Des médecins payés par la ville?
Cest envisagé à Saint-Quay-Portrieux
Salarier des médecins généralistes : est-ce un nouveau remède pour pallier la pénurie médicale redoutée dans les Côtes-d’Armor, à l’horizon 2025, avec 25 % de praticiens en moins ? La ville de Saint-Quay-Portrieux, son maire Thierry Simelière en tête, étudie de très très près cette option.
Une première sur le département
Peuplée de 3 000 habitants l’hiver, et quatre fois plus l’été, la station balnéaire n’est pas encore en déficit médical mais cela ne saurait tarder. Sur les trois médecins libéraux, aux consultations déjà surbookées, deux vont partir à la retraite dans les deux ou trois ans. Et il est à craindre de ne pas avoir de candidat à la reprise ou à l’installation pour un cabinet de ville. Les jeunes générations de médecins ne veulent plus, comme leurs aînés, travailler de façon isolée, avec la même cadence et des contraintes administratives grandissantes.
Pour prévenir plus que guérir, Saint-Quay-Portrieux réfléchit donc à leur proposer une autre formule : devenir salariés de la commune au sein d’un centre médical de santé municipal. Ce serait le premier sur le département et l’un des rares en Bretagne.
« Nous étudions la faisabilité financière, administrative et financière du projet », confirme Thierry Simelière qui, avec son équipe, devrait prendre une décision ferme dans les semaines à venir.
Depuis plusieurs mois, un petit groupe de travail planche sur le dossier, au contact des professions médicales et paramédicales de la commune. Et récemment, en réunion plénière, l’équipe municipale a donné son « feu vert » au maire pour qu’il avance dans la démarche. Lui ne croit pas à la création de maison médicale « comme aspirateur à médecins. Cherchons d’abord des généralistes, préconise-t-il. Et après, une maison pluridisciplinaire peut s’envisager ».
« Aux 35 h, sans garde »
Il s’agirait « de recruter deux médecins à temps plein, mais cela être plusieurs à temps partiel », avec une rémunération alignée sur celle des praticiens hospitaliers (4 000 à 5 000 € par mois), et une secrétaire médicale pour la gestion administrative des patients et des rendez-vous. Thierry Simelière estime cette proposition « aux 35 heures, sans garde » attrayante pour des généralistes qui souhaitent aujourd’hui privilégier qualité de vie et sécurité de l’emploi. Mais aussi se délester des charges administratives pour se consacrer à la médecine.
En contact étroit avec la Ferté-Bernard (Sarthe), devenue depuis l’ouverture de son centre en 2011 une référence nationale en la matière, Thierry Simelière sait que le nerf de la guerre reste financier.
Les recettes, issues du paiement des consultations encaissé par la commune, ne suffiront pas à payer les salaires des médecins et du secrétariat, l’informatisation et la téléphonie du cabinet municipal. « C’est bien pour cela que l’on prend le temps d’étudier la faisabilité du projet », insiste Thierry Simelière.
Aussi le maire va prochainement rencontrer l’Agence régionale de santé (ARS). Il espère un coup de pouce financier d’autant que le ministère de la Santé s’est engagé, cet automne, à accompagner les territoires innovants en la matière.
En parallèle, Thierry Simelière a commencé à prendre le pouls auprès de ses administrés. Jeudi 14 décembre, en clôture de sa réunion publique de mi-mandat, puis en conseil municipal le lendemain, il a évoqué le projet. « J’ai eu beaucoup de retours. Dans les conversations, je glisse que si je n’y arrive pas financièrement, je pourrais être contraint d’augmenter un peu les impôts. On me répond : « Personne ne vous en voudra pour ça. Tentezle coup ». » Réponse courant janvier pour savoir si Saint-QuayPortrieux se jette ou non à l’eau.