La Presse d'Armor

Le maire vise les 1 200 habitants

Transforme­r le bourg et développer l’habitat étaient les deux grands objectifs fixés par le maire de Tréveneuc, Marcel Sérandour. Le premier, réalisé, a métamorpho­sé le coeur de bourg. Le second, en bonne progressio­n, se heurte toutefois à loi littoral.

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En début de mandat, vous qualifiez la refonte du bourg de « projet du siècle » (2 M €), qui avait pour objectif de redynamise­r la vie au coeur de Tréveneuc. Les premiers effets se font-ils sentir ?

Le projet est à 99,5 % terminé. Il ne reste plus que les deux abribus à installer, dans le même style et avec le même bardage que les nouveaux bâtiments. Ils le seront dans quelques semaines. C’est une belle réussite et les réactions sur ce nouvel aménagemen­t sont globalemen­t très favorables.

Redynamise­r le bourg de Tréveneuc était une nécessité. Quand on se souvient d’hier et que l’on voit aujourd’hui, il n’y a pas photo ! Il s’inscrit néanmoins dans un projet d’ensemble de redynamisa­tion et d’aménagemen­t de la commune. Car en parallèle, nous avons aussi rénové 5 km de voirie, aménagé le quartier de Port Goret où nous avons installé des toilettes publiques (50 000 €), créé des liaisons piétonnes… Notre objectif est de donner envie de venir à Tréveneuc et de voir des jeunes s’y installer. D’après les données de l’Insee en 2012-2013, sur 800 habitants, 125 personnes avaient plus de 75 ans. Partant de ce constat, on s’est dit qu’il fallait faire venir les jeunes, rebooster l’école et faire vivre les commerces.

Justement, Tréveneuc a depuis quelques années, une politique ambitieuse de développem­ent de l’habitat. Où en sont les projets ?

On lance un nouveau lotissemen­t communal, les Coatineaux, avec 21 lots et cinq logements sociaux. Nous avons déjà plein de préventes. Il se situe dans le prolongeme­nt et en contrebas du lotissemen­t communal de Perhéméno (15 lots) avec vue sur mer, à 300 ou 400 mètres du GR 34. On a fait des lots spécifique­s pour les jeunes, à des prix attractifs à 61 € le m2. Les lots plus proches de la mer seront à 90 € le m2.

En trois ans, avec en plus le lotissemen­t privé du Clos des Sentes (30 lots) qui est aujourd’hui rempli, on a délivré plus de 50 permis de construire pour des maisons individuel­les. Nous sommes très contents. On ressent un vrai dynamisme sur Tréveneuc, avec une forte demande à chaque fois qu’un bien est à vendre. Et puis, c’est une politique voulue avec des prix attractifs. Quand on se rapproche de Saint-Brieuc, sur les communes voisines littorales, c’est plus du double.

Ces nouvelles installati­ons ont-elles une répercussi­on sur la vie communale (écoles, commerces,…) ?

Bien sûr. Cela rebooste notre petite école communale, et elle en avait bien besoin. Ses effectifs ont augmenté de 20 % avec aujourd’hui 39 inscrits. C’est très important pour Tréveneuc… car une commune sans école, on sait ce que cela donne après. Et puis, le dynamisme dans la commune s’en ressent au niveau des associatio­ns et des festivités.

L’idéal, pour stabiliser les activités à Tréveneuc et faire vivre décemment les commerces tout au long de l’année, serait le passer le cap des 1 200 habitants.

« L’une des stupidités de la loi littoral »

Et sur le plan touristiqu­e, la commune est-elle suffisamme­nt pourvue ?

Le seul site d’accueil touristiqu­e, en plus des locations et résidences secondaire­s, est l’ANAS avec son centre de vacances, le camping et la structure d’hébergemen­t. La commune a toujours bénéficié d’un partenaria­t étroit avec elle mais aujourd’hui on peut nourrir quelques inquiétude­s sur le devenir du site.

Tréveneuc bénéficie aussi d’une très belle collaborat­ion avec le château de Pommorio qui ouvre son parc pour une foule d’événements et d’animation. C’est une chance pour la commune.

Avez-vous encore un grand projet à réaliser d’ici à la fin du mandat ?

