Max Tegmark
En 2014, Max Tegmark, professeur de physique au MIT, aux États-Unis, publie Notre Univers mathématique (Dunod). Ne rechignant pas aux réflexions hardies, il y défend l’idée que l’Univers n’est pas simplement décrit par les mathématiques, mais qu’il est lui-même un objet mathématique. Dans ce nouveau livre, où il analyse les façons dont l’intelligence artificielle (IA) va bouleverser l’humanité, on retrouve le même désir d’aller de l’avant en termes de spéculation. Le titre fait d’ailleurs référence à une possible troisième phase de l’histoire de la vie. La première – Life 1.0 – correspond aux 4 derniers milliards d’années, où les structures des organismes vivants (que l’auteur compare au hardware de l’informatique) et leurs comportements (le software ) étaient déterminés par la biologie. Les 100 000 dernières années, où s’est développée la capacité des humains à modifier leurs comportements par la culture, représentent la deuxième phase – Life 2.0. Dans la troisième – Life 3.0 –, qui ne saurait tarder selon l’auteur, les organismes vivants pourront aussi modifier leur hardware eux-mêmes, lorsque l’intelligence artificielle aura acquis son autonomie et développé le pouvoir de s’automodifier. À quoi cette puissance d’autotransformation va-t-elle aboutir ? Max Tegmark développe plusieurs scénarios où les humains cohabiteront avec des machines intelligentes, de façon plus ou moins harmonieuse, et conçoit des symbioses entre machines et organismes biologiques. Il envisage même que ces nouvelles formes de vie puissent se répandre dans l’Univers, au-delà de notre Galaxie. De fait, rien, ou presque, n’arrête des machines intelligentes qui s’autoperfectionnent ! Heureusement, le physicien qu’il est n’oublie jamais de distinguer les scénarios jugés très probables par les spécialistes de ceux qui ne sont vus que comme plausibles, voire très spéculatifs. Car son propos est de faire comprendre qu’il y a une urgence à réfléchir aux conséquences des développements de l’IA. Il estime en effet que, plus tôt on en évaluera les risques, plus vite on pourra en éviter les effets indésirables, voire catastrophiques. En ce sens, c’est un livre qui invite, ceux qui en ont peur autant que ceux qui sont passionnés par le sujet, à réfléchir aux éventuels dangers de l’IA. Cela paraît sage… Thomas Lepeltier, chercheur indépendant, Oxford Allen Lane, 384 p., £20.