Légumes en chambre
La première centrale vitivoltaïque française, qui combine vignes et panneaux solaires, a été inaugurée à Tresserre (PyrénéesOrientales) dans le cadre d’un projet expérimental. Quelque 8.800 tonnes de glyphosate ont été vendues en France en 2017, un chiff
FUL Produire fruits et légumes au coeur des métropoles au plus près des consommateurs, le phénomène, parti du Japon, touche désormais l’Europe. La FUL (ferme urbaine lyonnaise) fait figure de pionnière dans l’Hexagone : son module aux performances ébouriffantes entre en phase de commercialisation.
Le nouveau stade de l’Olympique Lyonnais n’est qu’à deux petits ponts de là. Au milieu d’immeubles de bureaux et d’usines, dans ce quartier un rien sinistre de DécinesCharpieu (Rhône), l’une des attractions du moment de l’agriculture française passe presque inaperçue. Seules trois lettres vertes sur la façade grise en tôle ondulée permettent de localiser l’endroit.
FUL pour Ferme urbaine lyonnaise, trois lettres synonymes de buzz médiatique assuré. À l’intérieur, rien de bien spectaculaire de prime abord. Derrière une vitre, le visiteur, aveuglé par un éclairage digne d’un concert de Beyoncé, découvre un empilement de bacs où poussent persil, basilic, poivrons nains et toutes sortes de petits légumes, dont les semences sont fournies par Vilmorin Mikado, filiale du groupe auvergnat Limagrain.
Le module de 110 m² pour une SAU (surface agricole utile) de 84 m², développé depuis 2014 par la startup avec l’Insa (Institut national des sciences appliquées) de Lyon, est désormais au point. Ses performances ont de quoi faire rêver les professionnels. Des rendements annuels 54 fois supérieurs par rapport à une culture en serre pour le basilic, 137 fois pour la coriandre et jusqu’à 478 fois pour la ciboulette grâce à des journées avec 18 heures de lumière.
Le prix du module, 1 million d’euros, avec un robot qui effectue l’ensemble des travaux de manipulation et garde l’espace quasi stérile, n’est certes pas à la portée de toutes les bourses mais trois investisseurs devraient sauter le pas début 2019 (lire cidessous). C’est que le concept imaginé par les trois associés fondateurs de la startup lyonnaise, basé sur l’hydroponie en étages, présente, sur le papier, outre sa productivité des atouts difficilement égalables.
« Grâce aux led, nous sommes capables de reproduire l’intégralité du spectre lumineux, de supprimer les aléas climatiques et donc d’avoir en permanence une production homogène et des forts rendements. Nous apportons à la plante l’ensoleillement de la meilleure heure de la meilleure journée et de la meilleure saison pour elle. Pour chaque plante, nous sommes en mesure de reproduire tous les climats du monde, de moins 10 °C à plus 40 °C. Ce qui nous permet aussi de faire sursécréter les plantes en substances actives et ainsi produire pour la pharmacie et la cosmétique », avance Philippe Audubert, l’un des trois mousquetaires et actuel directeur général.
Les promesses de la FUL ne s’arrêtent pas là. Ces concepteurs garantissent une économie d’eau de 94 % et une production zéro pesticide. « L’eau et les nutriments montent par le bas dans les bacs. Et ce qui n’est pas absorbé par les plantes est récupéré, recyclé et réutilisé. Ce système permet de limiter les risques de développement de bactéries et de maladies. Mais aussi de limiter considérablement la consommation d’eau. Pour produire une salade en plein champ, 25 à 30 litres sont nécessaires contre 30 centilitres avec cette méthode. Quand on sait que l’agriculture consomme 70 % de l’eau en France… Enfin, comme il y a moins d’eau dans le végétal, il est composé de plus de matière sèche, de molécules et possède, au final, plus de goût. Sur une roquette, nous avons mesuré une augmentation de 109 % de la vitamine A. Au Japon, une salade sans potassium est spécialement produite pour les gens souffrant d’insuffisance rénale », poursuit Philippe Audubert.
Reste qu’avec un coût de production d’une salade autour de 5 €, le concept de la FUL ne sera pas rentable pour toutes les productions en France métropolitaine. Il sera indispensable de cibler des variétés à haute valeur ajoutée. « En revanche, dans les îles du Pacifique, où les salades d’importation sont vendues 8 €, cela devient viable. Tout dépend de l’endroit et des productions », complète le directeur, qui parle d’un retour sur investissement en cinq ans. ■
« L’ensoleillement de la meilleure heure de la meilleure journée et de la meilleure saison »
ATOUTS. Le système d’éclairage led permet de reproduire l’intégralité du spectre lumineux du soleil et donc tous les climats du monde 365 jours par an, ce qui signifie la fin des aléas climatiques et une production homogène.