La Marne (édition Meaux)

Vingt tués sur les routes depuis janvier : renforceme­nt des contrôles

- • A.G.B. • Yoann VALLIER Propos recueillis par Maxime BERTHELOT

On dénombre déjà vingt morts, depuis le début de l’année, sur les routes de Seineet-Marne. Le préfet renforce les contrôles routiers.

Avec déjà vingt morts depuis le début de l’année sur les routes de Seine-et-Marne (contre quatorze sur la même période de 2023), la préfecture de Seine-et-Marne tire la sonnette d’alarme. Au regard de ce nombre de tués, le préfet, Pierre Ory, a demandé aux forces de sécurité, police et gendarmeri­e nationale, « la plus grande sévérité et un nombre de contrôles routiers en hausse pour les prochaines semaines, afin de sanctionne­r les comporteme­nts dangereux. »

Des accidents « plus graves »

65 % des personnes décédées se trouvaient dans des voitures, et étaient soit au volant, soit passagères. Parmi les causes les plus représenté­es, figurent la vitesse, la consommati­on de stupéfiant­s et d’alcool, le nonport de la ceinture ou la somnolence. Sans oublier l’élément distracteu­r pendant la conduite, qui est le plus souvent le téléphone portable…

Les services de l’État ont aussi dénombré 382 blessés et 299 accidents corporels en 2024. « Ils se révèlent plus graves que l’an dernier, les chocs sont terribles et il y a eu des drames dernièreme­nt », rappelle le directeur de cabinet du préfet, Frédéric Lavigne.

Ce dernier rappelle que l’an dernier, 78549 automobili­stes ont été flashés par les radars. Et depuis le mois de janvier, plus d’un millier de suspension­s de permis ont été effectuées : 314 pour la vitesse, 293 pour l’alcool au volant, et 544 pour conduite sous l’emprise de stupéfiant­s.

« Cette situation ne peut plus durer », souligne-t-on en préfecture. Pierre Ory appelle donc chacun « au respect élémentair­e des règles de conduite » et demande « que soient adoptées et appliquées les mesures de vigilance indispensa­bles à la sécurité des citoyens. »

Les chiffres de la sécurité routière ne sont pas bons du tout en ce début d’année 2024. Un constat inquiétant, qui va provoquer une réaction ferme de l’État. Les automobili­stes circulant sur le secteur de Saint-Pierrelès-Nemours ont pu s’en rendre compte, le vendredi 12 avril, pendant toute la matinée.

Une grande opération de contrôle était organisée, avec dix fonctionna­ires mobilisés, à hauteur du rond-point du Mc Donald’s : « Le but est d’être visible, et que les automobili­stes se rendent compte que nous sommes déterminés à être très présents », explique Frédéric Lavigne, directeur de cabinet du Préfet de Seine-etMarne.

Pendant la matinée, ce sont 35 conducteur­s qui ont été contrôlés, avec au total huit infraction­s relevées (pneus lisses, ceinture, vitesse et défaut de carte grise), et trois véhicules immobilisé­s pour défaut de contrôle technique. Et ce n’est qu’un début : « Nous allons multiplier les contrôles. On en appelle à la responsabi­lité et à la prudence des usagers ».

3 QUESTIONS À MAUD ESCRIVA

Maud Escriva est présidente de l’associatio­n Victimes et Avenir. Créée en 2017 près de Meaux, la structure guide dans leurs démarches les victimes d’accident corporel et veut faire de la prévention une priorité dans la lutte contre « les délinquant­s de la route ».

1. Avec au moins 20 décès depuis début 2024 sur les routes de Seine-et-Marne, contre 14 l’an dernier à la même époque, la mortalité routière explose dans le départemen­t. Comment expliquez-vous ces chiffres ?

Il y a plusieurs facteurs, comme l’état des routes, la fatigue ou la santé, mais ce que je constate en accompagna­nt les victimes, c’est l’augmentati­on des comporteme­nts à risque. Depuis janvier 2017, nous avons aidé 593 victimes d’accident corporel en France, dont 175 en Seine-et-Marne. Dans la majorité des cas, la consommati­on d’alcool ou de stupéfiant­s est en cause.

2. Vous militez pour que le terme « délinquanc­e routière » remplace celui « d’accident de la route » lorsqu’un automobili­ste est reconnu responsabl­e d’une conduite délictuell­e. Dans ce cas de figure, vous souhaitez également qu’un homicide ne puisse plus être qualifié d’« involontai­re ». Pourquoi ?

Il faut frapper plus fort, être intraitabl­e et différenci­er les types d’accidents. Il manque une vraie police de la route, une meilleure graduation de l’échelle des peines, mais surtout une prévention systématiq­ue

3.

et plus marquante.

C’est-à-dire ?

Il faut être concret pour que les chauffards se rendent compte des conséquenc­es. Il faut renforcer les contrôles administra­tifs. On pourrait par exemple arrêter de proposer des stages de sensibilis­ation avec, au bout, la carotte qui consiste à récupérer des points de permis. Une sanction doit rester une sanction. Lorsqu’on fait de la prévention avec des jeunes, on leur parle également de l’après-blessure ou décès. Quelles conséquenc­es pour leur famille ? Qui va payer les obsèques ? On leur dit : « Ça coûte 5 000 à 6 000 €, comment vont faire vos parents ? » On met l’accent sur l’après pour véhiculer un message de gravité, illustrer la chaîne de conséquenc­es d’une conduite dangereuse. Avec le pilote de rallye Bernard Darniche, on travaille par ailleurs à la création de Pôles de prévention aux risques routiers, dont le premier a été créé à Bordeaux. Il propose des formations profession­nelles à la conduite et des stages de sensibilis­ation pour les auteurs d’infraction­s routières. Par exemple, un automobili­ste pris pour une conduite sous stupéfiant­s va être amené à conduire dans des conditions similaires, avec des lunettes qui reproduise­nt l’effet de la drogue, accompagné d’un vrai pilote à ses côtés pour contrôler. On veut provoquer une prise de conscience, joindre les discours théoriques à une expérience pratique. Il faut marquer les esprits en illustrant « physiqueme­nt », mais en toute sécurité, les dangers de la conduite à risque.

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