La Marne (édition Meaux)

« Le mental, c’est 80 % de la performanc­e COURSE F4. d’un pilote », dans le casque d’Evan Giltaire

Champion de Formule 4 l’année dernière, Evan Giltaire, 17 ans, se prépare pour entamer sa saison de Formule régionale.

- • Aymeric FIGUEIREDO

MOUSSY-LE-NEUF

Il baigne dedans depuis qu’il est petit. Evan Giltaire, 17 ans, a grandi avec sa famille à Moussyle-Neuf avec un père mécanicien et manager d’une écurie. Ce jeune homme est dans le monde de la course depuis ses huit ans. Rien qu’en karting, il présente déjà un palmarès impression­nant. Vainqueur de la Coupe de France Cadet en 2018, champion de France Senior en 2022, vainqueur de la Finale Mondiale IAME X30 Senior en 2022 et vainqueur des SKUSA Supernatio­nals XXV de Las Vegas en 2022. Ce qui lui a permis, à titre gracieux, d’entrer en Formule 4 France en 2023. Lors de sa première fois dans une voiture de course en solitaire, le jeune homme dompte sa « monoplace » et finit champion de formule 4, à quatre unités du second au classement général.

Le jeune champion prépare son retour sur les paddocks avec ART Grand Prix, en Formule régionale, la catégorie supérieure [Championna­t entre la Formule 4 et la Formule 3, NDLR]. Entretien avec un enfant de Moussyle-Neuf, qui souhaite se faire un nom dans le milieu, et ressembler à Ayrton Senna.

➜ Comment préparez-vous votre entrée en formule régionale ?

La rentrée va débuter dans un mois à Barcelone, nous avons les tests de présaison. Puis, en mai, la première course. On a bien le temps de se préparer. La saison se terminera vers fin octobre. La préparatio­n a déjà débuté en fin 2023. J’ai participé avec mon équipe ART Grand Prix à deux courses de karting. Puis, il y a eu des tests hivernaux en novembre. On a été dans beaucoup de pays, et réalisé beaucoup de tests sur simulateur notamment. Après les fêtes de fin d’année, j’ai bossé mes cours d’anglais et de communicat­ion, en plus du sport. Mais la préparatio­n pour la voiture se déroule bien, le travail avec les ingénieurs se passe bien, donc on attend avec impatience ces tests à Barcelone, dans un mois.

➜ Vous parlez de cours, comment associez-vous les courses et les études ?

Ça a été compliqué à une période. Surtout à partir de mes 12 ans, quand j’ai été pris en pilote chez Sodikart [constructe­ur de karts français installé près de Nantes, NDLR], j’ai arrêté l’école en présentiel. Je suis passé au CNED, par correspond­ance, et ça pendant quatre ans. Ça m’a permis de jongler entre le sport-étude et l’école. À mes 16 ans, j’ai eu une grosse année de karting avec 33 courses et 40 semaines de déplacemen­t. J’ai donc fait le choix d’arrêter l’école, pour pouvoir me consacrer exclusivem­ent au sport auto. Je ne regrette pas ce choix. En tant que pilote, bien sûr que mon niveau d’anglais est important, donc je suis des cours pour perfection­ner ça. Et également des cours de communicat­ion, pour pouvoir être à l’aise en interview. Dès votre première saison en F4 en 2023, vous devenez champion. Qu’avez-vous ressenti ?

C’était une grosse saison. Il y a eu pas mal de surprises en début de saison, notamment la double pôle à Nogaro (Occitanie) et la victoire. Ensuite, de la performanc­e, malgré un manque de chance à MagnyCours (Nièvre) et à Pau (Nouvelle-Aquitaine). J’ai roulé sous la pluie pour la première fois. Il y a eu aussi de la déception en Italie, à Misano. Il y a eu des décisions sportives que je n’ai pas trop comprises. C’est comme ça. Mais surtout, c’était une grande fierté de gagner sur mon tracé préféré, Spa Francorcha­mps en Belgique. Il y a le Castellet (Provence-Alpes-Côte d’Azur), où je gagne mon titre en Formule 4, alors que je partais avec 28 points de retard.

➜ Vous avez entretenu une rivalité, lors de la saison 2023, avec votre ami Enzo Peugeot. Où en est votre relation en 2024 ?

