Démonstrations de force
■ TOURNANT. 89.000 policiers et gendarmes ont fait face à 125.000 Gilets jaunes en France pour une quatrième journée de manifestations moins heurtée. Après ces démonstrations, une réponse politique est attendue. ■ ALLIER. À Vichy, 400 personnes ont participé à la marche jaune « contre l’injustice sociale et fiscale » et d’autres opérations de filtrage se sont poursuivies dans le département.
Acte IV
Alors que la mobilisation a été forte en Auvergne, hier, et s’est déroulée dans le calme, notamment à Clermont-Ferrand avec 1.500 Gilets jaunes, des scènes de violences ont éclaté une nouvelle fois au Puy-en-Velay (Haute-Loire), rapidement canalisées par les forces de l’ordre plus nombreuses que la semaine dernière.
Il est un peu plus de 15 h 30. Devant la mairie du PuyenVelay, plusieurs Gilets jaunes viennent défier les forces de l’ordre déployées en arc de cercle pour protéger le bâtiment. Jusquelà plutôt bon enfant, avec son cortège coloré de 1.500 à 2.000 personnes qui défilent en centreville tout en demandant la démission d’Emmanuel Macron, le mouvement prend, à ce momentlà, un virage. La tension monte d’un cran.
Elle est perceptible. Moins d’une heure plus tard, devant la préfecture où les manifestants ont pris à nouveau position, un panneau en feu est déposé sur la grille. L’étincelle avant l’explosion. Et ce d’autant que la nuit ne va pas tarder à envelopper la cité.
Odeur de poivre
Feu de palettes, pétards, pavés, bouteilles… les forces de l’ordre répliquent par des jets de gaz lacrymogène. Ces scènes font penser à celles de la semaine dernière à la différence que policiers et gendarmes de HauteLoire bénéficient du soutien de mobiles (*), dont la présence en nombre permet de disperser rapidement les groupes, con
traints de déserter la place du Breuil envahie par une fumée blanche, à l’odeur de poivre, qui prend à la gorge et au nez. Ils se réfugient dans les rues commerçantes du centre ancien ou de chaque côté de la place. Certains, bien décidés à poursuivre l’affrontement le plus longtemps possible, attendent que le gaz se dissipe pour aller provoquer à nouveau les militaires. D’autres décident d’aller au centre des impôts pour y allumer un incendie qui se limitera à un feu de poubelles. Les sapeurspompiers interviennent, une équipe de mobiles bloque ensuite la rue.
Huit personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre
Place du Martouret, devant l’hôtel de ville, même scénario, l’édifice est placé sous bonne garde. Boulevard SaintLouis, quelquesuns n’hésitent pas à déterrer des pavés pour les jeter sur les forces de l’ordre. Ils s’en prennent aussi à du mobilier urbain : panneaux, poubelles, bancs…
Et sur le Breuil, fermé à la circulation par des camions de la Ville, le « désordre urbain », qui n’a rien de comparable avec la « guérilla » de la semaine dernière, se transforme en jeu de chat et de la souris quand, un peu avant 19 h 30, un hélicoptère de la gendarmerie effectue ses premières rotations de façon à localiser les casseurs, entre le haut du boulevard et la statue de Lafayette, pour faciliter le travail des hommes au sol.