La première mondiale tombe à l’eau…
Les deux hydroliennes n’étaient déjà plus sur site depuis plusieurs mois. EDF et ses partenaires ont annoncé la fin des essais menés à PaimpolBréhat depuis 2011.
Quatre hydroliennes à l’été 2012, c’était le projet annoncé en 2008 pour le site de PaimpolBréhat.
EDF et ses partenaires d’alors l’affirmaient, le raccordement au réseau de ces machines serait une « première mondiale » avec une capacité installée de 2 MW.
Lundi 6 novembre, EDF et Naval Energie ont indiqué que l’expérimentation sur les deux hydroliennes Openhydro est close.
« EDF et Naval Energies ont tiré le retour d’expérience de la construction, de l’immersion et des essais des hydroliennes OpenHydro sur le site expérimental de Paimpol-Bréhat ».
Recentrage en Normandie
Qualifiée de « phase importante de développement » l’expérience est terminée. Les activités se recentrent sur la Normandie.
Les deux hydroliennes paimpolaises avaient d’ailleurs été immergées dans le Raz Blanchard dès 2016 et récupérées au premier semestre 2017 pour en tirer différentes données.
Raz-Blanchard
Toujours selon EDF, le retour d’expérience de Paimpol-Bréhat bénéficiera en particulier à la ferme expérimentale de la Baie de Fundy (Canada), il s’agit du projet Cape Sharp mené par Naval Group.
C’est désormais sur le RazBlanchard que vont se porter les efforts en matière d’énergie hydrolienne. C’est sur ce site aux très forts courants que devraient être installées sept machines.
« Une fois la technologie confirmée sur le projet expérimental canadien de Cape Sharp, EDF sera en capacité de lancer la phase industrielle du projet Normandie Hydro » indique l’opérateur électrique.
Avenir du site ?
Le site de Paimpol-Bréhat reste sous concession EDF mais son devenir n’est pas encore précisément défini.
L’entreprise dit souhaiter qu’il reste un site d’essai pour d’autres technologies hydroliennes pour EDF ou d’autres exploitants. Toutefois, les décisions sur son avenir ne seront pas connues dans l’immédiat.
Déboires
On est bien loin du projet d’immersion de quatre machines. Depuis 2008, les déboires et retards se sont accumulés. Et en 2014, l’Etat a donné le coup de grâce. Le site de Paimpol-Bréhat ne serait pas le site d’essai national prévu mais un simple site d’expérimentation environnementale et d’impact sur le milieu marin. Des tests de raccordement ont bien eu lieu mais l’expérience s’arrête là.
Facture
Reste la facture. Initialement, elle était de 40 millions d’euros dont 7,2 millions d’argent public. EDF n’a pas souhaité communiquer sur les surcoûts. Notamment celui occasionné par la rupture d’un câble de la barge qui tractait une hydrolienne en rade de Brest, en 2012. La machine était restée plusieurs mois au fond.
Si l’expérience paimpolaise « a livré tout ce qu’elle pouvait livrer » pour les chercheurs, l’arrêt de l’expérience laisse un goût amer localement.
En premier lieu au maire de Paimpol et vice-président du Conseil départemental, JeanYves de Chaisemartin, qui a appris la nouvelle par la presse.
« Mépris d’un territoire »
Il juge la décision d’EDF « aussi brutale qu’incompréhensible » et dénonce un « échec industriel » doublé « d’un mépris affirmé pour tout un territoire ».
« Au final, ce ne sont que 2 hydroliennes qui auront été testées pour un montant d’au moins 70 millions d’euros ! Autant pour le portefeuille des usagers et des contribuables, vu que le projet avait été largement subventionné notamment par le Conseil Régional de Bretagne. C’est vrai que la nuance est de taille, mais leur repli sur le Raz Blanchard reste le déni de toutes démarches engagées sur plusieurs années et construites avec un territoire et ses acteurs économiques ».
M. Lelchat