Reprise des missions et pétition en ligne
Mardi 30 avril, les présidents des stations SNSM de Loguivy-de-la-Mer et de Pleubian, Toussaint Le Calvez et Hervé Goix, ont annoncé la fin de la « mise en retrait » des sauveteurs de Loguivy. Mais une pétition est en ligne pour le soutien des bénévoles.
Pendant un mois, la station SNSM de Loguivy a exercé son « droit de retrait » (lire Presse d’Armor du 10 et 17 avril). Durant cette période, ce sont les sauveteurs pleubiannais qui ont pris le relai pour les interventions qui étaient dans leurs cordes : « Nous disposons, souligne Hervé Goix, d’un semi-rigide, le Commandant-Guilcher, qui nous permet d’être très réactif dans notre zone d’intervention mais nous n’avons pas les mêmes capacités de sauvetage. Les liens entre les deux stations sont excellents. Même si nous n’avons ni les mêmes » bobologies « ni les mêmes problèmes. »
« Notre point commun, vouloir sauver des vies »
Ce qui relie tous ces hommes et ces femmes, c’est avant tout le sens du bénévolat : « Notre seul point commun à tous, insiste le Pleubiannais, est de vouloir sauver des vies. Le bénévolat en mer, c’est la conscience de chacun, son choix personnel. Rien ne doit pouvoir le mettre en cause. »
En filigrane, le drame du chalutier « Breiz » (trois noyés), la mise en examen et le procès de Philippe Capdeville, président et patron de la station SNSM de Ouistreham. Des événements qui provoquent une colère et une incompréhension telles qu’on peut affirmer que rien ne sera plus comme avant, pour les bénévoles de la SNSM et plus généralement pour le monde du sauvetage en mer. « Ce qu’on reproche à Philippe Capdeville, rappelle Toussaint Le Calvez, c’est d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. S’il avait voulu, il aurait pu faire le choix de ne pas intervenir, car chaque station intervient selon ses choix internes, ses moyens et ses bénévoles. A tous les niveaux, tout cela laissera des traces. »
Des mesures fortes attendues
Les sauveteurs se sentent abandonnés face à l’absurdité d’un procès où un homme risque une condamnation pour n’avoir pas réussi à sauver des vies. Aucune négligence ne lui est reprochée, aucune intentionnalité non plus : « Le procès, s’insurge Hervé Goix, a été mené uniquement à charge. Le procureur n’a pas saisi de juge d’instruction. »
Bien sûr, les membres des stations ont apprécié à leur juste valeur le soutien des élus qui se sont réunis à Loguivy à l’initiative du maire de Ploubazlanec, Richard Vibert. Ils savent également pouvoir compter sur l’appui du député Éric Bothorel, ancien bénévole de la station loguivienne, qui connaît donc bien la problématique.
Mais seules des mesures fortes de protection juridique les rassureront.
Une avancée
Une commission parlementaire a été lancée par le secrétaire d’Etat à la Mer, le Dinannais Hervé Berville qui a assuré que des mesures d’accompagnement juridique allaient être mises en place : « C’est une avancée, juge Hervé Goix. Mais ce n’est qu’une avancée… » Les deux présidents estiment que la question de la sécurisation n’est pas posée.
Outre le sentiment de ne pas être protégés, Toussaint Le Calvez et Hervé Goix évoquent le danger du problème du renouvellement des hommes et des femmes au coeur des stations : « Depuis la mise en garde à vue de notre collègue, 70 patrons professionnels ont posé sac à terre, temporairement ou pas. Or, ce sont les gens les plus compétents. » Et aussi ceux qui risquent le plus : « Ils risquent de perdre leur brevet et donc leur boulot », rappelle Susanne Bauer, patronne embarquée.
Pétition en ligne
Les bénévoles de la SNSM demandent un vrai statut juridique et une vraie protection. Malgré tout, les patrons de Loguivy-de-la-Mer ont décidé à la majorité de reprendre les gardes et les interventions : « Certains, précise Toussaint Le Calvez, ont décidé de ne pas reprendre, même si ça crée une frustration chez eux. Nous sommes des sauveteurs dans l’âme… »
La vigilance reste de mise et une pétition a été mise en ligne.
■ Pour soutenir la SNSM et le modèle de sauvetage en mer à la française, il suffit de la signer : https://www.change. org/protection_des_sauveteurs_embarques