Des croquis pour aider les pompiers sur le terrain
Dix sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne ont participé à une formation innovante autour de croquis opérationnel. Cet outil, inventé par René Dosne, doit permettre de guider les soldats du feu sur le terrain et aider à la prise de décision. Explications.
Quand des dessins peuvent guider les pompiers sur le terrain et aider à prendre les bonnes décisions. En ce mois d’avril, dix sapeurs-pompiers du SDIS 77 (Service départemental d’incendie et de secours) ont bénéficié d’une formation au croquis opérationnel. Ces dessins, réalisés sur le lieu d’un sinistre, doivent permettre d’aider les soldats du feu dans leurs missions.
« Il faut être réactif »
Le concept a été inventé voilà plus de 60 ans par René Dosne, un habitant de Nanterre (Hautsde-Seine) alors qu’il était étudiant en arts graphiques. « J’ai toujours dessiné en volumes et en perspective, se souvientil. Quand je tombais sur un incendie, je faisais des croquis pour m’entraîner. »
Il va alors proposer ses dessins à la Brigade des sapeurspompiers de Paris (BSPP), qu’il intégrera dans la foulée. « C’est là que j’ai mis au point ce concept, détaille-t-il. Jusquelà, les plans étaient en deux dimensions et je me suis rendu compte qu’en comprenant mieux l’environnement architectural d’une intervention, on pouvait faciliter la compréhension des lieux et des intervenants. »
Aujourd’hui âgé de 77 ans, le lieutenant-colonel, désormais en retraite, continue de former des pompiers à cet outil désormais utilisé au niveau national. Sa technique s’est notamment fait connaître lors de l’incendie de Notre-Dame, à Paris, en avril 2019.
Trois sites d’exercice
« On ne pose pas un chevalet dans la rue, prévient-il. Il faut être parmi les premiers sur les lieux, prendre attache avec les responsables du site, trouver les plans : être réactif. » Objectif : proposer un premier croquis opérationnel en 15 minutes.
En Seine-et-Marne, les stagiaires ont pu s’exercer sur trois sites : le théâtre municipal de Fontainebleau, le château de Vaux-le-Vicomte à Maincy et les silos de Vaux-le-Pénil. « C’est un outil complémentaire aux drones ou aux photos », estime-t-on au Sdis77. Les scénarios étaient identiques : des incendies fictifs qui touchaient la partie supérieure de ces édifices.
« Grâce aux croquis, on peut visualiser le lieu du sinistre, les accès les plus simples et ainsi faciliter les opérations sur le terrain », poursuit-on chez les pompiers de Seine-et-Marne. Ces dessins ne sont pas seulement réservés aux incendies, ils peuvent être utilisés pour d’autres sinistres comme un accident ferroviaire, un effondrement de bâtiment voire un accident d’avion.
Après cette formation, les dix pompiers répartis dans tout le département vont mener une expérimentation pour mesurer les impacts de ces dessins sur les interventions les plus importantes. Mais les croquis pourraient aussi être utiles pour des exercices ou retours d’expérience.
Avant la Seine-et-Marne, René Dosne a formé des dessinateurs chez les pompiers de Paris, mais aussi dans tout l’Hexagone : de l’Essonne à la Normandie en passant par la Vendée et le Pas-de-Calais, mais également à l’étranger puisque les pompiers de Genève utilisent eux aussi ses dessins.