Les mesures qui accompagnent la rentrée scolaire
■ D’année en année, de plus en plus d’élèves seraient paniqués à l’idée d’aller en cours
Ce n’est pas qu’ils détestent l’école. Ils la vomissent, au sens propre. Incapables d’aller en cours, car atteints de « phobie scolaire », ils souffrent d’un réel handicap qui, souvent, abouti à leur déscolarisation.
Ils vomissent, ils hurlent, ils pleurent, ont mal au ventre, à la tête : surtout, ils ont peur. Peur d’être regardés, jugés, d’échouer, de ne pas être aidés. Peur d’affronter le regard des autres, « peur de mourir s’ils franchissent la porte du collège » comme Flavie, 28 ans, aujourd’hui. Peur parfois au point de « préférer mourir que d’y retourner ».
« J’ai menacé ma mère de me jeter sous les roues d’une voiture », témoigne encore Flavie « et je l’aurais fait ». Des cas ex trêmes de phobie scolaire, peutêtre. Mais le mal est bien réel et tendrait à se développer, selon le constat d’associations et de professionnels de santé.
« On croit être un cas isolé et puis, en discutant, on s’aperçoit que d’autres, autour de soi, ont vécu des choses similaires sans toujours oser en parler », raconte Nathalie (1), maman d’un garçon déscolarisé pendant près d’un an à l’école primaire. Le mal n’est pas nouveau, non plus. Mais n’a pas toujours été pris au sérieux. « Le médecin pensait que je faisais la comédie », témoigne Aurore, 30 ans.
« La phobie scolaire, c’est tout sauf une paresse », assure Nathalie. « Ce n’est pas l’école buissonnière et c’est vécu comme un échec par l’enfant car ne pas aller à l’école, c’est afficher une différence alors que tous les enfants veulent être dans le moule ». Derrière chaque phobie scolaire, il y a une histoire particulière, une histoire de souffrance. Des enfants « hyperactifs », « dys » (2) ou « précoces » mal accompagnés et qui perdent pied au collège ou même avant.
Des enfants harcelés par des élèves ou brimés par des enseignants, beaucoup. Des élèves déscolarisés et des familles ébranlées qui se battent pour aider leur enfant.
« J’ai trouvé peu de soutiens sauf auprès du groupe Facebook de l’association Phobie scolaire », explique une maman. « On m’a dit que c’était moi le problème », témoigne une autre. « J’ai lu beaucoup d’ouvrages. On y trouve peu de solutions et la plupart conseillent de maintenir le lien avec l’école alors que c’est bien souvent là le noeud du problème », ajoute Nathalie qui a aidé son fils « à reprendre confiance » « en l’éloignant plusieurs mois de l’école.
« J’en ai tiré la leçon que beaucoup de choses pourraient se régler si on manifestait plus de bienveillance envers les enfants au sein de l’école. En étant à l’écoute et dans le dialogue », ditelle. ■
(1) Le prénom a été changé. (2) Les troubles “dys” sont des troubles cognitifs sans déficience intellectuelle : dyscalculie, dyslexie, dyspraxie, dysphasie…
« C’est tout sauf une paresse »
FLÉAU. La phobie scolaire, un handicap qui tient trop d’enfants loin de l’école.