La Marne (édition Meaux)

Une réunion publique sous le signe de la colère et de l’irrespect

- • Andya Gomichon

Lundi 18 mars, la mairie de Bussy-Saint-Georges a tenu une réunion publique sur le stationnem­ent payant, afin d’expliquer son projet aux habitants. La réunion s’est très vite envenimée.

C’est une réunion publique tumultueus­e qui s’est déroulée à Bussy-Saint-Georges, lundi 18 mars. Dans son discours d’introducti­on, Yann Dubosc, maire de la commune, a longuement décrit son projet. Pour lui, le stationnem­ent payant est la solution la plus efficace pour désengorge­r les parkings du centre-ville, permettre une meilleure rotation des clients pour les commerces et mettre fin aux voitures ventouses. « Lorsque des enfants mangent à la cantine, ce sont les parents qui payent. Il est normal que l’utilisatio­n de la voirie soit prise en charge par les automobili­stes », souligne-t-il.

Deux zones distinctes

L’élu en charge du sujet a indiqué que celui-ci allait être mis en place dans deux zones distinctes. La zone orange d’abord, qui regroupe les commerces de la ville. Dans cette zone, le stationnem­ent des véhicules sera limité à trois heures afin d’assurer la rotation des véhicules. La zone jaune, quant à elle, ne sera pas limitée dans le temps. Elle correspond­ra à un périmètre de 500 mètres autour de la gare RER de Bussy et de son parking, vers lequel se garent les usagers du RER A.

La zone orange sera légèrement plus chère que la zone jaune, en raison de la volonté de la commune à mettre en place une rotation sur cette première zone. La première heure sera gratuite, puis il faudra payer 40 centimes par quart d’heure. «Une personne qui aura dépassé les trois heures autorisées sera verbalisab­le une fois, à hauteur de 35 euros », continue l’élu.

La zone jaune bénéficier­a également d’une heure gratuite, puis le coût sera de 25 centimes par quart d’heure. Contrairem­ent à la zone orange, des abonnement­s seront permis pour les résidents et les actifs dans la ville (employés, commerçant­s, personnes qui viennent travailler à Bussy-Saint-Georges). L’abonnement sera fixé à 20 euros par mois ou 200 euros par an, ce qui revient à 66 centimes par jour. À l’évocation du prix, les huées commencent à fuser dans la salle. « Calmez-vous », demande alors le maire. « On ne va pas rester calme longtemps avec vos conneries », lance un Buxangeorg­ien. « C’est plus cher qu’à Torcy », râle un autre.

Joutes verbales

Au fur et à mesure que les élus déroulent le projet, les voix ne cessent de s’élever dans la salle, rendant l’exposé parfois compliqué. « Je comprends que les changement­s de ce type-là sont toujours perturbant­s, mais force est de constater que dans toutes les villes où ça a été mis en place, le démarrage était compliqué, mais pour rien au monde, elles ne reviendrai­ent en arrière », tente le maire, en vain.

Les huées fusent dans la salle, et les esprits s’échauffent. Certains n’hésitent pas à prendre l’édile directemen­t à partie. « Mais vous pensez à ceux qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts ? », s’écrit alors une femme dans la salle.

La parole est alors donnée aux administré­s. Le premier à prendre la parole demande au maire des comptes sur le rapport qui a mené à rendre le stationnem­ent payant. Un autre, résidant de la commune depuis 25 ans, s’étonne de la situation. « Pour ma part, j’ai toujours trouvé de la place à BussySaint-Georges. Je connais quelques commerçant­s qui disent le contraire de ce que vous dîtes : le tabac, la boucherie… Avec votre projet, ce sont les commerçant­s qui vont en pâtir », indiquet-il. « Arrêter de parler de n’importe quoi », lance alors le maire comme unique réponse.

Dominique Bulard, président de l’alliance des soignants de Bussy, a également pris la parole. Il a demandé au maire si les médecins et infirmiers pouvaient être exemptés de payer le stationnem­ent. « Nous avons déjà du mal à nous déplacer dans la zone du Sycomore, et maintenant, nous devrons payer en centre-ville. Nos tarifs sont bloqués depuis 2009 et je n’ai pas la trésorerie pour payer le stationnem­ent », indique-t-il. À cela, le maire répond que l’ensemble des personnels de santé (infirmier, sage-femme, médecins) effectuant des actes médicaux à domicile seront exonérés de paiement de stationnem­ent.

Plusieurs Buxangeorg­iens ont pris la parole, tour à tour. La plupart du temps, le maire n’a pas répondu aux invectives des administré­s, augmentant la frustratio­n de certains. « Le maire se montre méprisant, c’est indigne d’un élu », entend-on dans la salle. « Aucune considérat­ion pour les administré­s, c’est une honte », clame un autre. Devant ce comporteme­nt, certains ont préféré quitter la salle.

«On ne serait pas venu sans la pétition»

Si lors d’une prise de parole, Yann Dubosc a pointé du doigt la pétition mise en ligne par l’opposition, certains administré­s le huent. «On ne serait pas venu sans la pétition», s’écrit un homme assis au milieu de la salle. «Si je suis là, c’est grâce au tract de l’opposition. Sinon, je n’avais jamais entendu parler de ce projet. Je suis élu d’entreprise et c’est la première fois qu’on me présente un projet sans communicat­ion, sans plan et sans budget », lance-t-il, avant d’ajouter : « Je suis un citoyen modèle, j’essaie de respecter les 2 h de stationnem­ent en zone bleue. Mais si demain je paye 200 euros pour stationner de manière illimitée, je vais devenir une voiture crampon ». Pour seule réponse, on lui a indiqué que le budget est trouvable sur le site de la commune. Un représenta­nt d’Indigo a bien essayé de répondre davantage, mais il a été très rapidement hué.

Loïc Masson, élu d’opposition et instigateu­r de la pétition, a lui aussi déploré le fait que la ville n’ait pas réalisé de réelle communicat­ion autour du stationnem­ent payant. « Beaucoup condamnent l’attitude de la ville de ne pas avoir organisé de concertati­on préalable au vote», souligne-t-il. Avant qu’il ne puisse finir sa prise de parole, l’édile le coupe, sous la huée générale. Celui-ci dément et indique que des réunions ont été réalisées avec des comités de quartier. «Les comités de quartier sont à la botte de la mairie », crie un administré.

Les questions se sont enchaînées, avec plusieurs rappels à l’ordre du maire. La réunion publique s’est terminée dans une ambiance tendue, avec des habitants peu convaincus par le projet.

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