QUAND LES HUMAINS SE CROISAIENT DANS LE SAHARA VERT
Pour la majorité des chercheurs, les variations du climat en Afrique ont eu un impact significatif sur l’histoire et le développement de notre espèce. À plusieurs reprises, la région du Sahara a connu des épisodes d’humidité au cours desquels le désert a cédé la place à des savanes quadrillées de rivières et de lacs, dont certains pouvaient être aussi grands que l’Allemagne actuelle. Des prairies, parcourues par des éléphants, des zèbres et tout un écosystème favorable aux anciens hominines, reliaient l’Afrique du Sud, le Maghreb et l’Afrique de l’Est. Un tel épisode aurait eu lieu entre 330 000 et 300 000 ans, au cours des millénaires précédant l’occupation de Jebel Irhoud par des Homo sapiens primitifs. La connexion des territoires africains pourrait avoir permis aux différentes populations humaines d’échanger rapidement des gènes et des innovations comportementales, conduisant à l’émergence progressive des traits propres à l’homme actuel. D’autres périodes humides se sont produites ultérieurement : à 240 000 ans, 130 000 ans, 90 000 ans ou encore 60000 ans (1). Le Sinaï et la péninsule arabiques étaient alors praticables pour les Homo sapiens, rendant possibles différentes sorties hors d’Afrique. Une étude du mois de juillet (2) laisse entendre que des représentants de notre espèce auraient pu très tôt, entre 470 000 et 220 000 ans, quitter le continent africain et entrer en contact avec les Néandertaliens. (1) A. Timmermann & T. Friedrich, Nature, doi:10.1038/nature19365, 2016. (2) C. Posth et al., Nature Communications, doi:10.1038/ncomms16046, 2017.