La Marne (édition Meaux)

« On est fliqués nous aussi »

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Ce gardien de la paix affecté à un commissari­at du nord Seine-et-Marne a souhaité garder l’anonymat. Il soutient le mouvement de protestati­on actuel et a d’ailleurs participé à un rassemblem­ent, place de la République, à Paris. Alors qu’il est rentré dans la police il y a une dizaine d’années, il sent que le climat se détériore sans cesse un peu plus.

Et il pointe du doigt sa hiérarchie : « On ne se sent pas suffisamme­nt soutenu. On est sous pression. Des policiers pas courageux, je n’en connais pas beaucoup. Ce ne sont pas les interventi­ons qui font peur à certains, mais plutôt leurs conséquenc­es. Si on commet une petite faute insignifia­nte, on doit tout de suite s’expliquer, se justifier, il y a une confrontat­ion etc. On flique mais on est fliqués nous aussi. La hiérarchie nous parle de « discerneme­nt », c’est le mot à la mode. ça veut tout et rien dire… » Il constate aussi sur le terrain le comporteme­nt « de plus en plus agressif » des délinquant­s. « Au moindre contrôle, ce sont des insultes, avant même que l’on constate une infraction. Les jeunes vont de plus en plus loin pour des affaires banales. Dans le sud 77, des collègues ont été attaqués avec des cocktails Molotov. Le nombre de policiers blessés augmente et les blessures sont plus graves. La délinquanc­e reste impunie donc ça monte, ça monte… »

Il regrette de voir la démotivati­on qui règne dans certains commissari­ats : « Les collègues sont fatigués, stressés. Certains envisagent de changer de métier, d’autres veulent être mutés en dehors de la région parisienne. Certaines mesures proposées par le gouverneme­nt sont positives mais ça ne suffit pas. Sinon, le mouvement s’arrêterait. »

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