Mieux comprendre la pédophilie
Aucune anomalie cérébrale n’a à ce jour été détectée avec certitude chez les pédophiles.
Selon le manuel de psychiatrie DSM-5, le trouble pédophilique se caractérise par la présence de fantasmes entraînant une excitation sexuelle intense et récurrente de pulsions sexuelles ou de comportements impliquant une activité sexuelle avec un enfant ou plusieurs enfants prépubères (généralement âgés de 13 ans ou moins). La prévalence de la pédophilie au sein de la population pourrait se situer autour de 1 %. Une étude prospective de près de 1 000 enfants néo-zélandais suivis depuis la naissance a mis en évidence une association signi- ficative entre la survenue d’un abus sexuel dans l’enfance et la fréquence, à l’âge de 18 ans, de troubles dépressifs majeurs, de troubles anxieux, de troubles des conduites, de toxicomanies et de comportements suicidaires (1). En France, la prise en charge des pédophiles apparaît souvent insuffisante. Même si des avancées ont été réalisées, notamment avec la loi du 17 juin 1998 instaurant le suivi socio-judiciaire et l’injonction de soins, et avec la création des centres ressources pour intervenants auprès des auteurs de violence sexuelle. Il est donc essentiel de mieux comprendre ce trouble afin d’améliorer sa prise en charge. Jusqu’à présent, qu’il s’agisse d’imagerie structurale (mettant en évidence des différences anatomiques) ou fonctionnelle (montrant des différences dans le fonctionnement du cerveau), les résultats d’une étude à l’autre sont très hétérogènes. Seule une diminution du volume de l’amygdale, impliquée dans la composante émotionnelle de l’excitation sexuelle, a été retrouvée chez les patients pédophiles par plusieurs études (2). Toutefois, rien ne permet au- jourd’hui d’affirmer avec certitude qu’une anomalie cérébrale anatomique ou fonctionnelle existe bien chez les personnes pédophiles. Leur responsabilité ne saurait donc être remise en cause. Mais si l’on parvenait à identifier avec certitude un réseau cérébral dysfonctionnel chez les pédophiles, on pourrait agir dessus par différents moyens comme la stimulation cérébrale transcrânienne.
(1) D. M. Fergusson et al., Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 35, 1365, 1996. (2) S. Mohnke et al., Prog. Neurobiol., 122 , 1, 2014.