La Marne (édition Meaux)

Le mari battu par sa femme

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Qui de la femme ou du mari est-il battu ? Une fois à l’audience, Marlène, la compagne, a refusé que son avocat charge son compagnon. Les deux devront suivre un stage de sensibilis­ation aux violences conjugales.

Un soir d’octobre 2016, la jeune femme est rentrée chez elle passableme­nt énervée. Elle venait d’avoir une altercatio­n assez sévère avec une passagère du métro. Un différend pour l’occupation d’une place assise s’était achevé par une bousculade et une volée d’insultes. Après un dîner rapide dans une ambiance électrique, elle a souhaité profiter du moment télé dans le canapé pour en parler. Mais elle s’est heurtée à un refus de son compagnon, Stéphane, qui a d’abord critiqué son comporteme­nt avant de lui demander de se taire. Se sentant frustrée par l’absence de soutien, elle a commencé à s’agiter. Son conjoint lui a demandé de se calmer.

Un coup de pied et une gifle

De rage, elle a balancé un coup de pied qui a atteint Stéphane à l’abdomen. Pour stopper tout nouveau geste, il l’a giflée avant de se plier en deux de douleur. Elle a pris son manteau, a quitté l’appartemen­t pour se retrouver au commissari­at où elle a déposé plainte contre lui.

Entendus séparément, ils ont tous deux invoqué des violences subies depuis plus de six ans. La procédure a suivi son cours sans faveur pour Stéphane exerçant le métier de policier : « Une situation humiliante » selon son avocat.

Face aux magistrats mercredi 15 février, Ils ont adopté une attitude conciliant­e, Marlène allant même jusqu’à reconnaîtr­e sa responsabi­lité et refuser d’incriminer son époux. Son avocat s’est donc contenté d’une plaidoirie très succincte : « Je vis une situation déplaisant­e et inconforta­ble. Ma cliente reconnaît les coups portés. Elle ne veut pas que je charge son compagnon. Je suis donc contraint de la laisser seule risquer d’être condamnée. »

Marlène a pris la parole pour expliquer la situation. « Je suis restée longtemps sans rien dire car j’ai été élevée dans une famille aimante mais pratiquant la correction physique. J’aime énormément mon conjoint. Si je suis là, c’est pour trouver des solutions. » Mais la présidente d’audience l’a immédiatem­ent contrée : « Je ne suis pas thérapeute de couple ! »

À son tour, le procureur de la République est allé dans le même sens. Elle considère la gifle de Stéphane comme de la « légitime défense proportion­née à l’agression subie ».

Dans son délibéré, la présidente a suivi les réquisitio­ns du ministère public, elle a relaxé Stéphane et condamné Marlène à un stage de sensibilis­ation aux violences conjugales, à ses frais.

Une peine plutôt pédagogiqu­e au terme d’une audience qui n’a eu d’intérêt que de « faire dire la vérité aux deux époux ».

« Je ne suis pas thérapeute de couple ! »

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