La maison de retraite en vente
L’hôpital a mis en vente la maison de retraite d’Orgemont. Quelles conséquences pour les résidents ?
Depuis quelques mois, les rumeurs courent dans les couloirs de l’hôpital. Aujourd’hui, c’est acté : « Le terrain d’Orgemont sera vendu », affirme JeanChristophe Phelep, directeur du Grand Hôpital de l’Est Francilien (Ghef). En effet, la décision de vendre l’Ehpad d’Orgemont, à Meaux, a été actée par la direction de l’hôpital. « Cette démarche est votée depuis deux ans mais nous regrettons la vente de ce bijou de famille », ajoute le directeur.
Une décision qui a été annoncée à l’ensemble du personnel du Ghef lors de la cérémonie de voeux du site de Saint-Faron. En effet, le Dr Yannick Costa, président de la CME (Commission médicale d’établissement) a souligné la vente de cet établissement.
« Le projet médical se décline aussi dans des projets architecturaux très ambitieux. Nous sommes entrés dans une phase très active du nouveau site de Saint-Faron qui verra le jour dans quelques années. Pour cela, la restructuration forte du site d’Orgemont est en cours avec deux enjeux : la cession au secteur privé du SSR (le service de soins de suite et de réadaptation) et de l’Ehpad d’Orgemont et la restructuration de la pharmacie territoriale. Nous sommes très impliqués dans le choix du repreneur d’Orgemont. Nous avons à coeur de choisir la meilleure offre en matière de filière médicale. »
Actuellement, quatre ou cinq candidats sont en lice pour racheter le site qui restera une maison de retraite. « Nous avons fait des demandes auprès de l’ARS (Agence régionale de Santé) pour que des clauses soient posées auprès du repreneur. Il faut que la partie soins soit conservée car elle est nécessaire », explique JeanChristophe Phelep.
Partenaire privé
Cet Ehpad deviendra privé et les tarifs seront donc adaptés en conséquence. Outre le tarif de base, les familles de patients se demandent si les aides dont bénéficient les patients, aujourd’hui, en étant dans un établissement pourront toujours être reçues.
Pour le moment, aucune information n’a été transmise aux familles qui étudient déjà la solution de déplacement des patients. « J’ai déjà étudié la possibilité de déplacer ma mère au cas où ce serait trop cher, mais cela n’est pas évident. Il y a des places à Jouarre mais c’est très loin géographiquement donc je pourrai moins m’y rendre. Nous avons aussi eu écho qu’il y avait des procédures en cours pour la fermeture de l’Ehpad de Crouy-sur-Ourcq », détaille Eliane.
Un rapprochement avec Jouarre ?
« Il y a une seule maison de retraite publique à Meaux et elle va disparaître mais si nous plaçons nos parents ici c’est que nous n’avons pas les moyens d’aller dans le privé », déplore Maria dont la maman est à Orgemont depuis deux ans. « On va se retrouver le pied au mur et nous n’allons pas avoir le choix. Moi je ne peux pas me rendre à Jouarre si c’est l’objectif », ajoute une autre fille de résidente.
En effet, les syndicats, qui n’ont pas été officiellement mis au courant par la direction de la vente de ce bâtiment, s’interrogent grandement sur le rapprochement rapide entre le Ghef et l’Ehpad de Jouarre. L’établissement est en cours de rachat par le Ghef. « Alors les patients d’Orgemont sont-ils voués à aller à Jouarre ? La question se pose », détaille une déléguée syndicale.
Pour l’heure, le directeur de l’hôpital n’a apporté aucune information à ce sujet.
De ce fait, l’inquiétude des familles est grandissante. « Il y a plein d’échos concernant la vente de cette maison de retraite et tout le monde s’inquiète du devenir des patients qui sont là », explique Eliane, dont sa maman est placée à Orgemont depuis deux ans. « Nous voulons que la direction de l’hôpital qui gère la maison de retraite nous donne des réponses claires. »
Les familles se retrouvent et discutent longuement de cette « vente » pour savoir comment agir. « Nous ne savons même pas si nos parents pourront rester ici. Et s’ils restent, estce que l’on pourra payer le tarif demandé avec nos revenus ? » Les questions s’accumulent et les réponses manquent. Plusieurs familles ont décidé de se mobiliser pour défendre la maison de retraite mais aussi pour savoir réellement ce qu’il en est. « C’est peut-être trop tard. »
Des conditions déteriorées
Régulièrement en visite à l’Ehpad, les familles des patients ont vu les conditions de vie se dégrader. Par exemple, le service de distribution de journaux n’existe plus, tout comme le bar. « Nous avons vu depuis plusieurs mois une dégradation, des services ont disparu et le nombre de personnel a baissé donc ils font tout très rapidement. Le côté humain est aux oubliettes. Elles font tout ce qu’elles peuvent mais elles sont surbookées », confie Maria.
« Trouver la meilleure offre »
« On veut des réponses claires »