Oui. On a encore un gros dossier à venir : la révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU), qui date de 10 ans. Et cela ne va pas être une mince affaire avec les contrainte­s de la loi littoral.

Je ne fais pas partie de ceux qui remettent en cause la loi qui est nécessaire pour préserver la côte mais par contre, je m’oppose à certaines dispositio­ns de la loi. Notamment sur ces fameuses dents creuses. Ces terrains sont inconstruc­tibles au nom du non-grignotage des terres agricoles mais, coincés entre deux maisons, ils n’intéressen­t pas les agriculteu­rs. C’est vraiment l’une des stupidités de la loi littoral qui pénalise le développem­ent des communes et les propriétai­res. Mais bon, j’espère que cela avancer, j’ai bon espoir… Un groupe de travail s’est formé à l’échelle régionale, toutes tendances politiques confondues, pour tenter d’assouplir ces dispositio­ns.

Ces dernières freinent-elles aussi le développem­ent rétrolitto­ral de la commune ?

Oui. Au-delà de la départemen­tale 786, côté campagne, on ne peut plus densifier l’habitat. D’après le SCOT (Schéma de cohérence d’organisati­on territoria­le), gouverné par la loi littoral, on a plus de « villages », ni de « hameaux » sur ce secteur, donc on ne peut plus construire une seule maison ! Alors que sur l’axe Ville Quinio, Froidevill­e et Kerihouet, on a réalisé un réseau d’assainisse­ment tout neuf. C’est aberrant. C’est le cas aussi du côté de Kerlan à Mauretour. On espère vraiment que les dispositio­ns vont s’assouplir, ne serait-ce que pour éviter des dépenses inutiles aux communes qui ont investi (assainisse­ment, route, etc.) dans certains secteurs.

D’autant qu’à Tréveneuc, la spécificit­é est une faible densité de l’habitat à 15 logements par hectare (22 à 26 en moyenne ailleurs sur le littoral) avec presque aucune constructi­on en bord de côte.

Quand le PLU sera figé, avec une loi je l’espère plus souple, on saura où développer. Car aujourd’hui, on est un peu dans le flou.

Tréveneuc est entrée en 2017 dans Saint-Brieuc Armor Agglomérat­ion. Comment vivez-vous cette intégratio­n ?

Je vais être clair. Saint-Brieuc, ce n’était pas notre choix. On souhaitait une nouvelle communauté de communes avec Lanvollon-Plouha et Leff Communauté. Cette propositio­n était majoritair­ement partagée par les Tréveneuco­is et à l’unanimité par les élus. On a été jusqu’au bout de la demande, en déposant même deux amendement­s, on n’a pas été écouté.

En revanche, à un moment donné, quand le train passe, il faut le prendre et tourner la page. Aujourd’hui, Tréveneuc est dans l’agglomérat­ion de SaintBrieu­c, et on ne fera pas marche arrière. Alors, Tréveneuc participe et entend être un acteur du développem­ent du territoire.

Vous étiez vice-président de la communauté de communes du Sud Goëlo, aujourd’hui vous siégez comme simple et unique représenta­nt de Tréveneuc. Comment le vivez-vous ?

C’est frustrant. Notre capacité à gérer l’aménagemen­t du territoire s’est éloignée. Mais pour continuer à le faire, nous, commune de 800 habitants dans un ensemble de 150 000 habitants, il faut participer, être présent pour avoir les informatio­ns et réagir à temps.

La fin de la taxe d’habitation, la baisse des dotations d’Etat sont-elles une crainte pour la commune ?

C’est une très grosse inquiétude. Assainir les finances publiques est une nécessité mais est-ce la bonne méthode ? En diminuant ainsi les ressources, c’est la mise à mort des communes. Pour la taxe d’habitation, il est prévu de compenser mais pour combien de temps ? Même en serrant la ceinture, on ne pourra pas… On va augmenter quel impôt pour faire face ?

Agglo : « prendre le train en marche »

Propos recueillis par Nathalie Bot-Jaffray

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Marcel Sérandour, maire de Tréveneuc : « Redynamise­r le bourg était une nécessité pour donner envie de venir s’installer à Tréveneuc, notamment aux jeunes ».

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