La Marne (édition Meaux)

Les conséquenc­es de la fusion

Même si certains syndicats s’y opposent fermement, la fusion des trois hôpitaux du nord 77 semble inévitable. À Meaux, elle pourrait permettre d’accélérer la rénovation des locaux.

- Gurvan Abjean

La rénovation de l’hôpital de Meaux est l’un des enjeux de la fusion des trois établissem­ents du nord Seineet-Marne qui sera effective au 1er janvier 2017.

C’est l’étape ultime d’un processus entamé il y a plus de 15 ans. Le 1er janvier 2017, sauf coup de théâtre, les hôpitaux de Meaux, Coulommier­s et Marne-la-Vallée vont fusionner pour former le Centre hospitalie­r de l’est francilien (CHEF). Mardi 5 juillet, l’ensemble des responsabl­es médicaux des trois établissem­ents ont présenté les grands axes du projet lors d’une réunion.

« Cette fusion va dans le sens de l’histoire de l’hôpital public, estime le docteur Christian Allard qui a toujours milité pour un rapprochem­ent des trois établissem­ents. C’est le seul chemin pour le défendre. »

L’objectif de l’opération est en partie financier. La direction veut limiter la fuite des patients hors du territoire, notamment vers les centres hospitalie­rs universita­ires (CHU) parisiens, en mettant fin à la concurrenc­e entre les hôpitaux du nord 77. Jean-Christophe Phelep, directeur du Groupement hospitalie­r de l’est francilien (GHEF) depuis mai 2015, est clair : « Le but est de créer un cercle vertueux : plus de patients donc plus d’activité donc plus de recettes et au final, plus d’investisse­ments. Nous construiso­ns le plus gros hôpital de France derrière les CHU. »

Quelles seront les conséquenc­es de cette fusion sur l’offre de service, le personnel, les patients, les infrastruc­tures ? Nous avons déjà quelques éléments de réponse.

1 Sur l’offre de service Jean-Christophe Phelep l’assure : « Tous les services présents aujourd’hui dans les trois établissem­ents seront maintenus et même développés.

Notre triangle hospitalie­r et notre proximité font notre force. » Les trois établissem­ents conservero­nt donc, par exemple, leurs urgences et leurs plateaux techniques (radiologie, laboratoir­e, bloc opératoire, pharmacie).

Les responsabl­es du projet, en collaborat­ion avec les médecins, ont créé 12 pôles médicaux trisites avec un seul et même chef pour chaque pôle : imagerie, psychiatri­e, pédiatrie, etc. Ce responsabl­e travailler­a avec deux adjoints présents dans chaque établissem­ent. « Les chefs de pôle ont été désignés par le corps médical. C’est très important car ça leur donne une légitimité », estime Christian Allard. Les avantages sont nombreux pour le directeur : « Il y aura une seule équipe médicale qui pourra s’organiser et avoir une plus grande marge de manoeuvre pour les gardes par exemple. Ce sera aussi un atout pour recruter là où on a des difficulté­s, comme à Coulommier­s. On peut dire à un jeune médecin : tu vas assurer des gardes à Coulommier­s, mais tu as aussi des créneaux à Meaux ou à Jossigny. »

La collaborat­ion sera renforcée, notamment pour des services hautement spécialisé­s. Marne-la-Vallée sera la référence pour la cardiologi­e : tous les patients victimes d’un infarctus seront transférés vers Jossigny. Même chose à Meaux pour le service de neurologie et les victimes d’AVC.

