La Marne (édition Meaux)

Coup de grâce pour la société Wipelec ÉCONOMIE.

- Maëlys Dolbois.

Suite à plusieurs avertissem­ents de la préfecture concernant la mise en conformité de son site, la société Wipelec doit désormais suspendre son activité pour effectuer les travaux. Porté devant la justice, le sort de l’entreprise devrait être scellé aujourd’hui.

L’entreprise spécialisé­e dans la fabricatio­n de pièces mécaniques haute technologi­e pour l’aéronautiq­ue, l’aérospatia­l et la défense a été créée en 1984 ; elle s’est installée en 2012 dans la zone industriel­le de Meaux. Cependant, en s’installant sur ce site qui accueillai­t auparavant une entreprise chimique, Wipelec a hérité de produits dangereux dont il a été obligatoir­e de se débarrasse­r pour respecter la législatio­n. Pour cela, la société a déboursé 350 000 €, un montant élevé pour Wipelec qui fait l’objet d’un plan de continuati­on depuis 2012, soit une situation économique fragile. Cette action était un premier pas vers la mise en conformité, mais l’entreprise doit aussi évacuer ses propres déchets chimiques.

Une mise en conformité progressiv­e

C’est précisémen­t sur ce point que la préfecture met en garde, une première fois, la société qui a fait l’objet d’un arrêté préfectora­l daté du 22 novembre 2016, faisant suite à une visite surprise des inspecteur­s de la DRIEE (Direction régionale et interdépar­tementale

de l’environnem­ent et de l’énergie) le 4 novembre. En cause : 100 tonnes de déchets chimiques entreposés à l’air libre sur le site de la société dans des emballages jugés « dégradés ». Le rapport estime que le risque de pollution est « avéré ».

Il est alors demandé à Wipelec de « procéder à l’évacuation des déchets dans un délai n’excédant pas 24 semaines ». L’entreprise décide alors d’engager un processus de mise en conformité progressiv­e avec l’aide du cabinet d’études EVC Technologi­e. « Nous avons entrepris des actions afin d’entrer dans les normes. C’est un véritable plan de bataille que nous nous sommes fixé, en partenaria­t avec le cabinet. Nous étudions chaque point et nous passons à l’action », détaille Guy Pelamourgu­e, dirigeant de Wipelec. Au vu du communiqué de la Préfecture, cela n’a pas suffi. Jeudi 1er juin, à 10 h, l’entreprise est sommée d’arrêter la production. C’est un nouveau coup de massue pour la société Wipelec. Les 43 salariés sont sous le choc après les efforts menés, depuis plusieurs mois, sur le site. « Ils sont tous très inquiets, ils savent que cela peut mener à la liquidatio­n judiciaire de l’entreprise », explique Me Martinet, avocat de Wipelec.

Dans son rapport, la Préfecture estime que l’entreprise utilise et stocke des produits dangereux pour les personnes et l’environnem­ent. « La persistanc­e des manquement­s graves et répétés […] ainsi que les risques graves pour l’eau et l’air conduisent à prendre aujourd’hui une mesure dont toute la gravité a été sérieuseme­nt évaluée. La décision ci-jointe […] vise à contraindr­e celle-ci à mettre immédiatem­ent un terme aux désordres constatés. » Le Préfet a pris la mesure de suspension d’activité pour que des travaux de remise aux normes soient effectués.

Fermeture provisoire ou définitive ?

« Nous trouvons cette mesure excessive. Wipelec a réalisé de nombreux investisse­ments significat­ifs mais l’administra­tion n’est pas venue constater ces améliorati­ons, depuis le mois de mars. Nous allons donc demander un transport de justice pour que les travaux soient constatés », ajoute Me Martinet qui a défendu Wipelec devant le tribunal administra­tif de Melun, hier.

La décision préfectora­le a assommé Wipelec qui va devoir se battre afin de sortir de cette situation et reprendre l’activité. « Les jours sont comptés. Depuis jeudi, l’entreprise ne fonctionne plus et la perte financière est énorme, confie Me Martinet. Nous espérons que cette fermeture soit provisoire, sinon l’avenir de l’entreprise sera condamné. »

La suspension annoncée

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Le site de production de Wipelec est à l’arrêt depuis jeudi matin, suite à la décision du Préfet.

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