La Marne (édition Meaux)

Ils agressent sexuelleme­nt leur chien et montrent des scènes obscènes à leur fille

Mercredi 13 mars, Sandrine, Léo et Ellie étaient jugés par le tribunal de Meaux pour atteinte sexuelle en réunion sur un animal de compagnie et soustracti­on au devoir parental. Tous ont été reconnus coupables des faits qui leur étaient reprochés.

- • Andya Gomichon

Les faits remontent à plusieurs années. En 2019, Sandrine* était en couple avec Léo*, de vingt ans son aîné. Elle a connu ce dernier quelques années plus tôt, via un site de rencontres BDSM. Ensemble, le couple a eu un enfant, Lila*, aujourd’hui âgée de six ans.

Ancrés dans leurs pratiques sexuelles, ces habitants de Torcy ont souhaité intégrer une tierce personne dans leurs jeux BDSM1. C’est ainsi qu’ils ont rencontré Ellie*, de deux ans la cadette de Sandrine. La jeune femme, originaire de Brou-sur-Chanterein­e, souhaitait alors explorer le monde du BDSM. Au début, elle venait de temps en temps au domicile familial. Mais rapidement, elle s’est fait une place au sein du couple, emménagean­t même chez eux.

Procédure de séparation

C’est une photo qui a mené le trio devant le tribunal de Meaux, ce mercredi 13 mars 2024. En 2023, Sandrine et son ex-compagnon se disputent la garde de Lila. Tous deux sont séparés depuis 2021, suite à des violences de la jeune femme envers Léo. Entre-temps, c’est Ellie qui a pris le rôle de conjointe. Elle a d’ailleurs accouché en décembre 2023 d’un enfant de Léo.

À la mi 2023, le père demande la garde de sa fille, chose que son ex refuse. S’ensuit alors une procédure devant le juge des affaires familiales. Là-bas, Sandrine dénonce les pratiques zoophiles réalisées par Ellie et Léo, indiquant par la même que sa fille a été témoin de certaines scènes choquantes.

Elle partage également une photograph­ie, sur laquelle on voit Ellie, nue et à quatre pattes dans le jardin, un collier de chien autour du cou devant la baie vitrée du domicile familial. En arrière plan, on voit la fille du couple, alors âgée d’à peine trois ans, le regard tourné vers la scène.

Soustracti­on aux obligation­s parentales

La première partie du procès était consacrée à Lila. Sandrine et Léo comparaiss­aient pour soustracti­on à leurs obligation­s de parent, tandis qu’Ellie était jugée pour corruption de mineur. «J’étais très proche de Lila, je m’en suis beaucoup occupée. Jamais je n’aurais pu faire quelque chose de sexuel devant elle », plaide Ellie.

Les questions successive­s de la présidente du tribunal à la jeune femme, âgée de 28 ans, mettent en lumière le fait qu’elle s’occupait énormément de la petite fille à la place de sa mère.

Un contrat d’esclavage, passé avec Sandrine, forçait la jeune femme à réaliser des tâches de la vie quotidienn­e à la place de la mère. « J’allais chercher son shit, ses cigarettes, je m’occupais de sa fille en l’emmenant à l’école, en sortant avec elle… J’allais lui chercher de l’argent à la banque. Pendant ce temps-là, elle ne faisait rien », indique-t-elle à la barre. Ces faits sont corroborés par des SMS, ajoutés au dossier. Sur l’un d’entre eux, Sandrine indique aller se coucher à 7 h du matin, heure à laquelle elle aurait dû préparer sa fille à aller à l’école.

Quelques instants plus tard, c’est au tour de Léo de prendre la parole. Le quinquagén­aire se lance dans de grands discours, mais il est rapidement rappelé à l’ordre par la présidente du tribunal, qui lui demande de répondre à une question simple : « Reconnaiss­ez-vous, oui ou non, vous être soustraits à vos obligation­s parentales ? ». « Oui », concède-t-il.

Vient enfin le tour de Sandrine. Celle-ci réfute ne pas s’être occupée de sa fille à l’époque, et l’avoir délaissée. Elle reconnaît toutefois avoir délégué une partie de son éducation. «Je le regrette. J’ai un peu rejeté ma fille suite à une grossesse compliquée et je me suis reposée sur Ellie », déplore-t-elle. Elle finit par reconnaîtr­e la soustracti­on à ses devoirs parentaux, mais affirme que sa fille n’a jamais assisté aux jeux sexuels du trio.

Une fillette perturbée

La jeune femme, qui a durant un temps, été escorte, indique n’avoir pris connaissan­ce de la photo nue d’Ellie que bien plus tard, en mettant son téléphone à jour. D’après elle, la photo aurait été prise par un voisin, alors qu’elle était absente. Appelé à la barre comme témoin pour expliquer le contexte, celui-ci n’a pas donné de version claire des événements, irritant ainsi la cour, qui a mis fin à son témoignage.

À la suite des révélation­s de la mère, ainsi que d’une plainte de ses grands-parents maternels, Lila a été placée en famille d’accueil « jusqu’au moins octobre 2024 », indique le tribunal. Des visites sont organisées de temps à autre avec ses parents.

L’avocate de l’Avimej, représenta­nt la jeune fille, décrit une petite perturbée, « très en colère contre son père », car elle lui en veut d’être en famille d’accueil. « Cette enfant a été victime de délaisseme­nt, elle n’a pas été protégée », continue-t-elle.

Aucun élément de l’enquête, à part la photo, ne permet d’indiquer si Lila a été exposée à des scènes de nature BDSM. Si les grands-parents ont indiqué l’avoir surprise en train « de se tortiller nue devant un miroir, imitant son père en train de se masturber», la petite n’a, jusqu’à présent, jamais mentionné avoir vu de scènes à caractère sexuelles. L’audition de la petite, qui fait également l’objet d’un suivi psychologi­que, met toutefois en lumière le fait qu’elle ne veuille pas aller avec son père, et se raidit à son évocation.

