COMMENT DATER LES CORPS DIFFÉRENCIÉS
Pour dater la formation du noyau de fer des astéroïdes, les chercheurs utilisent deux isotopes : l’hafnium 182 et le tungstène 182. La moitié des atomes d’un échantillon d’hafnium se transforment en tungstène en 8,9 millions d’années. Or l’hafnium est lithophile : il se concentre dans les silicates formant les roches de surface. Le tungstène, lui, est sidérophile : il a tendance à migrer vers la phase riche en fer métallique (le noyau). Pendant la formation d’un corps différencié, l’hafnium a donc eu tendance à s’accumuler à l’intérieur du manteau en fusion et le tungstène à migrer vers le noyau à mesure de sa production. Mais quand le noyau se solidifie, le tungstène ne peut plus pénétrer le noyau. Dès lors, lorsque l’hafnium se désintègre en tungstène, ce dernier reste piégé à l’intérieur du manteau. En mesurant la proportion de tungstène dans le manteau ou dans le noyau, on peut donc dater précisément la formation du noyau. Grâce à cette technique, les cosmochimistes ont mis en évidence un scénario de formation des planètes plus tumultueux qu’on l’imaginait.