Jusqu’à trois ans ferme pour blanchiment
■ Deux hommes avaient été arrêtés avec 55.000 euros
Lundi 24 avril 2017. 23 heures. Les gendarmes procèdent au contrôle d’une Peugeot 308, au péage de Thiers, sur l’autoroute A89.
Dans le véhicule se trouvent deux hommes. Mais surtout, des liasses de billets. Au total, près de 55.000 euros. Le duo affirme se rendre à Lyon puis en Allemagne pour acheter une berline.
Le conducteur et le passager, au terme d’une enquête longuement remise en cause par la défense, ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de ClermontFerrand pour blanchiment d’argent issu d’un trafic de stupéfiants.
Hier, à l’audience, les deux prévenus, âgés de 23 et 27 ans, ont nié tout blanchiment frauduleux lié à un trafic de drogue. « Trafic sur lequel on ne nous apporte aucun élément concret, ni sur les auteurs, ni sur les tenants et aboutissants », a martelé Me Canis.
Le plus jeune, Younes Bechar, a revendiqué la propriété de 7.000 euros sur le total de la somme saisie. Produit de ses « économies » réalisées grâce à son travail. Le reste appartenait au plus âgé, Habib Otsmane, qui a justifié l’origine des fonds de diverses manières : gains aux paris sportifs, vente de véhicules et prêt familial. « J’ai fourni des justificatifs pour tout », atil insisté. Une de ses proches a même été appelée à la barre pour attester du prêt de 13.000 euros qu’elle lui avait accordé. Pour Florence LerouxGhristi, au parquet, aucun doute sur l’origine de l’argent : « Des expertises réalisées sur une partie des billets ont démontré qu’il avait été en contact avec du cannabis ou de la cocaïne à des pourcentages élevés. Et dans le téléphone retrouvé dans le véhicule, on trouve quand même des notes mettant en avant des con tacts, des dettes et des comptes. » Elle a requis quatre ans de prison contre Habib Otsmane, « en récidive légale car déjà condamné pour trafic de stupéfiants ». Et dixhuit mois dont six avec sursis à l’encontre de son coprévenu.
Relaxe plaidée
En défense, Me Canis a plaidé la relaxe. Selon lui, « pour qu’il y ait blanchiment, il aurait fallu prouver le lien entre l’argent et le trafic et ça n’a jamais été fait ». « Ce qu’il y a dans le téléphone, sur les dates et les heures, est invérifiable selon l’expert, atil souligné. Quant aux traces de drogue sur l’argent, je rappelle qu’aux ÉtatsUnis, il y en a sur 90 % des billets. »
Après une heure de délibéré, le tribunal a reconnu les deux hommes coupables. Habib Otsmane a été condamné à trois ans d’emprisonnement ferme. Younes Bechar à dixhuit mois dont six assortis du sursis (*). ■
(*) La Montagne publie les identités des personnes condamnées à partir d’un an de prison ferme.
ESPÈCES. Le tribunal a ordonné la confiscation des 55.000 euros saisis dans la voiture.