Marine Le Pen entend renaître
La présidente du parti s’en est pris à la « folle politique immigrationniste »
Marine Le Pen s’en est prise avec virulence à la « folle politique immigrationniste » de L’UE lors de sa rentrée hier à Fréjus (Var), creusant le sillon partagé avec ses alliés nationalistes qui ont le vent en poupe en Europe.
«Aujourd’hui, les préfets n’ont plus qu’une seule activité, l’implantation des migrants », a affirmé la présidente du Rassemblement national devant quelque 800 militants réunis dans le théâtre de Fréjus. « Pour cette folle politique, qui exaspère une majorité de Français, l’argent coule à flots » alors qu’il « n’y a jamais eu d’argent pour les SDF », atelle fustigé.
La finaliste de la présidentielle en 2017 s’en est prise aussi à Emmanuel Macron, soumis à cette politique selon elle, et qui « ne marche pas mais rame ». Le président, qui a endossé le rôle de premier adversaire des « nationalistes » en Europe, apparaît au coude à coude avec le RN dans un sondage Odoxa sur les élections européennes paru jeudi (21,5 % pour LREM contre 21 % pour le RN). Un score semblable à celui de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle salué par les militants réunis à Fréjus.
Finances plombées
Le matin, les élus ont entendu, « ravis », l’essayiste Hervé Juvin, inconnu du grand public, proche de la Nouvelle droite, leur parler d’écologie, un thème que le RN voudrait développer pour séduire les classes moyennes et supérieures. Hervé Juvin, cité pour conduire la liste du RN, a été mentionné plusieurs fois par Marine Le Pen dans son discours.
Malgré l’affaire des emplois fictifs au Parlement européen, pour laquelle Marine Le Pen est à nouveau convoquée par les juges en octobre, Caroline André, conseillère municipale de Cagnessurmer (Alpes maritimes) « n’est pas inquiète » pour la cheffe du RN. Cette enquête a plombé les finances du parti, déjà très endetté. Les juges ont ordonné fin juin la saisie de 2 millions d’euros d’aide publique due au RN, craignant que le parti n’utilise cet argent pour rembourser ses dettes au lieu de payer d’éventuels dommages.
Le RN risque en outre un nouveau procès sur le financement de ses campagnes en 2014 et 2015.
« Ce sont des persécutions », selon les dirigeants du RN. Bien qu’à court d’argent, le RN a présenté plusieurs tracts à Fréjus, dont l’un montre Marine Le Pen à côté de son allié italien devenu ministre de l’intérieur, Matteo Salvini.
« Islamisation »
« Avec nous, l’aquarius (bateau humanitaire interdit de venir en Italie, N.D.L.R.) n’accostera plus sur les côtes françaises », a promis Marine Le Pen, en référence à une décision controversée de Matteo Salvini, et en
présence de représentants de la Ligue italienne et du FPÖ autrichien. Longtemps son inspiratrice, Marine Le Pen entend profiter de l’expérience de son ami au pouvoir depuis mai.
Maximilian Krauss, représentant des jeunes du FPÖ, a dénoncé à Fréjus « l’islamisation (du) continent », et plaidé pour « une renaissance des cultures ». « Oui à l’europe des peuples, non à l’europe des technocrates et des spéculateurs », a déclaré le député de la Ligue Flavio di Muro.
EURO OU PAS EURO ? Hier à Fréjus, Marine Le Pen n’a en revanche pas abordé la question de la sortie de l’euro, qui divise ses électeurs et n’est plus la priorité du RN.