Matthias, 1er violon au conservatoire
À 17 ans, Matthias AlbériJoaüs-Le Berre illustre parfaitement la maxime de Juvénal « Un esprit sain dans un corps sain ». Élève de terminal S, ce futur étudiant en médecine pratique le basket (avec les seniors) à l’Élan Basket de Paimpol. Il est aussi, depuis cette année, premier violon dans l’orchestre symphonique du conservatoire de Saint-Brieuc.
L’Orchestre symphonique du conservatoire de Saint-Brieuc regroupe une quarantaine de musiciens de 12 à 60 ans et plus. Seuls les meilleurs y accèdent.
À 17 ans, cela fait déjà 13 ans (!) que, sous la houlette de sa professeure Diane Moreno-Henry, Matthias travaille ses gammes d’arrache-pied. Et s’il est aujourd’hui le « chef d’attaque » de l’orchestre, c’est-à-dire celui qui mène les quinze violons, et qui sert de base aux musiciens, tout ne s’est pas fait en un jour.
« C’est très délicat »
D’une voix posée, il explique : « Il faut environ dix à onze ans de pratique pour sortir quelque chose d’harmonieux d’un violon. Avant, c’est un instrument de torture pour le musicien comme pour ceux qui écoutent… Le violon, c’est très délicat. Cela se joue au millimètre. Mais quand on arrive à sortir quelque chose, quelle délivrance ! ».
Et pourtant, le violon n’était pas le premier choix de Matthias, ni même le deuxième. Avec une maman, Tiphaine Joaüs-Le Berre, professeure de musique, il était évident qu’il jouerait d’un instrument. Mais au départ Matthias avait choisi la harpe : « Le jour de l’inscription, le prof était absent. Alors, j’ai voulu m’inscrire en hautbois, mais le prof était occupé. J’ai donc pris violon. » Aujourd’hui, son plus jeune frère Raphaël (10 ans) suit ses traces…
Ce choix par défaut, Matthias ne le regrette pas une seconde : « Mon violon est de loin l’objet le plus précieux que je possède. C’est cette passion qui m’a fait m’accrocher. »
L’oreille d’or
Et le jeune home possède en plus le don le plus précieux pour un musicien, il a ce qu’on appelle « l’oreille d’or » ou « l’oreille absolue ». Il peut traduire tous les sons qu’il entend en note.
Toquant du doigt sur son bureau, il explique : « Là où la plupart des gens entendent « toc », moi j’entends un sol ». Il lui suffit d’entendre une oeuvre, un morceau, une ou deux fois pour être capable de le reproduire.
Ce don lui permet de mémoriser de nombreuses oeuvres instrumentales.
Mais comment vit un ado avec cette passion de la musique classique à l’époque de la techno ? « Au collège, j’étais le seul à écouter du classique. Au lycée, c’est un peu plus facile à partager, même si on est très peu. » Ce qui ne l’empêche pas de régaler ses copains en jouant tous les thèmes de séries comme Games of Thrones.
L’an prochain, Matthias se mettra en congé du conservatoire pour commencer des études de médecine à Rennes. « Cela me fera une petite pause, sourit-il. Mais la musique fera toujours partie de ma vie… »