La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)
Ils vont monter la première VILLIERS-SOUS-GREZ. houblonnière bio de Seine-et-Marne
Après une cagnotte Internet couronnée de succès, un brasseur et un agriculteur villarons vont mettre sur pied une houblonnière bio à Villiers-sous-Grez. But : favoriser les circuits courts, dynamiser le monde brassicole et mettre en valeur l’agro-écologie.
« En à peine 30 jours, nous avons réussi à récolter 4 920 € avec notre campagne de financement participatif alors que notre objectif initial était de 3 900 € ! Je ne pensais pas que nous aurions autant de succès, mais cet engouement témoigne de l’intérêt des gens pour notre projet ! » Miguel Garcia a le sourire. Ce brasseur de 35 ans, installé à Villiers-sous-Grez, a constitué en février dernier avec Philippe Aubin, un ami agriculteur cinquantenaire à Tousson et également Villaron, une association intitulée « Le Houblon Villaron ».
Un projet associatif
Le but : participer à la relocalisation du houblon, cette plante vivace et spectaculaire pouvant grimper jusqu’à 10 mètres de haut, ingrédient essentiel pour aromatiser et mieux conserver la bière, tout en lui donnant, selon son dosage, une certaine amertume. Une espèce herbacée qui a également des vertus sédatives et relaxantes, dont on se sert beaucoup dans les tisanes, mais dont les jeunes pousses de printemps peuvent être cuisinées comme des asperges.
Pour ce faire, les deux compères, soutenus par les 28 adhérents de l’association (brasseurs amateurs ou confirmés d’Île-deFrance, jardiniers, agriculteurs, techniciens, retraités, ou tout simplement curieux, de Villierssous-Grez et des villages alentour du Gâtinais) ont mis en place une cagnotte sur le site Internet MiiMOSA afin de récolter des fonds pour monter une houblonnière sur un terrain situé en périphérie de leur commune.
Passion
Et le montant engrangé dépasse toutes les espérances de Miguel et Philippe. Conducteur de travaux dans le BTP, Miguel exerce son activité de brasseur depuis octobre dernier et la création de La Brasserie Artisanale de Villiers-sous-Grez, sa microentreprise. Il compte d’ailleurs abandonner les chantiers pour vivre de sa passion.
« Je suis originaire de Douai, dans le Nord, racontet-il. J’ai grandi juste en face d’une brasserie, qui se trouvait à quelques pas de là où je jouais au foot. À côté du stade, ça sentait fort la Goudale, une bière blonde justement brassée à Douai. J’avais 10 ans, et pourtant, l’odeur du houblon m’a rapidement enivré. C’est de là que remonte mon envie de monter ma propre brasserie artisanale et bio afin de me rapprocher de ce monde proche de la terre et de la nature, qui colle à ma façon de vivre. Pour le moment, la mienne rencontre un bon petit succès, grâce au bouche-àoreille et aux réseaux sociaux. Même si je ne produis qu’en petite quantité, à savoir 150 à 200 litres de bière par mois, il va bientôt m’être possible de passer à l’étape supérieure, soit 2 500 à 3 000 litres, à force de persévérance. Il y a un vrai créneau à prendre en Seine-et-Marne, où la tradition brassicole n’est pas encore très ancrée. »
Miguel prépare et propose à la vente cinq types de bière. Il y a l’Or, une blonde aux parfums d’agrume, mais également l’Ambre, une ambrée avec ses touches de mangue et d’abricot, et aussi l’Onyx, une noire aux notes de café et de cacao. L’Opale, une blanche teintée de gingembre et enfin l’Émeraude, une cuvée spéciale avec un houblonnage très intense. Toutes sont artisanales, non filtrées et élaborées avec des matières premières issues de l’agriculture biologique.
Et le bio, c’est en grande partie ce qui a motivé Miguel et Philippe pour la création de cette houblonnière, qui accueillera 200 plants de différentes variétés qui pousseront jusqu’à huit mètres de haut sur 1 000 m2, dans un premier temps, dans un petit champ à Villiers-sous-Grez.
La cagnotte permettra d’acheter la structure porteuse ( poteaux en bois résistants, câbles, fixations), les plants de houblon, ainsi que du matériel et des engins. Structure qui sera montée cet été, avant une plantation au mois d’octobre pro- chain pour une récolte prévue en septembre 2018.
« Le but, c’est de faire le plus de local possible et d’en faire profiter le monde brassicole, explique Miguel. La France ne produit pas assez de houblon, d’autant plus que 80 % de ce qui est produit chez nous part aux USA, alors que la demande est forte sur le sol français. Personnellement, cette houblonnière bio me permettra d’avoir des matières premières très proches, que je vais pouvoir racheter à l’association pour fabriquer mes bières. »
Et d’ajouter : « Avoir une houblonnière bio va permettre de dynamiser le secteur et susciter des vocations, notamment chez les jeunes qui voudraient se lancer dans l’agriculture ou la fabrication de bières. On sensibiliserait les enfants à l’environnement, et l’on pourrait également activer des animations, avec une fête autour de la récolte du houblon, un marché, des démonstrations… Le champ des possibles est infini ! »
« Moi, ce qui m’a attiré dans ce projet, c’est l’idée de faire un truc qui ne se fait pas » , emboîte Philippe, véritable touche-à-tout qui a, comme Miguel, un double emploi : éducateur spécialisé auprès d’enfants handicapés comme métier principal, et donc agriculteur à temps partiel à Tousson.
« Je fais déjà du chanvre, une culture un peu récente dans le coin, poursuit-il. Notre projet est participatif et collaboratif. Des gens de notre commune mais aussi des villages voisins en font partie. Là, on fait les choses en vrai, on est dedans, avec des impératifs et des rendez-vous qui vont bien nous occuper et qu’il ne faudra pas manquer. Il va falloir planter des poteaux, arroser tel jour, être présent pour récolter le houblon quand il sera à maturité… Et ça, ça me plaît ! »
« Le champ des possibles est infini »