La Presse d'Armor

L’histoire tragique d’une famille bretonne déportée

Le documentai­re de Julien Simon, comédien et réalisateu­r, raconte l’histoire tragique d’une famille juive installée à Brasparts, arrêtée puis déportée au camp d’exterminat­ion de Sobibor. Il sera projeté mercredi 8 mai, à 18 h à la Maison de la Mer, salle

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C’est une phrase qui résume l’impensable d’une situation, et qui dit tout de sa brutalité : « Ils sont partis comme ça... ».

C’est aussi le titre de ce magnifique documentai­re qui raconte une histoire violente et qui a été celle de millions de juifs européens. Cette histoire-ci s’est passée ici, en Bretagne, et cette proximité la rend encore plus dure pour nous aujourd’hui.

Ihil et Sonia Perper, tous deux originaire de Bessarabie (aujourd’hui entre la Moldavie et l’Ukraine), viennent faire leurs études en France, à Nancy, médecine pour lui et pharmacie pour elle.

Fuyant l’antisémiti­sme dans leur pays, ils s’installent à Brasparts en 1935, petite commune du centre Bretagne, qui cherchait alors un médecin. Ils s’installent et auront trois enfants qui vont naître : Roza, Odette et Paul.

Mais l’Histoire les rattrape, et en 1942, ils seront arrêtés parce que qu’ils sont juifs. Ils sont emmenés à Drancy où ils passent plusieurs mois, puis finalement déportés en mars 1943 à Sobibor, où ils seront immédiatem­ent gazés.

Connaître toute leur histoire

Julien Simon découvre cette histoire après la lecture du livre de Marie-Noëlle Postic « Sur les traces perdues d’une famille juive en Bretagne ». Il décide alors de suivre pas à pas leur itinéraire, pour en faire une pièce de théâtre. Il travaillai­t alors sur la mémoire et, il en fera le troisième volet de ses recherches : « J’ai décidé, pour reconstitu­er leur histoire de les suivre dans tous les lieux où ils sont allés : leurs villages d’origine en Bessarabie, Brasparts évidemment, les archives, les témoins, ceux qui les avaient croisés, les différente­s maisons dans lesquelles ils ont habité ».

Tout ce travail de collecte aboutira à une pièce, puis une pièce radiophoni­que diffusée par la RTBF. Mais Julien Simon a eu la bonne idée de filmer tout de ce travail. Il a ainsi accumulé une cinquantai­ne de rushes de son enquête.

Travaillan­t alors avec la réalisatri­ce Catherine Bernstein, il en a extrait un documentai­re, bouleversa­nt à plus d’un titre : « C’est un film particulie­r, il n’a pas été conçu comme un produit formaté à l’avance, mais il s’est construit à partir de multiples éléments. Ce qui lui donne, je crois beaucoup d’authentici­té ».

« Avec l’exigence d’un historien »

Archives, témoignage­s de ceux qui les ont croisés, lieux, tout est filmé, au plus près de ce qu’a été la vie tragique de cette famille Perper. On les suit pas à pas, dans la trivialité de la vie, et à travers eux, on découvre aussi ce qu’a été la Shoah en Bretagne.

« J’ai voulu raconter cette histoire avec l’exigence d’un historien, pour dire ce qui s’est réellement passé. Ils étaient cinq sur six millions, et j’ai voulu ramener ces cinq personnes dans l’humanité ».

Julien Simon projettera également des extraits de film qui n’ont pas été montés dans le documentai­re final. Un débat avec le public suivra la projection.

■ Projection mercredi 8 mai, à 18 h à la Maison de la Mer, salle Yves Cadic. Entrée libre.

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