On a toujours eu une bonne relation d’amitié avec Enzo et ça depuis le karting. C’est lors du week-end à Magny-Cours et à Misano qu’il y a eu des complicati­ons. Le sport fait que l’amitié peut être plus dure. Je pense que dans tous les sports c’est comme ça. Notre amitié en a été affectée, certes, mais aujourd’hui on a repris contact et ça va de mieux en mieux. Mais l’amitié en course, c’est impossible. On est là pour gagner et évoluer dans les catégories. Ces épisodes nous ont fait évoluer en tant que pilote et humain.

➜ Est-ce la même chose de conduire une voiture « normale » et une monoplace ?

Oui, il y a un volant et des pédales ! Maintenant, oui il y a d’autres critères qui entrent en compte dans une monoplace : le poids, l’adhérence, la puissance, les trajectoir­es, le freinage... on doit tout optimiser. Dans une voiture dite « classique », il y a moins de précision que dans une voiture de course. C’est nécessaire si on souhaite gagner. Chaque détail compte. Chez ART, il y a quatre ingénieurs pour quatre voitures, donc un par pilote. Les pilotes donnent leur ressenti sur la voiture ! Savoir si elle est trop survireuse ou sous-vireuse, s’il manque quelque chose ou si, au contraire, il y a des améliorati­ons.

➜ D’où vient cette envie de conduite ?

Forcement de mon père. Il a évolué dans ce monde-là et je voulais en être aussi. J’ai rêvé toute ma vie d’être pilote et de pouvoir conduire des bolides. Dès mes 3 ans, je roulais avec des petits quads et motos. Puis il y a eu le karting. Je suis chanceux, car c’est un sport qui coûte très cher et qui n’est pas forcement facile d’accès. Je passais tous mes week-ends libres à rouler avec mon père sur les circuits les plus proches.

➜ Comment s’entraîne-t-on au karting quand on grandit à Moussy-le-Neuf ?

Honnêtemen­t, si on se concentre sur le sport auto, il n’y a pas de club à proprement parler. On doit s’entraîner à l’autre bout de la France ou du monde. J’étais pensionnai­re de l’Associatio­n Sportive de Karting Rosny, mais j’ai toujours aimé ma ville de Moussy-le-Neuf.

Comment se prépare une course ?

Avec les ingénieurs, pour réaliser beaucoup de tests sur la voiture et sur le pilote. Il y a les séances de qualificat­ions pour déterminer notre place sur la grille de départ. Et enfin, la course en dernière étape. Pour les entraîneme­nts pilotes, on fait beaucoup d’exercice au poids de corps. Nos entraîneme­nts nous préparent pour les niveaux supérieurs. En Formule 4, je m’entraînais comme un pilote de F3.

➜ Qui est votre modèle ?

Ayrton Senna. C’est mon idole et celle de mon père. Je me reconnais en lui et la rivalité qu’il a eue avec Alain Prost m’a fasciné. Je regrette de ne pas avoir grandi durant cette période.

❝ Je suis pour la diversité dans les sports auto. Notamment sur la place des femmes. Elles ont leur place dans toutes les catégories. Elles peuvent faire aussi bien, voire mieux que les hommes. Je ne veux pas de différence ! EVAN GILTAIRE, pilote de Formule régionale

❝ J’ai eu la chance d’avoir mes sponsors. Je leur dois tout. Sans eux, je n’en serai pas là. EVAN GILTAIRE

❝ Le mental est primordial. Il faut savoir gérer ses émotions dans une course. EVAN GILTAIRE

➜ L’accès en F1 est très compliqué. Mais imaginons que vous intégriez une des dix écuries. Laquelle choisissez-vous ?

La Scuderia Ferrari. C’est le rêve de tout enfant. Mais je suis ouvert à toutes les opportunit­és. Ça peut être Mercedes, McLaren, Red Bull même Alpine, pour la France ce serait magnifique. Mais mon but, c’est de gagner dans une voiture, qu’importe la couleur.

➜ A une période, vous aviez une passion pour le bowling. Avez-vous encore le temps de pratiquer ?

Oui, j’ai même été vicechampi­on de France à mes 11 ans (rires). J’ai quitté ce sport depuis, mais récemment, je dois l’avouer, j’ai eu du temps pour faire quelques lancées. Mais c’est du divertisse­ment uniquement.

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Photo transmise à La Marne
Evan Giltaire est champion de Formule 4, à 17 ans. Photo transmise à La Marne

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