En Bretagne, la patate a d’abord nourri les cochons
À Paimpol et Tréguier, l’association Océanide animera une conférence sur l’histoire de la pomme de terre en Bretagne les 10 et 13 mai. Un préambule à la fête de la Duke, pomme de terre prim’ du Trégor-Goëlo, prévue à Pleubian le 19 mai.
En amont de la fête de la Duke, qui se déroulera dans le cadre de la « Fête de la Bretagne », le 19 mai à Port Béni en Pleubian, l’association Océanide propose deux conférences, en partenariat avec l’association La Duke, sur l’histoire de la culture de la pomme de terre en Bretagne.
Les conférences se dérouleront le vendredi 10 mai, à la Maison des Plaisanciers de Paimpol et le lundi 13 mai, à la salle des fêtes de Tréguier. Elles seront animées par Jacqueline Gibson, présidente de l’association Océanide.
Et patati et patata
Les Bretons ont longtemps rechigné à consommer les pommes de terre, ils les cultivaient uniquement pour nourrir le bétail et les porcs et il fallut vaincre pas mal de préjugés pour qu’elles soient acceptées en tant qu’aliment de base.
Et c’est par Belle-Île, semblet-il, que la pomme de terre s’est frayée un chemin en Bretagne. Les îles sont souvent des terres d’accueil pour les réfugiés et Belle-Île en est un exemple : dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, elle a accueilli des Acadiens chassés de leurs terres par les colons anglais, et une centaine d’années plus tard, des réfugiés irlandais fuyant la famine et la colonisation britannique. Des Anglais y étaient aussi établis.
Chaque groupe arrive avec ses semences et, une fois que le rendement dépasse la consommation familiale, le surplus passe à l’exportation vers la Bretagne continentale.
Une affaire d’État
L’adoption de la pomme de terre comme nourriture quotidienne est d’abord une affaire d’État : le roi Louis XVI croit ferme qu’elle est la solution au problème des famines endémiques. Il soutient ainsi Antoine Parmentier, apothicaire aux armées, ancien prisonnier des Prussiens qui l’avaient nourri de bouillie de pommes de terre pendant sa captivité. Lui aussi voit dans ce tubercule la fin des calamités apportées par les disettes et famines.
Mais ce sont les guerres napoléoniennes qui viendront à bout des réticences des Bretons grâce au brassage des populations et à la prise de conscience de l’avantage indéniable que représente un produit à fort rendement, peu exigeant sur les conditions climatiques et géologiques.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la pomme de terre tient enfin un rôle de premier plan dans l’alimentation sur la Région. Les autorités religieuses et civiles bretonnes ont joué un rôle considérable dans cette évolution.
Une mention spéciale est due à Yann ar Gwen, chanteur aveugle de Plouguiel, qui à travers plusieurs chansons de sa composition, se fit le chantre de la pomme de terre dans le Trégor littoral du début du XIXe siècle.
Une fois intégrée dans les habitudes alimentaires, les Bretons se mirent aussi à la cultiver en vue de l’exporter et, juste retour des choses, c’est vers l’Angleterre que la plus grande partie des exportations se firent.
Rapportée de Jersey
D’environ 180 tonneaux en 1871, les quantités exportées du seul port de Lannion passent à 3074 tonneaux en 1882. En 1896, ce sont plus de 25 000 tonnes qui quittent ce port pour l’Angleterre. Ces exportations continueront jusqu’en 1930.
Quant à la Duke, variété de pommes de terre primeurs, « témoin de la richesse agronomique de notre terroir », elle a été rapportée dans le Trégor-Goëlo au XIXe siècle par des travailleurs bretons qui faisaient les saisons sur l’île de Jersey.
■ Conférences vendredi 10 mai à 17h30 à Paimpol, Maison des Plaisanciers, Quai neuf, (1er étage) et le lundi 13 mai à Tréguier, à 17h30 à la salle des fêtes. Entrée libre.