Qualité, nouveauté, rareté... autant d’atouts qui plaisent
Ceux-là n’ont aucun a priori : ils vivent et travaillent loin d’Auvergne et jugent en toute impartialité.
Car l’a priori, c’est le premier ennemi du vin d’Auvergne. Ailleurs, à Paris, et plus encore à l’étranger, en Angleterre, aux ÉtatsUnis, au Japon, tous les vins français bénéficient du même a priori positif. Le choix se fait ensuite sur la qualité, juste la qualité.
« J’ai découvert ça à New York explique Pierre Desprat : ça plaît ou ça ne plaît pas, c’est on ou off. Notre Basalte a plu, on le vend 34 € làbas contre 14 € ici et ils en redemandent. Notre seul problème, c’est d’en avoir assez ! »
Richard, lui, est Wine Master en Angleterre. Grand spécialiste des vins de Loire – en Angleterre, le vin d’Auvergne fait partie de cette catégorie – il a depuis longtemps intégré le vin d’Auvergne à son catalogue et le propose aux grossistes du pays : « Ce qui nous intéresse dans ces vins, c’est qu’ils sont uniques, du fait des sols volcaniques et de l’altitude des vignobles, ce qui leur donne un profil d’arômes très distinctif. Nous expliquons à nos clients qu’ils se rapprochent à la fois des vins de Loire et des bourgognes, avec ces cépages pinot noir et char donnay, mais avec des prix bien plus intéressants : à 10 livres la bouteille, c’est très bon marché compte tenu de leur qualité ».
Lionel Lamadon, lui, est Clermontois, mais installé à Bristol d’où il importe des vins de toute la France pour la restauration, et alimente le site Web Wine Trail. « L’Auvergne n’est pas la première région qui vient à l’idée des Anglais. Ses vins restent peu connus, et relativement chers. Ils sont donc particulièrement appréciés des hipsters, dans les quartiers de l’Est de Londres où tous les hommes ont la barbe bien taillée, où l’on peut les trouver, assez chers, sur les belles tables étoilées où le sommelier est un peu aventureux. Certains vins marchent bien : Patrick Bouju, François Dhumes, Jean Maupertuis, Vincent Tricot, Pierre Beauger, mais on se heurte au problème de la disponibilité. »
Benoît Gauthier, qui tient le restaurant Le Grand Pan à Paris, dans le XVe, a depuis longtemps converti ses clients : « J’en ai beaucoup à ma carte. Les rouges sont très corrects, mais les blancs sont absolument exceptionnels : je vends La légendaire 46 € la bouteille, et 7 € le verre, et tous mes clients qui y ont goûté y reviennent. Du coup, je dois être devenu un des plus gros revendeurs de Paris. » ■
LIONEL LAMADON. Un des principaux spécialistes anglais des vins de Loire… et d’Auvergne.