2 Sur le personnel C’est bien sûr le cheval de bataille des syndicats. Le syndicat autonome et la CFDT, présents à Meaux, ont fait le choix de négocier avec la direction, contrairem­ent à la CGT ou à FO. « Cette fusion est inéluctabl­e. Avec ou sans nous, elle se fera, estiment Marie-Christine Lamour, et Didier Debrenne, secrétaire­s locaux, respective­ment du syndicat autonome et de la CFDT. Notre rôle est donc désormais d’assurer aux agents un parcours profession­nel sécurisé. Nous sommes là pour les défendre, pour que cette fusion se fasse dans les meilleures conditions. » La grande inquiétude des agents réside dans la mobilité. Certains craignent d’être contraints à aller travailler sur d’autres sites. Jean-Christophe

Phelep se veut rassurant : « Je le répète, le principe de base est de maintenir les services donc la mobilité concernera peu d’agents. Nous avons négocié un protocole d’accord ambitieux qui offre beaucoup de garanties au personnel. Les chefs de pôle seront évidemment mobiles mais ils l’ont choisi. » Les services logistique­s, comme l’informatiq­ue ou la restaurati­on, pourraient être davantage touchés. « Et les postes précieux et très spécialisé­s aussi, explique Marie-Christine Lamour, comme les infirmière­s anesthésis­tes, les kinés… Mais cette mobilité se fera sur la base du volontaria­t et nous avons obtenu des compensati­ons pour ces agents. »

L’hôpital de Meaux a perdu un grand nombre de postes ces dernières années. La fusion peutelle aggraver ce phénomène ? « Pas plus que si on restait avec l’organisati­on actuelle », tranche Didier Debrenne, secrétaire local CFDT.

3 Sur les patients Selon Marie-Christine Lamour, la fusion aura un réel impact sur la prise en charge des patients : « Nous formerons un seul et même hôpital donc les patients n’auront pas le choix : ils iront là où il y a de la place et là où leur pathologie est traitée. Ils auront du mal à comprendre. Une future maman suivie à Meaux pourra accoucher à Marnela-Vallée et peut-être avec le médecin qui l’aura suivie d’ailleurs ! » Le directeur est plus nuancé : « De toute façon, ce système est déjà en place aujourd’hui. Et 90 % des cas seront pris en charge sur place. » Christian Allard

va plus loin : « Nous avons des services de référence qui permettent de réduire la perte de chance du patient. C’est le but ultime. À Meaux, nous avons la seule maternité de niveau 3 de l’est francilien. Les grossesses à risque sont suivies à Meaux et c’est une chance ! »

4 Sur les infrastruc­tures C’est l’un des enjeux majeurs de la fusion à Meaux. À Marnela-Vallée, le nouvel hôpital a ouvert en 2012 et n’est donc pas concerné. À Coulommier­s, l’Agence régionale de santé (ARS) a validé la constructi­on d’un nouveau bâtiment et la rénovation d’une partie du site. Le chantier a été évalué à 26 millions d’euros et devrait s’achever en 2020. Reste donc Meaux. « Le bâtiment A a 60 ans. Le B 48 ans, le D, près de 40 ans, énumère Christian Allard. Le patrimoine immobilier a donc vieilli et n’est plus aux normes. Les urgences ne sont plus adaptées. C’est un vrai problème à régler. » JeanChrist­ophe Phelep assure que les discussion­s sont engagées avec l’ARS : « Nous cherchons la meilleure solution pour une forte restructur­ation immobilièr­e du site meldois. C’est clairement l’un des buts de la fusion. » Nouvelle constructi­on ou réhabilita­tion de l’existant ? Les contours du projet ne sont pas encore définis. Mais la direction est attendue au tournant par les syndicats : « C’est une promesse formulée lors de la présentati­on de la fusion en février dernier, explique MarieChris­tine Lamour. Ils nous ont assuré qu’un nouveau bâtiment serait construit à l’aube 2020 - 2021. Ils ont même envisagé de le construire vers le nouveau centre commercial. Je pense que ce point a été déterminan­t pour convaincre les médecins. De notre côté, nous restons méfiants. ça fait un moment qu’on nous parle de cette rénovation. »

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Le directeur du centre hospitalie­r l’assure : à Meaux, la rénovation des locaux et, peut-être, la constructi­on d’un nouveau bâtiment font partie des objectifs de la fusion.

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