Le Jeu royal d’Ur, de retour en Irak après des millénaires sous terre
Sur le plateau de jeu en bois orné de symboles de l’ancienne Mésopotamie, Hochmand Mouafaq avance son pion d’autant de cases que l’indique le dé triangulaire. Cet artisan kurde est l’un des premiers à accomplir ces gestes depuis des millénaires en Irak. En faisant revivre le Jeu royal d’Ur, il cherche à « montrer aux gens ce que nous avions avant » : quand l’Irak n’existait pas encore et que les civilisations sumérienne, akkadienne, assyrienne ou babylonienne se succédaient dans le Croissant fertile. Le Jeu royal d’Ur était à l’époque aussi populaire que l’est le backgammon aujourd’hui dans cette région. Avant de tomber mystérieusement dans l’oubli. Ce n’est qu’en 1922 qu’un plateau a été découvert lors de fouilles dans le cimetière royal d’Ur, l’une des plus vieilles villes au monde, dans le sud du pays. Il aura fallu plus de 50 ans aux spécialistes du British Museum pour parvenir à en traduire les règles, découvertes en écriture cunéiforme sur des tablettes de terre cuite vieilles de plus de 2.000 ans. Irving Finkel, conservateur du musée, décrit un jeu audelà du simple divertissement. « Certains joueurs pariaient des tournées d’alcool ou même des femmes », assuretil. ■