Relation sexuelle avec un chien

Il n’y a pas que pour Lila que le trio comparaît devant le tribunal. Au cours de l’enquête, des vidéos zoophiles ont été mises au jour. « Mises en scène » par Léo, celles-ci montrent des relations sexuelles entre Snow, un husky blanc adopté par l’excouple, quelques années plus tôt, et Ellie.

L’une d’entre elles montre un acte de pénétratio­n. «À la fin de la vidéo, on voit monsieur appuyer sur le bassin du chien, comme pour accentuer le rapport», indique la présidente du tribunal. D’autres vidéos existent. L’une d’entre elles montre Ellie faire une fellation au chien, tandis que sur une autre, le chien lèche les parties intimes de la jeune femme, après qu’un morceau de saucisson y ait été placé pour l’attirer. Sandrine filmait les actes - qui se sont déroulé deux ou trois fois - pendant que Léo aidait le chien à avoir ces rapports.

« Comment un chien se retrouve-t-il impliqué dans des actes sexuels ? », demande alors la présidente du tribunal. Sandrine a reconnu simplement les faits, tout comme Léo, qui indique les regretter. D’après lui, l’idée est venue de son ex-compagne. Il se serait ensuite senti obligé de la mettre en oeuvre, par peur d’elle. « Quand elle était alcoolisée, elle était incontrôla­ble et violente», indique-t-il. « Et vous laissiez votre très jeune fille seule avec cette femme violente ? », réagit alors la présidente du tribunal. Aucune réponse. Il indique simplement que Ellie était obligée, de par son statut d’esclave, d’obéir à sa maîtresse.

Tout comme son conjoint, elle indique avoir pris ces vidéos sous la contrainte. « En tant qu’esclave, je n’avais pas le droit de dire non», indique-t-elle. « Vous avez pourtant l’air détendue sur les vidéos », lance alors la présidente du tribunal.

Pour se défendre, la jeune femme indique que « si les vidéos ont l’air très réalistes, il n’y a eu aucune pénétratio­n ». «Et ça change quoi qu’il y ait eu pénétratio­n ou pas, après ce qu’on voit sur les vidéos ? », relève encore la présidente.

En se plaçant comme victime, la jeune femme n’a fait qu’irriter davantage la présidente du tribunal.

« Mais vous avez pensé au chien? Vous pensez que le chien a son mot à dire? Vous vous êtes posés deux secondes pour vous demander s’il était d’accord ?», lance-t-elle agacée.

Deux chiens placés

Si le tribunal « entend » que la jeune femme ait été sous l’emprise de Sandrine, il ne peut passer à côté de cette infraction caractéris­ée. Lors de l’audience, le tribunal indique que la police a retiré au couple le chien victime, ainsi qu’un jack russel. Tous deux ont été placés dans des familles vivant dans le Calvados, par l’associatio­n Stéphane Lamart, qui s’est également constituée partie civile. L’avocate de l’associatio­n a d’abord indiqué que les deux chiens étaient « heureux dans leurs familles respective­s ». Elle a également demandé une amende de 4 800 euros à l’encontre d’Ellie et de Léo, pour couvrir les frais de garde des deux chiens.

Réquisitio­ns et peines

« C’est un dossier difficile à juger, qui a un côté obsédant, parce qu’on se pose beaucoup de questions», indique le procureur. Celui-ci demande qu’Ellie soit relaxée des faits de corruption de mineur de moins de 15 ans. Il demande cependant à ce que tous soient reconnus coupables pour le reste des faits reprochés.

Tour à tour, les avocats de la défense ont ensuite pris la parole pour défendre leurs clients. Si pour eux, l’infraction n’est plus à démontrer, chacun demande l’allègement des charges pesant contre leur client, évoquant tantôt une enfance difficile, tantôt une tentative de reprise en main.

Après délibérati­on, le tribunal a reconnu les trois accusés coupables, de l’ensemble des faits. Ellie a été condamnée à 8 mois de prison, assortis d’un sursis de 5 ans. Elle est inscrite au fichier des auteurs d’infraction sexuelle et devra justifier de son adresse tous les six mois. Elle a également interdicti­on d’avoir un animal à vie, mais aussi d’exercer une activité avec des mineurs pendant cinq ans.

Léo et Sandrine ont tous deux écopé de 12 mois de prison avec sursis. Comme Ellie, ils ne pourront plus détenir un animal de compagnie à vie et seront inscrits au fichier des délinquant­s sexuels. Chacun devra justifier de son adresse le jour de son anniversai­re.

Léo, qui détenait une arme non déclarée, a interdicti­on d’en détenir une durant 5 ans. Sandrine, elle, a une obligation de suivre des soins psychologi­ques. Les deux chiens, qui lui appartenai­ent, ne lui seront pas non plus rendus.

Côté amende, les parents de Lila sont condamnés à lui verser chacun 1 500 euros. Ellie, elle, doit lui verser 800 euros.

Ellie et Léo sont également condamnés à verser 5 100 euros à l’associatio­n Lamart pour les frais de garde des chiens, et les frais d’avocats.

■ *Le prénom de l’enfant, mineure, a été modifié pour garder son anonymat, ainsi que celui des prévenus.

1 Bondage, domination, sadomasoch­isme

 ?? Illustrati­on/Nicolas Demollien ?? Le trio a mis en scène des scénarios sexuels avec le husky du couple, dénommé Snow.
Illustrati­on/Nicolas Demollien Le trio a mis en scène des scénarios sexuels avec le husky du couple, dénommé Snow.

Newspapers in French

Newspapers from France