■ Une alliance inédite et stratégique
L’arrestation de Carlos Ghosn pour malversations présumées plonge l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi dans l’incertitude. Le dirigeant de 64 ans est la clef de voûte du premier groupe automobile mondial, dont il a été le bâtisseur, mais il n’a aucun successeur désigné. Le patron franco-libanobrésilien semble indispensable au fonctionnement de l’attelage franco-japonais, qu’il a hissé au premier rang mondial, avec 10,6 millions de véhicules l’an dernier, dépassant Toyota et Volkswagen. Dans une industrie automobile où la majorité des rapprochements se sont historiquement soldés par des échecs, surtout entre constructeurs de pays différents, le dirigeant polyglotte a réussi le pari de surmonter les rivalités de ses équipes d’ingénieurs. Plutôt que d’imposer une prise de pouvoir chez Nissan, ou bien chez Mitsubishi, Carlos Ghosn a pensé l’alliance comme un ensemble aux équilibres complexes, préservant l’autonomie de chaque entreprise. Le groupe est constitué d’entreprises distinctes liées par des participations croisées non majoritaires. Renault détient 43 % de Nissan, qui possède 15 % du groupe au losange. Depuis 2016, Nissan possède aussi 34 % de son compatriote Mitsubishi.