La maison de retraite est-elle en sursis ?
Bien loin de la Crète, son pays d’origine, le safran pousse à Coulombs-en-Valois chez Frédéric Bantos.
C’est lors d’un voyage vers le Sud de la France, qu’est née la passion de Frédéric Bantos pour cette épice. « Je voulais m’occuper l’esprit, faire autre chose et un reportage à la télé m’a intrigué. J’allais me lancer dans la culture du Crocus sativus, productrice du safran ».
Tout a commencé il y a cinq ans
Après avoir acheté un terrain de 1 200 m2, Frédéric a planté 3 000 bulbes répartis sur trois planches, des bandes de terrain. « Bon, c’était un essai confidentiel mais nous avons récolté avec mon épouse Lydie, 2 172 fleurs qui ont donné 11 g de précieux safran ». La deuxième année, 3 000 bulbes supplémentaires sont plantés et 40 g de safran récoltés. Et la troisième année, 126 g ont été délicatement moissonnés. Quant à l’année dernière, « beaucoup trop d’eau, ce sont les aléas de l’agriculture ». La récolte s’effectue à l’automne et presque à quatre pattes car il faut cueillir délicatement la fleur.
Récoltées dans un panier en osier, les fleurs vont ensuite passer sur la table de la cuisine familiale pour y être émondées. « Nous récupérons alors, avec mon épouse, les trois stigmates rouges dans la fleur. Ensuite il faudra les déshydrater. Les stigmates vont perdre 80 % de leur poids. Pour 7 g de fleurs nous aurons ainsi environ 1 g de safran ». Il faudra à Frédéric de 180 à 220 fleurs pour avoir 1 g de précieuse épice.
La mécanisation est impossible et c’est un véritable travail de fourmi et une cueillette quotidienne à l’automne.
De la cueillette à la commercialisation
Des stigmates vendus directement aux produits dérivés, le safran a trouvé sa place dans le palais des saveurs. « Nous faisons une dizaine de confitures aromatisées, oranges, mirabelles ou encore ananaskiwi. Nous avons créé de la moutarde safranée sur base bio avec un rajout de miel d’acacia et aussi du vinaigre de cidre maison. Et en 2016, nos pâtes de fruits ont fait un malheur surtout lors des marchés de Noël ».
Après deux années de démarches administratives, Frédéric a opt pour le statut de micro-entreprise et est enregistré à la chambre des Métiers et de l’Artisanat.
Chaque mois, il tient son stand au marché campagnard de Marigny-en-Orxois ; à l’approche des fêtes, on pourra le retrouver sur les marchés distillant ses conseils culinaires : « Une crème aux safranée, y’a pas photo ! » Le fringant quinquagénaire qui pratique le funboard depuis son enfance, apprécie le contact et les échanges avec les gens.
Son avenir, un revenu complémentaire, la retraite arrivant.
Sur Facebook : Safran de Coulombs.