation pour continuer à m’entraîner. C’est lui qui me motive. Il est beaucoup plus travailleu­r que moi (rires).

➜ Ce rythme n’est-il pas trop dur à combiner avec l’école ?

HB : Non ça va. J’arrive à combiner les deux. Même si j’aime plus la boxe que l’école, ma famille me répète que c’est important. Je me donne les moyens. En plus, j’ai eu treize de moyenne au premier trimestre et là, je suis à douze pour le deuxième.

YB : On lui rabâche que si un jour il est blessé, et qu’il ne peut plus pratiquer la boxe, il faut absolument un diplôme à côté. L’école passera toujours en priorité.

➜ Qu’est-ce qui vous a donné envie d’évoluer dans les sports de combat ?

HB : Je fais de la boxe depuis mes six ans au Tek Gym, la salle de sport de mes oncles. Il y a plusieurs boxeurs dans la famille : mes oncles, mon grand frère, ma soeur en a fait aussi. Petit, j’étais assez turbulent, j’avais du mal à me canaliser. Puis un jour, j’ai suivi mon frère à son entraîneme­nt de boxe, et j’ai adoré.

➜ Vous faites de la boxe française, thaï, du full contact, du kickboxing… pourquoi se diversifie­r autant ?

HB : J’ai tellement faim, je veux tout prendre et tout gagner. Je veux être le meilleur et je ferai tout pour. Ma famille m’aide beaucoup et je ne peux que les remercier. Je me dois de les rendre fiers.

YB : Pour l’anecdote, il est parti en Angleterre pour affronter le champion d’Europe en full contact (pied et poings autorisés au-dessus de la ceinture, NDLR), alors qu’il n’avait jamais pratiqué. Il est parti avec mes oncles et il a appris les règles en quinze jours. Il est arrivé jusqu’au dernier round, mais il a perdu aux points. Il a une mentalité de guerrier.

➜ Quelles sont vos qualités sur le ring ?

HB: Je suis quelqu’un de technique. Mes entraîneur­s me disent toujours : « La marche arrière est cassée », ça veut dire qu’on boxe sans reculer. J’avance toujours quoi qu’il arrive.

YB : C’est un combattant technique, souple et très humble, qui n’hésite pas à lever le bras de son adversaire et à le féliciter. Il salue également les coachs de ses adversaire­s. « Il faut être deux pour faire un bon combat » comme il le dit si bien.

➜ Dans ce sport, le mental joue un rôle très important, avez-vous une anecdote à ce sujet ?

HB : Je me souviens d’un match où mon frère a été hué, bousculé par le public. J’étais petit et je demandais à mon oncle ce qu’il se passait, pourquoi il l’insultait. Malgré tout, mon frère a fait taire les gens présents. Ça m’avait marqué ce moment-là.

➜ Avez-vous des modèles dans ces discipline­s, autres que dans votre famille ?

HB : Mon frère m’a montré beaucoup de combattant­s d’époques différente­s. J’ai vu des combats de Mohammed Ali, en passant par Mike Tyson… j’ai aussi étudié les combats de Farid Khider, Badr Hari, Youssef Boughanem, Jérôme le Banner et Cédric Doumbé.

YB : C’était important de lui montrer les différente­s époques de ce sport et pas que la boxe. Le kickboxing, le full contact, le MMA aussi. Pour lui montrer les bases, c’est primordial.

➜ Votre carrière est toute récente, mais avez-vous déjà un regret ?

HB : Oui, des regrets d’avoir perdu. Mais rien par rapport à ma préparatio­n avant un match. Je n’aurais pas pu donner plus, surtout pendant le match en Angleterre. J’ai appris et c’est dans les défaites qu’on apprend. Je n’ai pas perdu depuis cette rencontre en septembre dernier.

➜ Votre rêve est-il de passer profession­nel ?

HB : On ne va pas sauter les étapes. Là, je m’entraîne avec les pros et je m’inspire. Tout se fait petit à petit. On se concentre sur la boxe, sur les conseils des entraîneur­s… mais oui, je souhaite devenir pro. Je rêve d’être champion du monde et de dépasser mes oncles. Comme ça, je pourrais aider ma mère et mettre ma famille à l’abri.

Propos recueillis par Aymeric FIGUEIREDO

 ?? Aymeric FIGUEIREDO ?? Hassen Beltoufa (droite) et son grand frère Yanis (gauche) préparent les championna­ts d’Île-de-France.
Aymeric FIGUEIREDO Hassen Beltoufa (droite) et son grand frère Yanis (gauche) préparent les championna­ts d’Île-de-France.
 ?? Aymeric FIGUEIREDO ?? Il a gagné plusieurs coupes et médailles depuis ses débuts, à six ans.
Aymeric FIGUEIREDO Il a gagné plusieurs coupes et médailles depuis ses débuts, à six ans.
 ?? Aymeric FIGUEIREDO ?? À 13 ans, il s’entraîne au minimum une fois par jour et avec les pros.
Aymeric FIGUEIREDO À 13 ans, il s’entraîne au minimum une fois par jour et avec les pros.

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