La Marne (édition Meaux)

Des lycéens peints en noir lors d’un carnaval, une enquête ouverte

- • Baptiste RINGEVAL

Lors du carnaval au lycée catholique SainteCéli­ne de La Fertésous-Jouarre le 7 mars, trois lycéens ont peint leur visage en noir. Un déguisemen­t qui fait polémique.

C’est une affaire qui a rapidement fait polémique. Lors du carnaval au lycée catholique Sainte-Céline de La Ferté-sousJouarr­e le 7 mars dernier, trois lycéens ont peint leur visage en noir. Des rumeurs faisaient également état de cris de singe de la part de certains élèves. Des bruits de couloirs qui ne sont toujours pas confirmés à ce jour.

Que s’est-il passé ?

Ce jeudi 7 mars, au lycée privé Sainte-Céline, c’était donc journée carnaval. Un lycéen de l’établissem­ent, élève de Terminale, explique « que trois lycéens étaient peints en noir avec des lances en bois et de longues robes. » Un déguisemen­t qui a créé l’indignatio­n chez les parents et les élèves.

Dans un communiqué, le lycée privé a tenu à s’expliquer. « Au cours de cette journée, les élèves se sont regroupés dans la cour, dont trois d’entre eux déguisés en guerrier Massaï. Ces déguisemen­ts ont provoqué depuis une vive émotion ressentie par plusieurs familles et sur les réseaux sociaux », regrette dans un premier temps l’établissem­ent.

La polémique est remontée jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. « Tout acte raciste à l’école, ou ailleurs, doit être dénoncé et sanctionné », a réagi sur la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, qui a demandé à la rectrice de l’Académie de Créteil « de faire immédiatem­ent toute la lumière sur cette affaire et de prendre, sans délai, toutes les mesures nécessaire­s ».

L’Académie a aussitôt réagi et annoncé que la rectrice Julie Benetti, en lien avec la direction diocésaine, allait diligenter une enquête administra­tive. Elle a aussi saisi le procureur.

Selon Ugo Pezzetta, maire de La Ferté-sous-Jouarre, ces jeunes « avaient décidé de faire ça pour montrer que, malgré leurs différence­s et leurs origines, ils étaient amis et qu’ils

Xvivaient ensemble ». En se grimant de noir, les lycéens auraient eu pour volonté de « dénoncer le racisme », affirme-t-il.

Une plainte déposée

❝ Ces jeunes lycéens ont alors été convoqués par la direction, où ils ont affirmé qu’il n’y avait aucune connotatio­n raciste, de moquerie ou d’arrière-pensées. DAPHNÉ DECHAUME, CHEFFE D’ÉTABLISSEM­ENT

Rapidement, la Ligue de Défense noire africaine (LDNA) a annoncé condamner fermement et sévèrement ce « black face », « au nom de toutes les personnes sans voix, victimes silencieus­es, humiliées, martyrisée­s qui souffrent des moqueries de ceux qui se gaussent de faire de l’humour sur la déshumanis­ation – par l’esclavage, la colonisati­on – à travers la parodie du “Blackface ” ».

De son côté, saisi par des parents d’élèves, le Conseil représenta­tif des associatio­ns noires (Cran) a déposé plainte contre X pour « injures publiques à caractère racial, provocatio­n publique à la haine raciale, discrimina­tion. » C’est en tout cas ce qu’a indiqué à l’AFP Maître Alex Ursulet, un des avocats de la fédération d’associatio­ns.

Une enquête préliminai­re ouverte

Le procureur de la République, Jean-Baptiste Bladier, indique avoir ouvert une enquête préliminai­re du chef de « provocatio­n publique à la discrimina­tion, à la haine ou à la violence à raison de l’appartenan­ce ou de la non-appartenan­ce, réelle ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ou à raison du sexe, de l’orientatio­n sexuelle ou identité de genre ou du handicap » à raison de la possible émission de « cris de singe ».

L’enquête sera aussi diligentée, à la suite de plaintes déposées par les familles d’élèves de l’établissem­ent, du chef de « menaces de crime ou de délit contre les personnes ».

Concernant les « cris de singe », ils ne sont pas « aujourd’hui, en l’état de nos informatio­ns internes, confirmées », poursuit le lycée privé, avant de conclure, « il va de soi, bien entendu, que nous collaborer­ons activement avec les enquêteurs pour que la vérité soit faite. »

Si « personne ne conteste qu’ils étaient peints en noir et déguisés en guerrier Massaï, il n’apparaît pas exact que les cris de singes aient été véritablem­ent entendus », appuie le maire Ugo Pezzetta.

Les investigat­ions ont été confiées à la brigade de recherche de Coulommier­s.

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